Le couple…le
mariage…la famille :
un si beau mystère !
Ou comment devenir
ou redevenir chrétien par le mariage
« Ce
mystère est grand ! » Ep 5,32
I. Avant toute chose
Quel est mon regard profond sur ces réalités
humaines appelées à être « baptisées » dans un nouveau sacrement ?
Ai-je prié pour ceux et celles que je vais
rencontrer ?
Comment ai-je imaginé mon accueil, notre
dialogue ?
II. Un trésor à redécouvrir
ensemble dans les épines
A . Trouver ou retrouver de la profondeur dans le
projet humain de l’amour, du couple, du mariage, de la famille.
Les fiancés qui nous arrivent ont déjà parcouru
un certain chemin de réflexions et de dialogues : se marier ou pas ?
uniquement « au civil » ou « à l’église » aussi ?
Ils sont riches de rencontres, de promesses,
d’espoirs, de crises parfois, le tout plus ou moins influencé par les courants
de société qui situent cette aventure le plus souvent à des niveaux « à seuil bas ».
Il faut donc leur donner l’occasion de repérer
et de se dire le sérieux, l’important et même le grave que contient leur projet
en forme de défi, surtout dans le contexte actuel. On peut les aider à (re)découvrir
de nouvelles dimensions, comme par exemple la confiance réciproque, la qualité
de la relation, la fidélité promise et sauvegardée, la difficile gestion des
conflits, le soutien dans les épreuves, la persévérance dans le dialogue, la
responsabilité parentale, le défi de la durée, l’ouverture sur l’extérieur,
etc…
Est-on sûr qu’ils ont déjà pensé à tout cela,
sérieusement ?
B. Quelqu’un est intéressé à tout cela. Il
souhaite en être le partenaire, le soutien, le complice, si l’on veut bien
l’inviter à l’aventure.
C’est le Dieu de l’alliance tel qu’il s’est
révélé dans la Bible, tel qu’il s’est manifesté en Jésus-Christ et tel que
l’Eglise nous permet de le rencontrer encore de nos jours à travers le
sacrement de mariage et ses conséquences.
1. La dignité de chaque personne et la beauté
du couple : Gn 1,27-28 Que signifie « être créé à l’image et
ressemblance de Dieu », comme personne, comme couple, comme famille ?
Il y a du « trinitaire » là-dedans !
2. Dieu
aime tout ce qui fait alliance dans l’amour. Donc aussi le mariage. Découvrir
les paraboles conjugales et familiales par lesquelles Dieu se présente à son
peuple. Par exemple : Os 2,20-21 et d’autres aussi. On entre dans un
« esprit de famille » avec Dieu.
3. Quand
Dieu vient à notre rencontre dans le Christ Jésus, il passe par une humble expérience
familiale : la signification de Nazareth pour les couples et les familles
d’aujourd’hui. On est quelque part de cette famille par le baptême.
4. On ne
peut pas vivre la famille en cercle
fermé. Jésus lui-même a élargi son expérience dans de nouvelles relations (Cf.
Mt 12,48-49), d’où l’importance de l’insertion dans la société (Cf. le mariage
civil) et la nécessité de « faire
Eglise », pas seulement pour une belle célébration, mais pour
continuer la route dans une communauté à la fois solidaire et porteuse. L’Eglise
donne beaucoup aux couples et familles, mais aussi elle est en droit d’attendre
quelque chose d’eux pour exister et rayonner.
5. Durant
le voyage familial, à la fois merveilleux et risqué, l’Eglise nous offre
notamment un autre sacrement d’alliance : l’eucharistie. Faire découvrir
les harmoniques communes entre ces deux rencontres d’amour dans un certain
« corps à corps » qui nourrit les participants, établit ou rétablit
la communion. Rien n’est plus serviteur de la famille que l’eucharistie en
famille.
6. L’expérience
humaine déjà accumulée et plus encore celle qui adviendra prouvent que la vie
avance au rythme de la pâque (croix et résurrection). Que ferions-nous, que
serions-nous si nous ne parvenions pas à rebondir à partir des surprises, des
défis, des épreuves ? Le mystère pascal de Jésus s’applique aussi à la vie
conjugale et familiale, et le Christ demeure avec nous pour l’expérimenter au
quotidien. Telle est la vie spirituelle en couple et en famille, y compris la
prière, le pardon, le recours à la parole de Dieu comme lumière sur le chemin.
7. Un
cadeau inédit: la révélation chrétienne ouvre des perspectives inouïes à
l’expérience de l’amour humain, même dans ses côtés banals. Il y a une semence
d’éternité au cœur de tout amour vrai. La traversée de la vie en régime
amoureux nous conduit vers la vie éternelle qui sera le partage du bonheur dans
la gloire du Dieu-Amour. Ce que tous les amoureux souhaitent et parfois
pressentent sans pouvoir se le donner, Dieu le leur donne en toute fidélité à
ses promesses. La vie en amour dans ce monde est seulement l’apéritif savoureux
du banquet éternel où nous nous retrouverons tous à la table de Dieu. Car
l’amour est plus fort que la mort, il ne passera jamais.
Il me semble que l’on
peut dire cela, pas à pas, car la perspective est infiniment positive. La
morale chrétienne de l’amour, du couple et de la famille peut ensuite être
abordée, mais après la révélation des beautés et des valeurs d’une certaine
« mystique de l’amour humain », qui donne envie d’être vécue, situe
plus exactement les exigences qui en découlent, dédouanent l’Eglise de son
carcan moralisateur et fait connaître surtout un Dieu qui nous aime et aide à
nous aimer un peu mieux comme lui.
J’ai conscience que,
pour certains, il y aura des seuils à franchir, des effets d’annonce
(évangélisation), des surprises qui ne seront pas immédiatement intégrées.
