Viva il Papa ?
Il est terrible, ce pape François ! En
quelques mois, il a réussi à provoquer l’unanimité…pour lui. Les catholiques le
chérissent, les protestants s’y intéressent, les sans-religion en parlent, les
médias commentent à tour de bras, et plutôt positivement. Il fallait le
faire !
Comment ne pas s’en réjouir ? Pour une
fois que ce qui vit à Rome et vient du Vatican est (presque) unanimement
apprécié. On ne va pas bouder sa joie ni cracher dans l’eau bénite.
Mais attention ! Il y a peut-être un piège
caché dans ce qui pourrait déraper dans la papamania. D’abord l’histoire nous
apprend que les popularités trop vite gonflées se dégonflent facilement de la
même vitesse. Il suffit de cesser de plaire à ce qu’on appelle « le grand
public ». Et c’est si vite arrivé.
Et puis n’y aurait-il pas derrière cet
engouement le signe que notre Eglise est encore très (trop) papiste ?
Avoir un pape sympa, ça fait du bien. Le changement de style est une bouffée
d’air frais très bienvenu. Mais croire que le pape peut –voire qu’il doit- à lui tout seul changer l’Eglise en mieux à
coup de réformes audacieuses, ne serait-ce pas encore tomber dans un travers
catholique bien connu ? A savoir que l’Eglise, c’est le pape, ou presque.
A moins que ces décisions papales soient
justement celles-ci, selon l’esprit de l’évangile : faire davantage confiance
aux Eglises locales ou régionales, redonner d’importantes responsabilités aux
épiscopats, mieux écouter le peuple des croyants. En un mot : qu’il y ait
dans notre Eglise moins de « papauté » et plus de communion
universelle dans une saine diversité.
Et ce serait, en plus, tout bénéfice pour
l’œcuménisme, selon le vœu de Jean-Paul II qui souhaitait que son ministère
pétrinien puisse « réaliser un service d’amour reconnu par les uns et par
les autres ». « Une tâche immense » qu’il admettait « ne
pas pouvoir mener à bien tout seul ». Justement.
Vive le Pape François ! Et avec lui tous
ceux et toutes celles qui sont prêts à l’aider dans sa mission de conversion
dans la ligne du Concile Vatican II qui écrivait déjà en 1965 : « L’Eglise
est appelée par le Christ à cette réforme permanente dont elle a
perpétuellement besoin ».
Claude
Ducarroz
Voir le site www.cath.ch
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