A l’écoute de Vatican
II
La Révélation
Le 18 novembre 1965, par 2344 oui et 6 non, les
Pères du Concile Vatican II ont adopté la constitution dogmatique Dei Verbum
sur la Révélation.
Sa genèse et sa
maturation furent particulièrement laborieuses.
A la suite des Réformes protestantes du 16ème
siècle, qui insistèrent sur l’autorité éminente voire exclusive de la Bible
(sola scriptura), l’Eglise catholique a vécu dans une ambiance de prudence,
voire de méfiance à l’égard de la Bible. Certes, la Bible a toujours été lue
dans la liturgie -mais en latin !-,
elle a toujours servi de référence chez le magistère et parmi les théologiens.
Mais elle fut déconseillée pour « le peuple de la base », et
même parfois interdite. On craignait des déviations ou des erreurs qui pussent
être fatales à la foi et à la communion de l’Eglise.
C’est dire que, sur ce point, l’Eglise
catholique revient de loin. Heureusement, bien avant le Concile, des exégètes,
des théologiens et des historiens courageux se sont remis à explorer plus à
fond les Saintes Ecritures, non sans subir parfois les mises en garde et les
remontrances des autorités ecclésiastiques. Citons entre autres le Père
Lagrange, qui sera peut-être bientôt béatifié.
Ces prophètes
préparaient le Concile sans le savoir.
La Constitution Dei Verbum, en citant d’abord I
Jn 1,2-3 situe aussitôt la révélation divine dans un contexte d’amour. Amour de
Dieu pour nous et invitation à la communion d’amour et de joie entre les
croyants. Voir aussi Ex 33,11 et Jn 15,14-15. Nos 1 et 2.
Cette révélation a
connu des étapes.
* La création est elle-même une révélation de
la puissance, de la beauté et de l’intelligence de Dieu offertes à notre
contemplation et à notre étude rationnelle. Cf. Rm 1,19-20. No 3.
* Dans les diverses religions, nous trouvons
aussi des semences de la vérité divine qui nous disent quelque chose du mystère
de Dieu. Le Concile en parle surtout dans le document Ad gentes sur l’activité
missionnaire no 11 et 15 et dans Gaudium et Spes no 3.
* Le peuple d’Israël a été le principal
dépositaire de la révélation divine, depuis Abraham en passant par Moïse, les
prophètes et les poètes des psaumes. C’est l’Ancien Testament, indispensable
pour connaître le sens de l’entière révélation divine et son accomplissement en
Jésus.
* Car c’est lui, le Christ, comme le rappelle
l’épître aux Hébreux en 1,1-3 qui est à
la fois le médiateur et la plénitude de la divine révélation, le révélant et le
révélé, par sa vie, sa mort et sa résurrection, sans oublier le don de
l’Esprit.
* En s’appuyant sur les paroles et les actes de
Jésus, les apôtres et écrivains du Nouveau Testament nous ont transmis -la Tradition- leur témoignage sur leurs
expériences avec le Christ, en les fixant par écrit pour l’essentiel. Leurs
Ecritures constituent des références fondatrices pour la vie de l’Eglise et des
croyants.
Cette Eglise est la réceptrice et aussi la
transmetteuse de ce trésor de vérité et d’amour. Elle le fait dans sa
prédication, dans son culte et dans sa vie, en rappelant ce qu’il faut croire et
faire pour notre salut. Dans l’Eglise, tout est placé sous la Parole de Dieu,
selon les Ecritures et avec l’assistance du Saint Esprit.
Cet Esprit est à
l’œuvre :
-
dans le peuple des croyants qui
accueillent, vivent et expriment l’Evangile (sensus fidelium) -Lumen gentium no
12, et notamment par les laïcs – Lumen gentium no 35.
-
dans le service du magistère dont le
Concile rappelle qu’il n’est pas au dessus de la Parole de Dieu mais à son
service, quand il conserve, met en valeur et interprète le message biblique. No
10.
-
Dans les charismes des théologiens,
exégètes et autres spécialistes qui nous aident à mieux connaître, interpréter
et vivre les richesses de la Parole biblique.
Comment faire avec la
Parole de Dieu telle qu’elle nous est transmise par la Bible ?
* Nous devons d’abord croire que Dieu a parlé
jadis et qu’il nous parle encore aujourd’hui. C’est la foi.
* Nous devons demander les grâces du Saint
Esprit dans la prière pour pénétrer les saints mystères à la fois cachés et
révélés dans les Ecritures. No 25
* Nous devons continuellement puiser en elles,
personnellement et aussi en communauté, les trésors de vérité et d’amour qui
nous aident en vivre en enfants de Dieu-Père.
Quelques points
d’attention
* Ces textes, même s’ils sont sacrés, sont aussi
des textes écrits par des humains. Nos 12 et 13. En conséquence il faut les aborder dans leur
contexte personnel, communautaire et historique. Les sciences humaines sont là
pour nous y aider. Il faut aussi les prendre au sérieux.
* A travers ces textes situés dans leur
environnement, Dieu continue de nous dire quelque chose d’important sur lui-même
et sur nous, sur le mystère trinitaire et sur notre propre mystère. C’est ce
qu’il faut essayer de décrypter, parfois entre les lignes.
* Finalement, chacun doit se poser la
question : qu’est-ce que Dieu me dit à moi personnellement, à nous
communautairement, aujourd’hui ? D’où l’importance de la méditation
personnelle, mais aussi du partage communautaire et de la liturgie. No 21
Recommandations
Ne pas oublier
d’honorer aussi l’Ancien Testament. No 15
L’eucharistie et la Parole de Dieu dans les
Ecritures sont les deux côtés d’une même table sur laquelle Dieu offre le pain
de vie à ses fidèles. Il faut les vénérer pareillement. No 21
Il faut continuer de rendre l’accès des Ecritures
largement ouvert à tous les chrétiens. No 22
Les études bibliques entre chrétiens des
Eglises encore séparées sont vivement recommandées. No 22
Une prière
« Que par la lecture et l’étude des Livres
saints « la parole de Dieu accomplisse sa course et soit glorifiée »
(2 Th. 3,1) et que le trésor de la Révélation confié à l’Eglise comble de plus
en plus le cœur des hommes. » No 26.
Claude
Ducarroz
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire