Homélie
13ème dimanche C
Il y a comme ça des mots magiques qui
mobilisent les énergies et parfois nous font tourner la tête. « Liberté »
est de ceux là. Que ne ferait-on pas pour être libre ou du moins se sentir
libre ? Les ados en rêvent, les jeunes le réclament, les politiciens le
promettent, les foules l’exigent. Même les guerres sont souvent menées au nom de la liberté. On vit pour être
libre, on meurt pour la liberté.
C’est peu dire qu’il y a plusieurs
compréhensions du mot liberté. Jusqu’à la confusion, jusqu’à la contradiction.
« Je suis libre de faire ce que je veux. »
Mais t’es-tu demandé si ce que tu veux est un bien, pour toi et pour les
autres ?
« Ce que je fais ne regarde que
moi-même. » Mais es-tu prêt à assumer toutes les conséquences de ce
que tu fais ? Car il n’y a pas de liberté vraiment humaine sans la
responsabilité qui en découle.
Quand tu te prétends libre, à qui obéis-tu
finalement ? A ta conscience éclairée ou à tes instincts en folie ?
Et puis, ta liberté ne s’arrête-t-elle pas là où
commence celle des autres, si tu veux vivre dans une société qui ne soit pas la
collection des égoïsmes mais la communion des respects ?
« Liberté. Que de crimes on commet en ton
nom ! », disait Madame Roland avant de monter à l’échafaud le 8
novembre 1793.
Et puis tout à coup, dans ce contexte, voici
que retentit une parole. « Si le Christ nous a libérés, c’est pour que
nous soyons vraiment libres. Alors tenez bon, et ne reprenez pas les chaînes de
votre ancien esclavage. »
Quand l’apôtre Paul écrivait cela aux Galates,
il se situait dans un contexte religieux. A ces nouveaux chrétiens, il
demandait de veiller jalousement sur leur jeune liberté, celle qu’ils avaient
acquise en se libérant des innombrables traditions de la loi juive, et aussi
celle qui leur permettait dorénavant de ne pas céder aux tentations de
redevenir des païens en menant une vie d’esclavage sous toutes ses formes.
Est-ce que nous n’en sommes pas là, nous aussi,
aujourd’hui ? Sans doute, les 613 prescriptions de la loi juive ne nous
dérangent plus beaucoup. Par contre, ne sommes-nous pas sous l’emprise d’un
néo-paganisme qui suinte partout et parvient souvent à polluer notre conscience
et notre cœur ? Ne sommes-nous les victimes consentantes –quand ce ne sont
pas les complices- de tous ces slogans matérialistes et égoïstes qui veulent
nous faire croire que le bonheur humain consiste à se jeter à corps perdu dans
l’avoir, le paraître, le jouir et le pouvoir débridés ?
Alors saint Paul vient à notre secours en nous
redisant : « Vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette
liberté ne soit pas un prétexte pour satisfaire votre égoïsme. »
Je sais qu’un tel discours n’est pas très
populaire. Revoilà la morale. On sait bien que la religion chrétienne est
ennemie des plaisirs et que l’Eglise ne perd pas une occasion pour nous
culpabiliser en contrariant nos petits et nos grands bonheurs.
Du calme, citoyens. Quand on considère notre
monde, n’est-il pas évident que les grands malheurs –et non pas les bonheurs-
sont engendrés par tout ce qui est contraire à l’évangile prôné par le
Christ ? Sommes-nous malheureux par déficit ou par excès d’éthique ?
Les violences, les injustices, les manques de respect, les exclusions :
toutes attitudes qui font tant de malheureux et réduisent en
esclavage : ce n’est pas le Christ qui les promeut, mais bel et bien les
puissances mondaines qui crucifient encore tant d’êtres humains, à commencer
par les plus faibles et les plus innocents.
La
liberté est une lutte de libération jamais achevée. Dans ce combat, le Christ
est notre inspirateur et notre moteur
intérieur. C’est pourquoi l’apôtre Paul nous invite instamment à « vivre
sous la conduite de l’Esprit de Dieu sans céder aux tendances égoïstes de la
chair », à savoir notre propension à oublier Dieu pour nous adorer et nous
servir nous-mêmes.
Il y a deux manières de vérifier si nous
marchons sur le chemin de la vraie liberté dans toutes nos actions, et nous savons que ça
commence par nos pensées, nos désirs et nos imaginations :
* Prier l’Esprit de nous éclairer, de nous
fortifier, de nous encourager à toujours faire le bien. Car sans les lumières
et les énergies de l’Esprit, reconnaissons-le, nous n’y arrivons pas.
L’été est par excellence un temps de liberté.
La nature nous y invite, les vacances nous en donnent l’opportunité. Nous
voulons quitter certaines chaînes quotidiennes et jouir d’une plus grande
liberté, pour le corps, le cœur et l’esprit. Tant mieux.
Mais une petite vérification s’impose pour ne
pas rater la cible et se laisser tromper sur la marchandise.
* Prier l’Esprit avant nos choix, continuer à
le prier durant leur réalisation, afin que nous maintenions le cap du vrai
bonheur, pour nous et pour les autres, en toutes circonstances.
* Et nous poser cette question : est-ce
bien l’amour –généreux, gratuit- qui me motive et me guide ?
Après quoi, soyez libres et soyez heureux.
Je vous souhaite de bonnes vacances.
Claude
Ducarroz
* Et puis tout vérifier à l’aune de l’amour.
Car l’apôtre nous le rappelle : « Mettez-vous, par amour, au service
les uns des autres. Car toute la loi atteint sa perfection dans ce
commandement-là : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » C’est
seulement quand nous aimons que nous sommes sûrs d’être en plein dans le mille
de l’Evangile, d’être vraiment libres.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire