Le succès d’un prophète désagréable
Matthieu 3, 1-12.
Re-voilà Jean-Baptiste !
Après le récit des origines du Christ
(généalogie et naissance), l’évangéliste Matthieu nous transporte aussitôt dans
une région désertique de Judée, là où Jean prêche et baptise. Des reporters
people se contenteraient sans doute de raconter quelques anecdotes exotiques.
Ce prophète portait un vêtement de poil de chameau et il se nourrissait de
sauterelles et de miel sauvage. Bon appétit !
Sous son accoutrement hippie et après son pique-nique
peu ragoûtant, l’homme mérite beaucoup mieux que quelques photos chocs.
Nous sommes dans un contexte d’attente
messianique. Jean le rappelle en citant la parole du prophète Isaïe : « Préparez
le chemin du Seigneur… » N’est-ce pas ce qu’il fait lui-même par ses
prédications enflammées ? Oui, mais attention à l’erreur sur la
personne ! Il ne s’agit pas de le prendre, lui, pour le Messie qu’il
annonce. Il ouvre des chemins pour un autre, celui qui vient après lui, celui
dont il n’est pas digne de lui retirer ses sandales.
Cette humilité ne l’empêche pas d’avoir grand
succès. De partout, les juifs accourent vers lui. Et pourtant il ne craint pas
de leur asséner des vérités désagréables (« engeance de vipères »),
tout en leur intimant une cure d’âme très radicale (« produisez un fruit
digne de la conversion »). Plus encore, il menace : « Tout arbre
qui ne porte pas de bons fruits va être jeté au feu ». Il ne sert à rien
de répéter : « Nous avons Abraham pour père ».
Comment expliquer cette performance paradoxale ?
Par le courage d’une parole vraie. Par la proposition d’un changement en
profondeur. Et surtout par l’abnégation de sa personne qui rend son message
crédible. Jean ne travaille pas pour lui. Il est pleinement serviteur du Messie
à venir. Il n’est que précurseur, lui qui souhaitera bientôt : « Il
faut que le Christ grandisse, et que moi je diminue ». (Jn 3,30.) On sait
jusqu’où l’a conduit cette diminution !
Plus que jamais, notre humanité a besoin de
Jean-Baptiste. Dans l’Eglise, mais aussi dans la société.
Oui, des personnes –hommes et femmes- qui aient
la bravoure de paroles claires, qui proclament des messages crédibles par
l’engagement généreux de leur vie, qui
n’oeuvrent pas pour leur gloire mais se recommandent par le
désintéressement de leur action. En somme : des transparents de l’Evangile
en actes.
On vient de me le répéter : « Le pape
François, c’est vraiment quelqu’un qui fait ce qu’il dit. C’est pour cela qu’on
l’aime et qu’on a envie de le suivre. »
Sur la route de
l’Avent, qui ne mène pas au Vatican, mais conduit à Jésus-Christ.
Evidemment !
A paru sur
le site de www.cath.ch
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