Immaculée Conception
Faut-il le redire en préambule ? Je le
crois, tant ce mystère reste sans doute fort « mystérieux » pour
certains chrétiens, même parmi ceux qu’on appelle les « pratiquants
réguliers ». Que dire alors des autres, de loin les plus nombreux ?
Comment comprendre
l’immaculée conception de Marie ?
D’abord ce n’est pas à confondre avec la
conception virginale de Jésus, à savoir le fait que le Seigneur-Messie ait été
engendré en Marie sans l’intervention biologique d’un homme. Et cela, non pas
par méfiance ou mépris à l’égard de la sexualité, l’une des plus belles
inventions de Dieu selon le livre de la Genèse puisque, après la création « de
l’homme et de la femme à son image et ressemblance …, Dieu vit et dit que
tout cela était très bon ».
Le mode de conception « extraordinaire »
de Jésus signifie seulement que le cadeau du Sauveur est 100% le fruit d’une
miséricorde totalement gratuite de Dieu, et non pas le résultat d’une
initiative humaine, si belle et pure soit-elle. On ne produit pas le Sauveur,
on le reçoit.
L’Eglise, peu à peu, a pris conscience que le
premier instrument de l’incarnation du Fils de Dieu en notre chair, Marie de
Nazareth, était et fut entièrement dévouée à sa mission exceptionnelle,
autrement dit « toute sainte » comme on dit en Orient, « immaculée »,
comme on dit en Occident, donc « sans péché ». Finalement,
l’immaculée conception de Marie, c’est le commentaire théologique de l’Eglise au
sujet de la célèbre phrase de l’ange Gabriel lors de l’annonciation :
« Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. »
Dans l’Eglise catholique, on a perçu une
certaine confirmation de cette vérité dans le fait que Marie se soit présentée
elle-même ainsi lors des apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirous à
Lourdes en 1858.
Mais revenons plutôt à l’évangile, celui de
cette fête. Que de belles leçons à contempler et à retenir, y compris par
l’Eglise d’aujourd’hui, et donc par nous qui sommes cette Eglise !
* D’abord Dieu commence l’œuvre de la
rédemption, à savoir la nouvelle création, en recourant à une femme, celle
qu’on peut appeler la nouvelle Eve. Alors que si souvent encore dans certaines
sociétés, les femmes sont considérées comme des humains secondaires, voire
inférieurs, Dieu vient à nous dans le Christ en appelant une femme comme
première et principale collaboratrice de ses desseins de salut universel. Il
faut aussi l’avouer : alors que dans notre Eglise les femmes ne sont pas
toujours appréciées à leur vraie valeur ni accueillies à leur juste place,
l’attitude libre de Jésus à l’égard des femmes de l’Evangile nous interroge
encore sur l’avenir de leurs précieux services dans nos communautés.
* Mais il ne faut pas non plus oublier Joseph,
l’époux inséparable de Marie. Pour habiter au milieu de nous, le Messie n’a pas
seulement choisi une mère immaculée, mais aussi une famille, la vie de famille,
puisque le texte de l’annonciation signale aussitôt que « Marie était
accordée en mariage à Joseph » avant qu’ils aient habité ensemble. Jésus, toujours
selon les évangiles, était couramment appelé tantôt « le fils de Joseph »,
tantôt « le fils de Marie ». A la crèche –on nous le rappellera la
nuit de Noël-, les bergers trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né. On
comprend mieux dès lors pourquoi l’Eglise, à partir du mystère de Nazareth,
doit promouvoir les valeurs, les beautés et les exigences du couple et de la
famille, sans se laisser détourner par certaines dérives sociétales, tout en
pratiquant la miséricorde à l’égard de celles et ceux qui peinent ou échouent
sur cette route faîtière de l’amour humain.
* Enfin retenons de l’évangile de cette fête
combien Dieu est respectueux de l’humain en proposant du divin à la petite
servante Marie de Nazareth. Le messager entame un dialogue adulte qui autorise
et même suscite des questions bien naturelles : « Comment cela
va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? » La femme Marie
ne devient pas une chose manipulable devant un tout-puissant Seigneur. Il est
fait appel à son intelligence, à sa sensibilité, en même temps qu’à sa foi.
D’ailleurs celle-ci ne peut fleurir en oui que dans le jardin de sa liberté
entièrement honorée.
L’abandon à la parole de Dieu pour acquiescer
au mystère n’est pas une capitulation devant la majesté de Dieu, mais l’entrée
tout en douceur dans une alliance d’amour et de confiance avec lui.
« Marie dit alors : Je suis la
servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon ta parole. »
Ce réflexe de dialogue intelligent et respectueux,
à l’image du comportement de Dieu avec Marie et Joseph, ne doit-il pas marquer
la vie de l’Eglise pour qu’elle imite son Seigneur, pour qu’elle devienne à la
fois plus christique et plus mariale, au service du salut du monde ?
« Et le Verbe s’est fait chair, et il a
habité parmi nous. »
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