Reconstitution des autorités cantonales
16 décembre 2016 HOMELIE Jn 13, 3-5 et 12-17
Rassurez-vous ! Après cette page de
l’évangile de Jean, il me semble que je n’ai plus rien à dire. Tout a été
démontré concrètement par le Christ Jésus lui-même dans l’émouvant récit du
lavement des pieds.
Personnellement, j’aurais plutôt envie de vous
montrer quelque chose. Et c’est le portail sud de notre cathédrale, celui qui
est maintenant offert à la contemplation de tous, notamment grâce à la générosité
et à l’activité de nos autorités cantonales. Il peut constituer en effet comme
un autre commentaire de la juste attitude prônée par Jésus dans l’évangile, en
particulier pour les autorités de ce monde. Si vous n’avez pas encore apprécié
ce chef d’œuvre, je vous conseille vivement de ne pas tarder à venir méditer
devant sa beauté.
Le Christ est au sommet de l’ogive supérieure.
Il domine certes, mais il ne menace pas. Il parle pour dire une parole de
lumière. Il bénit pour accorder un esprit de vie. On le retrouve au centre du
portail, là encore, non pas dans l’arrogance d’un pouvoir, mais dans la douce
proximité d’un enfant sur les genoux de sa mère. Certes, il n’est plus un bébé
puisqu’il est debout et fait un premier pas vers l’avenir, vers sa liberté,
vers sa mission.
Et vous –si vous me pardonnez cette audace-, je
vous vois dans la figure des trois mages/rois qui s’approchent de ce trône un
peu solennel, mais très avenant. Tous les trois obéissent à la même attraction
intérieure, celle qui les conduit tous, à la lumière d’une étoile mystérieuse,
vers le petit roi qui les regarde en étendant ses bras.
Ils sont très différents –peut-être même par
les orientations politiques-, certainement par l’âge. * Le premier est dans la
soixantaine, bien velu et barbu, déjà comblé par une longue expérience.
* Le deuxième, qui désigne l’enfant, est dans
la quarantaine, avec une barbe bien taillée et sans doute un programme
ripoliné.
* Quant au troisième, c’est un jeune homme
imberbe, mais certainement plein d’ambition.
En résumé : tout ce qu’il faut pour
constituer un bon Grand Conseil et un Conseil d’Etat équilibré. A condition d’y
ajouter des femmes évidemment !
Tous les trois apportent au Seigneur le cadeau
de ce qu’ils ont, mais surtout l’offrande de ce qu’ils sont. Et ce n’est pas
rien puisqu’ils portent tous une couronne, signe ostentatoire de leur autorité
reconnue et respectée. Sauf le premier. Non pas qu’il ait renoncé à son pouvoir
puisqu’il a placé sa couronne au coin de son genou gauche, en pleine génuflexion.
Il a conscience de se trouver, lui un roi,
devant plus roi que lui, même s’il s’agit encore d’un enfant. Il le manifeste
clairement: son autorité vient d’ailleurs. Il s’incline pour être à sa juste
grandeur. Il est premier serviteur pour exprimer sa vraie valeur. A fortiori,
dans un système démocratique, la force du pouvoir jaillit de l’humilité de
celui ou celle qui l’exerce, et l’on sait que l’attention aux plus petits et aux
plus faibles est la marque des grands magistrats.
C’est la leçon du premier roi du portail sud. Il
rejoint à l’avance l’esprit de l’évangile de tout à l’heure. Servir les autres,
voilà la vérité de tout pouvoir qui veut s’exercer à l’imitation de celui qui a
lavé les pieds de ses amis avant de donner sa vie pour eux : « C’est un exemple que je vous ai
donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »
Mais surtout, pour terminer, je ne voudrais pas
que vous oubliiez la phrase suivante, car c’est une si belle promesse, et c’est
bien ce que nous vous souhaitons du fond de notre prière, pour vous, nos autorités,
hommes et femmes élus ou réélus : la joie de servir ainsi.
« Sachant cela, dit Jésus, heureux serez-vous si
vous le faites ». Bien du bonheur !
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