mardi 8 octobre 2013

Autour de couple, du mariage, de la famille...

Le couple…le mariage…la famille :
un si beau mystère !
Ou comment devenir ou redevenir chrétien par le mariage

« Ce mystère est grand ! »  Ep 5,32


I. Avant toute chose

Quel est mon regard profond sur ces réalités humaines appelées à être « baptisées » dans un nouveau sacrement ?
Ai-je prié pour ceux et celles que je vais rencontrer ?
Comment ai-je imaginé mon accueil, notre dialogue ?


II. Un trésor à redécouvrir ensemble dans les épines

A .  Trouver ou retrouver de la profondeur dans le projet humain de l’amour, du couple, du mariage, de la famille.

Les fiancés qui nous arrivent ont déjà parcouru un certain chemin de réflexions et de dialogues : se marier ou pas ? uniquement « au civil » ou « à l’église » aussi ?
Ils sont riches de rencontres, de promesses, d’espoirs, de crises parfois, le tout plus ou moins influencé par les courants de société qui situent cette aventure le plus souvent à des niveaux  « à seuil bas ».
Il faut donc leur donner l’occasion de repérer et de se dire le sérieux, l’important et même le grave que contient leur projet en forme de défi, surtout dans le contexte actuel. On peut les aider à (re)découvrir de nouvelles dimensions, comme par exemple la confiance réciproque, la qualité de la relation, la fidélité promise et sauvegardée, la difficile gestion des conflits, le soutien dans les épreuves, la persévérance dans le dialogue, la responsabilité parentale, le défi de la durée, l’ouverture sur l’extérieur, etc…
Est-on sûr qu’ils ont déjà pensé à tout cela, sérieusement ?

B.  Quelqu’un est intéressé à tout cela. Il souhaite en être le partenaire, le soutien, le complice, si l’on veut bien l’inviter à l’aventure.

C’est le Dieu de l’alliance tel qu’il s’est révélé dans la Bible, tel qu’il s’est manifesté en Jésus-Christ et tel que l’Eglise nous permet de le rencontrer encore de nos jours à travers le sacrement de mariage et ses conséquences.

1. La dignité de chaque personne et la beauté du couple : Gn 1,27-28 Que signifie « être créé à l’image et ressemblance de Dieu », comme personne, comme couple, comme famille ? Il y a du « trinitaire » là-dedans !

2.  Dieu aime tout ce qui fait alliance dans l’amour. Donc aussi le mariage. Découvrir les paraboles conjugales et familiales par lesquelles Dieu se présente à son peuple. Par exemple : Os 2,20-21 et d’autres aussi. On entre dans un « esprit de famille » avec Dieu.

3.  Quand Dieu vient à notre rencontre dans le Christ Jésus, il passe par une humble expérience familiale : la signification de Nazareth pour les couples et les familles d’aujourd’hui. On est quelque part de cette famille par le baptême.

4.  On ne peut pas vivre la famille en cercle fermé. Jésus lui-même a élargi son expérience dans de nouvelles relations (Cf. Mt 12,48-49), d’où l’importance de l’insertion dans la société (Cf. le mariage civil) et la nécessité de « faire  Eglise », pas seulement pour une belle célébration, mais pour continuer la route dans une communauté à la fois solidaire et porteuse. L’Eglise donne beaucoup aux couples et familles, mais aussi elle est en droit d’attendre quelque chose d’eux pour exister et rayonner.

5.  Durant le voyage familial, à la fois merveilleux et risqué, l’Eglise nous offre notamment un autre sacrement d’alliance : l’eucharistie. Faire découvrir les harmoniques communes entre ces deux rencontres d’amour dans un certain « corps à corps » qui nourrit les participants, établit ou rétablit la communion. Rien n’est plus serviteur de la famille que l’eucharistie en famille.

6.  L’expérience humaine déjà accumulée et plus encore celle qui adviendra prouvent que la vie avance au rythme de la pâque (croix et résurrection). Que ferions-nous, que serions-nous si nous ne parvenions pas à rebondir à partir des surprises, des défis, des épreuves ? Le mystère pascal de Jésus s’applique aussi à la vie conjugale et familiale, et le Christ demeure avec nous pour l’expérimenter au quotidien. Telle est la vie spirituelle en couple et en famille, y compris la prière, le pardon, le recours à la parole de Dieu comme lumière sur le chemin.

7.  Un cadeau inédit: la révélation chrétienne ouvre des perspectives inouïes à l’expérience de l’amour humain, même dans ses côtés banals. Il y a une semence d’éternité au cœur de tout amour vrai. La traversée de la vie en régime amoureux nous conduit vers la vie éternelle qui sera le partage du bonheur dans la gloire du Dieu-Amour. Ce que tous les amoureux souhaitent et parfois pressentent sans pouvoir se le donner, Dieu le leur donne en toute fidélité à ses promesses. La vie en amour dans ce monde est seulement l’apéritif savoureux du banquet éternel où nous nous retrouverons tous à la table de Dieu. Car l’amour est plus fort que la mort, il ne passera jamais.


Il me semble que l’on peut dire cela, pas à pas, car la perspective est infiniment positive. La morale chrétienne de l’amour, du couple et de la famille peut ensuite être abordée, mais après la révélation des beautés et des valeurs d’une certaine « mystique de l’amour humain », qui donne envie d’être vécue, situe plus exactement les exigences qui en découlent, dédouanent l’Eglise de son carcan moralisateur et fait connaître surtout un Dieu qui nous aime et aide à nous aimer un peu mieux comme lui.

J’ai conscience que, pour certains, il y aura des seuils à franchir, des effets d’annonce (évangélisation), des surprises qui ne seront pas immédiatement intégrées.


