Homélie
RTS
18
mai 2014
Un chemin…une
maison ! Ouf ! On est sauvé !
Vous êtes-vous jamais trouvés égarés, sans
savoir où vous étiez et donc sans savoir où aller pour prendre la bonne direction,
et retrouver enfin l’endroit où vous étiez attendus ?
Perdu ! Peut-être sans aller jusque là, et
tant mieux pour vous.
Mais vous savez bien comme moi que
d’innombrables hommes, femmes et même enfants en sont là à travers le monde. A
cause de la guerre, de l’exclusion, de la misère, de la famine : partir,
par terre ou par mer, n’importe où, sans savoir où l’on arrivera, ni comment.
Et peut-être même en imaginant qu’on échouera plus probablement sur les rivages
de la mort qu’au port improbable du salut.
Et puis une telle aventure peut-être
intérieure, morale, affective, spirituelle, même chez nous, dans
l’enchevêtrement toujours plus complexe des moyens de communications modernes
et des résidences multiples qui n’empêchent pas la solitude et parfois le
désespoir.
Et voici que tout à coup, aujourd’hui dans
l’évangile, il est question de maison et de chemin, justement. Une maison bien
habitée où nous sommes attendus, un chemin sécurisé pour aller précisément dans
cette maison-là. Heureusement !
Ce n’est pas qu’il n’y ait jamais, avant de
trouver cette bonne adresse, une recherche qui puisse aller jusqu’à l’angoisse,
puisque Jésus nous dit : « Ne soyez donc pas bouleversés ».
Dans toute quête profonde, il y a aussi le passage par quelques tunnels, c’est
normal.
Mais là, enfin à la maison. C’est une demeure,
autrement dit un endroit où il fait bon demeurer, où l’on a envie de rester
parce qu’il y fait clair et chaud. C’est que l’hôte qui nous attend, au-delà
des ravins de la mort, n’est pas n’importe qui : Dieu comme Père, avec un
cœur maternel, le Dieu de la lumière éternelle, le Seigneur de l’Amour qui ne
s’éteint jamais.
On pourrait appeler cela un foyer, là où les
amoureux se trouvent bien, à la juste température de la tendresse infinie. Car
là, à savoir dans le cœur même de Dieu, si nombreux que nous soyons, il y a de
la place pour tout le monde. Ta place, ma place sont même préparées. Nous
sommes attendus pas seulement par Dieu, mais en Dieu. Une maison en forme de
Dieu lui-même : voilà notre lieu de rendez-vous pour toujours.
Et puis le chemin. Car on pourrait imaginer que
de telles promesses sont certes merveilleuses, mais très hautes, lointaines,
inaccessibles. Ou du moins pas à la portée de tout le monde, et surtout pas de
moi.
Eh ! bien, quelqu’un est venu à notre
rencontre pour nous montrer le chemin. Mieux : nous ouvrir ce chemin. Plus
encore : il est le chemin qui, à travers la vérité de son amour, nous
conduit à la vie éternelle. Un chemin qui est quelqu’un, un chemin de chair et
de sang, qui peut nous tendre la main, nous donner sa main, nous serrer sur son
cœur, pour nous mener, tout en douceur et en sécurité, vers la maison de son
Père qui est aussi notre Père.
Il suffit de se laisser guider.
* Il y a la lumière de sa parole pour cela,
lampe sur le sentier, clarté devant nos pas.
* Même si nous devons passer par la nuit de la
mort, nous croyons, sur la foi de témoins crédibles, qu’il est sorti vivant de
l’autre côté du tunnel de la grande détresse, au point de pouvoir nous appeler « des
ténèbres à son admirable lumière. »
* Pour parcourir le voyage de notre vie, en
pèlerins exposés à tous les temps, il nous faut pouvoir faire halte de temps en
temps dans l’auberge du repas partagé : c’est l’eucharistie, là où notre
divin compagnon de route se fait tellement humain qu’il peut nous dire en nous
les offrant : « Prenez, mangez, ceci est mon corps livré pour
vous ; prenez, buvez, ceci est mon sang versé pour vous. »
Et puis, dans cette caravane de la vie en route
vers la maison qu’est Dieu, avec Jésus Christ et autour de lui, il y a tout un
peuple. Nous ne sommes pas seuls, heureusement.
Il y a « la race choisie, le sacerdoce
royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu. » Derrière ces
mots un peu difficiles à comprendre, n’allons pas chercher très haut ou très
loin. Il y a le visage aux mille contours des autres chrétiens, l’Eglise des
Eglises, les disciples enfants de la croix, de la Pâque et de la Pentecôte, qui
se sont multipliés à partir de Jérusalem et jusqu’au bout du monde, à la suite
des premiers apôtres. Et puis on a ajouté de nouveaux ministère, par exemple
les diacres, et tant d’autres encore, hommes et femmes, fidèles employés dans
la maison ecclésiale.
Quel bonheur, quel honneur de faire Eglise tous
ensemble, pas parce qu’on est meilleur que les autres, ni pour se mettre à
l’abri du monde, mais pour se laisser envoyer là où nous vivons au jour le jour
en témoins de l’évangile libérateur et constructeur d’humanité à l’image de
Jésus. Rêvons et réalisons une Eglise qui bâtit des ponts entre les maisons
humaines, qui construit dès ici-bas une cité de fraternité et de paix.
A cause de ce Jésus qui a même osé
promettre : « Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres
que moi. Il en accomplira même de plus grandes. »
Pas nous tous seuls, évidemment, mais lui et
son Esprit en nous.
Beau programme ! Allons-y !
Claude Ducarroz
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