C. La liturgie du mariage est
évangélisatrice
Il faut souvent écouter les fiancés pour solder
parfois un passé un peu lourd dans les
relations avec l’Eglise, la liturgie, la catéchèse et singulièrement les
prêtres.
Le choix des textes et des signes offre de
belles possibilités d’évangélisation en terrain disponible et même favorable.
Car la préparation
liturgique est un moment important pour reprendre le « mystère » en
le symbolisant, en le ritualisant, en l’expliquant dans une célébration qui
soit à la fois pleinement ecclésiale mais aussi adaptée à la situation réelle
des fiancés. Equilibre délicat à trouver. Ne pas banaliser pour complaire, mais
ne pas non plus en rajouter jusqu’à la nausée !
III. Et après ?
Le sacrement est une grâce à accueillir dans la
sincérité, mais aussi un cadeau signé
d’une certaine gratuité. Il ne faut pas en faire une stratégie de
ré-évangélisation avec obligation de rendement.
Mais on peut présenter les opportunités qui
permettront à ce sacrement de « porter des fruits, et des fruits qui
demeurent ». Jn 15,16. Des fruits qui auront d’autant plus de chance
d’être savoureux si l’évènement du mariage a été vécu en toute fraternité
sympathique.
Il y a des
propositions standards :
-
le baptême, sa préparation, sa
célébration
-
l’éveil à la foi
-
la catéchèse familiale et toute la
catéchèse
-
etc…
Il y a des services
particuliers :
-
les mouvements de spiritualité
conjugale et familiale
-
les divers « catéchuménats »
pour adultes
-
les services d’accompagnement pour
couples en difficultés
-
etc…
Il y a des évènements
à provoquer
-
autour de Noël
-
la Saint Valentin
-
la fête des baptisés
-
la fête des familles
-
une lettre ou une visite lors des
naissances
-
etc…
Sans oublier la vie
ordinaire de la communauté chrétienne :
Quelle place pour les familles et les enfants
dans nos célébrations ?
Pourquoi pas une « garderie
liturgique » ?
Et la place des divorcés remariés ?
Quel soutien aux familles disloquées,
monoparentales ?
Quelques idées pour un dialogue de préparation
au mariage
A. On
s’aime !
Vous avez commencé une fréquentation. Vous avez
parcouru un chemin de dialogue. Vous vous êtes reliés et liés par amour.
Comment qualifiez-vous
actuellement cette aventure humaine ? Qu’avez-vous découvert de nouveau,
de plus profond, en et sur vous-même, en et sur l’autre ? Qu’est-ce qui
vous paraît le plus important, le plus solide
dans votre relation ? Qu’est-ce qui a de l’avenir, étant donné les
aléas de la vie ?
Qu’avez-vous prévu
pour consolider, pérenniser cette relation ? Et pour la réparer,
si… ?
Comment définiriez-vous
« le meilleur » de vous-même, de l’autre ? Y a-t-il au cœur de
votre expérience un certain « mystère des profondeurs » qui vous
attire, qui vous inquiète, qui vous rassure, qui vous invite à aller de
l’avant ? Quoi ?
B. On
se marie !
Vous avez décidé de vous marier. C’est un pas
de plus, assez nouveau et même original, par les temps qui courent.
Qu’est-ce qui motive
votre décision ? Quel cheminement pour en arriver là ? Quels changements
attendez-vous de cette nouvelle situation ? Quelle différence entre
l’avant et l’après ?
Comment les autres,
vos familles, la société sont-ils impliqués dans ce choix ?
Qu’attendez-vous de
ces autres partenaires ? Qu’êtes-vous prêts à leur donner, à leur
apporter ?
C. On
se marie…à l’église !
Pourquoi ce « plus religieux »?
Une évidence ? Une tradition ? Une décision difficile à
prendre ?
Quel lien avec la foi,
une foi, votre foi ?
Qu’est-ce qui, dans
votre foi telle qu’elle est actuellement, vous a aidés à vous décider en ce
sens ? Quels obstacles éventuellement ? Comment diriez-vous les
raisons de votre choix à des personnes qui vous interrogeraient, qui vous
remettraient en question ?
D’après vous,
qu’est-ce que Dieu, le Christ, l’Evangile ont à faire dans votre amour, dans
votre mariage, dans la vie de votre famille ? Quels points de
rencontre ? Quels points de difficultés ou de contradictions ?
Pensez-vous que la
parole de Dieu, les sacrements -et surtout l’eucharistie-, la prière aient un
rôle à jouer dans votre aventure de « mariés à l’église », de parents
chrétiens ? Quel rôle ? Comment le concrétiser ?
Et l’Eglise ?
Qu’est-ce l’Eglise concrètement pour vous ? Actuellement ? Dans
l’avenir ? Les points de communion, de frottements, de contestation, de
rupture ? Pourquoi ? Comment souhaitez-vous en parler ?
Maintenant ou plus tard ?
Comment voyez-vous à
l’avenir votre place dans la vie de l’Eglise ? Dans la paroisse ? En
marge de la paroisse ? Dans des associations ?
Comment voyez-vous la
place du prêtre en relation avec votre vie de couple et de famille ? Et la
place des autres mariés chrétiens ?
D. Et
maintenant la liturgie.
Qu’avez-vous
choisi : avec ou sans l’eucharistie ? Pourquoi ?
Quel dialogue
avez-vous eu à propos du choix des textes ? Pourquoi tels textes ?
Pourquoi tels gestes ? Que voulez-vous dire aux autres à travers vos choix
liturgiques ? Avez-vous envisagé le sacrement de la réconciliation ?
pourquoi ?
6
octobre 2013
Claude Ducarroz
Note et guide pour une
journée de formation dans le diocèse de Besançon
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