dimanche 20 octobre 2013

Hommage à + Oscar Moret

100 ans de la naissance de +Oscar Moret

Je descendais de Bonavaux quand j’ai rattrapé Oscar Moret sur le chemin près de Grandvillard. Et nous avons continué un bon moment à marcher ensemble. Et de quoi avons-nous parlé ? De musique évidemment. Mais aussi de nature. Et de religion.

Bien sûr, celles et ceux qui l’ont connu encore mieux que moi pourraient en dire bien davantage. Je pense à sa famille, à ses amis et à celles et ceux qu’il a entraînés et enchantés dans la vie musicale. Et ils sont très nombreux. Vous aurez la parole ou vous prendrez la plume en d’autres circonstances.

En repensant à la rencontre de Grandvillard, je me dis que Oscar Moret était un vrai Fribourgeois, comme on les aime et comme on en trouve encore beaucoup heureusement.

La nature, la culture, la foi.

1.  Oscar Moret avait les pieds sur terre, même s’il savait aussi lever son regard vers le ciel. Il a prouvé, dans sa manière d’être et d’agir, que des racines profondes peuvent aussi donner des ailes très larges. D’ailleurs le ciel n’est-il pas d’abord le meilleur de la nature, la source de toute lumière, de jour et de nuit ?

Je me souviens. Alors qu’il était déjà entré dans le grand âge, Oscar m’avait raconté avec enthousiasme ses expériences récentes de saut en deltaplane du côté de la Vudalla. Et c’était si beau d’entendre ce vieil homme m’expliquer en détails une telle aventure. 
Partir du sol, narguer le vaste horizon, savourer l’espace, faire de la nature en tous ses états le début d’une épopée à la fois audacieuse et respectueuse : c’était Oscar dans ses défis et dans ses inspirations aussi. La Gruyère des bretzons et celle du firmament.

Fribourg, en ville, mais surtout sa chère Gruyère natale: ce furent les paysages de sa contemplation et de ses créations, les lieux bénis de ses joies en famille et de ses randonnées silencieuses. La ville et la campagne comme mystères et confidentes : de quoi susciter le goût de les étreindre en les chantant, en les sublimant par la poésie et la musique. Oscar l’a fait, et avec quel talent !

2.  Il nous faut  donc parler de la musique, celle qui fut à la fois la source de son bonheur et le lieu de ses labeurs.
Dans la musique et dans les chants, en patois ou en français, il a su transmettre de la beauté intérieure, qui touche encore l’âme et émeut le cœur. Il nous faut redécouvrir le trésor créatif d’Oscar Moret, 650 œuvres à son répertoire…répertorié !

Au plus près de notre ADN fribourgeois, mais aussi par les cris qui montent des rivages de l’histoire, il a su exprimer le chant du monde, celui qui murmure en nos profondeurs personnelles, mais aussi celui qui éclate en sanglots quand on écoute l’actualité des peuples. Il a chanté et enchanté en artiste sensible, mais aussi en citoyen engagé. Mais avec cette modestie - un autre nom de l’humilité- qui sied si bien aux couleurs de Fribourg. Trop bien parfois.

 En même temps, Oscar avait l’art de la transmission pédagogique, autre qualité bien de chez nous, quand on pense, entre autres, aux Bovet, Kaelin, Aeby et Chenaux, pour ne citer que les plus célèbres. Nous ne mettons pas nos trésors dans les vitrines clinquantes des publicités éphémères. Nous les offrons aux autres dans des rencontres fraternelles où la musique surfe sur l’amitié, où le chant devient une société populaire, où les instruments jouent en fanfare pour la joie du public.

C’est trop peu d’être doué. Il faut encore partager. Oscar Moret a vécu ainsi au milieu de nous, longuement, ardemment, simplement. Nous lui en sommes reconnaissants. Notre mémoire de ce jour devient un mémorial. Son rayonnement, musical et humain, doit demeurer vivant dans notre souvenance émue comme un héritage apprécié.

3.  Serait-ce encore Fribourg s’il n’y avait la dimension de la foi ? Oscar était un croyant, de part ses racines familiales, la famille d’où il vient, la famille qu’il a formée. Je ne relève pas cela parce que nous sommes dans une cathédrale –l’église de sa paroisse quand il habitait la Grand’Rue-, mais parce que c’est la vérité.

Dans son œuvre très variée, comme le prouve la liturgie de ce jour, il a su exprimer sa foi qui est aussi la nôtre, par des compositions de musique sacrée qui ont défié le temps, un peu comme le chant grégorien qui fut son principal maître.

Il y a ces messes qui transpirent la piété. Il y a aussi des chants qui renouvellent le répertoire sans galvauder la beauté. Il y a enfin ces compositions d’apparence plus  profane, mais où sa foi évangélique, confrontée à la vie ordinaire, parfois tragique, a su créer des poèmes et des mélodies qui nous aident encore à espérer malgré tout. On ferait bien, dans la crise que nous traversons, de réécouter par exemple, le message et la rude douceur de la Berceuse pour la paix.

La foi d’Oscar Moret, c’est aussi son état d’esprit, une certaine rigueur dans l’ombre, une certaine humilité dans le devoir accompli, une compétence remarquable, mais sans prétention. Une certaine saveur évangélique à l’image des béatitudes.

Dans cette ambiance, avec sa chère épouse et sa famille, avec ses amis musiciens, chanteurs et directeurs qui lui doivent tant, dans cette cathédrale où repose l’abbé Bovet, où l’abbé Kaelin a œuvré durant plus de 30 ans, nous voulons, quelque part rendre justice à notre ami Oscar Moret. Il a bien mérité de la musique et du chant, mais aussi du pays et de l’Eglise.

Avec lui et par lui, la nature est montée en culture, et maintenant c’est le culte – à savoir l’eucharistie- qui intègre sa riche vie et aussi sa mort il y a 10 ans, dans l’espérance de la résurrection.

                                                           Claude Ducarroz



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