C. La liturgie du mariage est évangélisatrice

Il faut souvent écouter les fiancés pour solder parfois un passé un peu lourd dans  les relations avec l’Eglise, la liturgie, la catéchèse et singulièrement les prêtres.

Le choix des textes et des signes offre de belles possibilités d’évangélisation en terrain disponible et même favorable.
Car la préparation liturgique est un moment important pour reprendre le « mystère » en le symbolisant, en le ritualisant, en l’expliquant dans une célébration qui soit à la fois pleinement ecclésiale mais aussi adaptée à la situation réelle des fiancés. Equilibre délicat à trouver. Ne pas banaliser pour complaire, mais ne pas non plus en rajouter jusqu’à la nausée !

III. Et après ?

Le sacrement est une grâce à accueillir dans la sincérité, mais aussi  un cadeau signé d’une certaine gratuité. Il ne faut pas en faire une stratégie de ré-évangélisation avec obligation de rendement.
Mais on peut présenter les opportunités qui permettront à ce sacrement de « porter des fruits, et des fruits qui demeurent ». Jn 15,16. Des fruits qui auront d’autant plus de chance d’être savoureux si l’évènement du mariage a été vécu en toute fraternité sympathique.

Il y a des propositions standards :
-         le baptême, sa préparation, sa célébration
-         l’éveil à la foi
-         la catéchèse familiale et toute la catéchèse
-         etc…
Il y a des services particuliers :
-         les mouvements de spiritualité conjugale et familiale
-         les divers « catéchuménats » pour adultes
-         les services d’accompagnement pour couples en difficultés
-         etc…
Il y a des évènements à provoquer
-         autour de Noël
-         la Saint Valentin
-         la fête des baptisés
-         la fête des familles
-         une lettre ou une visite lors des naissances
-         etc…

Sans oublier la vie ordinaire de la communauté chrétienne :
Quelle place pour les familles et les enfants dans nos célébrations ?
Pourquoi pas une « garderie liturgique » ?
Et la place des divorcés remariés ?
Quel soutien aux familles disloquées, monoparentales ?




 Quelques idées pour un dialogue de préparation au mariage

A. On s’aime !

Vous avez commencé une fréquentation. Vous avez parcouru un chemin de dialogue. Vous vous êtes reliés et liés par amour.
Comment qualifiez-vous actuellement cette aventure humaine ? Qu’avez-vous découvert de nouveau, de plus profond, en et sur vous-même, en et sur l’autre ? Qu’est-ce qui vous paraît le plus important, le plus solide  dans votre relation ? Qu’est-ce qui a de l’avenir, étant donné les aléas de la vie ?
Qu’avez-vous prévu pour consolider, pérenniser cette relation ? Et pour la réparer, si… ?
Comment définiriez-vous « le meilleur » de vous-même, de l’autre ? Y a-t-il au cœur de votre expérience un certain « mystère des profondeurs » qui vous attire, qui vous inquiète, qui vous rassure, qui vous invite à aller de l’avant ? Quoi ?

B. On se marie !

Vous avez décidé de vous marier. C’est un pas de plus, assez nouveau et même original, par les temps qui courent.
Qu’est-ce qui motive votre décision ? Quel cheminement pour en arriver là ? Quels changements attendez-vous de cette nouvelle situation ? Quelle différence entre l’avant et l’après ?
Comment les autres, vos familles, la société sont-ils impliqués dans ce choix ?
Qu’attendez-vous de ces autres partenaires ? Qu’êtes-vous prêts à leur donner, à leur apporter ?

C. On se marie…à l’église !

Pourquoi ce « plus religieux »? Une évidence ? Une tradition ? Une décision difficile à prendre ?
Quel lien avec la foi, une foi, votre foi ?
Qu’est-ce qui, dans votre foi telle qu’elle est actuellement, vous a aidés à vous décider en ce sens ? Quels obstacles éventuellement ? Comment diriez-vous les raisons de votre choix à des personnes qui vous interrogeraient, qui vous remettraient en question ?
D’après vous, qu’est-ce que Dieu, le Christ, l’Evangile ont à faire dans votre amour, dans votre mariage, dans la vie de votre famille ? Quels points de rencontre ? Quels points de difficultés ou de contradictions ?
Pensez-vous que la parole de Dieu, les sacrements -et surtout l’eucharistie-, la prière aient un rôle à jouer dans votre aventure de « mariés à l’église », de parents chrétiens ? Quel rôle ? Comment le concrétiser ?
Et l’Eglise ? Qu’est-ce l’Eglise concrètement pour vous ? Actuellement ? Dans l’avenir ? Les points de communion, de frottements, de contestation, de rupture ? Pourquoi ? Comment souhaitez-vous en parler ? Maintenant ou plus tard ?
Comment voyez-vous à l’avenir votre place dans la vie de l’Eglise ? Dans la paroisse ? En marge de la paroisse ? Dans des associations ?
Comment voyez-vous la place du prêtre en relation avec votre vie de couple et de famille ? Et la place des autres mariés chrétiens ?

D. Et maintenant la liturgie.

Qu’avez-vous choisi : avec ou sans l’eucharistie ? Pourquoi ?
Quel dialogue avez-vous eu à propos du choix des textes ? Pourquoi tels textes ? Pourquoi tels gestes ? Que voulez-vous dire aux autres à travers vos choix liturgiques ? Avez-vous envisagé le sacrement de la réconciliation ? pourquoi ?


6        octobre 2013                                                            Claude Ducarroz


Note et guide pour une journée de formation dans le diocèse de Besançon







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