La marche vers l’incarnation
He 1,1-3.
L’incarnation, c’est la rencontre de communion parfaite entre Dieu et la
« chair » (humaine), Dieu demeurant un mystère
« incompréhensible » (Cf. Jn 1,18) et l’humanité étant assumée dans
le réalisme de sa faiblesse, de son imperfection et de sa caducité.
Une marche, c’est une dynamique progressive, avec des étapes qui peuvent se
superposer, selon des intensités variables.
On
peut discerner six étapes :
-
la communion par l’existence dans le
rapport de création
-
les diverses quêtes religieuses
-
l’alliance avec Israël
-
le Verbe incarné
-
le temps de l’Eglise
-
la récapitulation eschatologique
1. L’Existant fait exister par un contact et
une rencontre entre le divin Donateur et l’humain receveur. (Cf. Ps 139,13-15).
Cette dépendance crée une certaine solidarité essentielle. La liberté de Dieu
s’engage dans le don de l’être, surtout quand il s’agit de créer un être
« à l’image et ressemblance » de Dieu. (Gn 1,27).
2. Toutes les religions manifestent et mettent
en « culture » cette
mystérieuse liaison entre Dieu et l’humanité, dans l’interaction avec le
vaste univers, écrin de cette Histoire dans la variété des civilisations.
3. Israël est un témoin privilégié de cette
« incarnation » par création à travers le livre de la Genèse qui
présente un Dieu unique (Cf. Dt 32,39), maître de tout, qui cependant ne craint
pas de se révéler comme un artisan créateur. (Cf. Gn 2). Plus encore, Dieu
déroule un plan secret à travers l’alliance avec le peuple, dans tous les aléas
de cette fréquentation. Dans cette histoire sainte, il montre proximité et
accompagnement, avec un dévoilement progressif de son mystère jusqu’à
l’expression de son nom. (Cf. Ex 3,13-16).
Si les
vocables Parole, Sagesse, Esprit, Seigneur, Eternel, Très-Haut, etc.. maintiennent
l’idée de transcendance, d’autres expressions utilisent des images et des
comparaisons très humaines (Cf. père, pasteur, mère, roi, époux etc..) et même
matérielles (Cf. rocher, bouclier, forteresse, lumière, etc..), tout en mettant
en garde contre une divinité qui serait simplement à la ressemblance de
l’homme.
Les prophètes, plus encore que le culte,
veillent sur la pureté et l’originalité de la foi juive, tout en continuant
d’orienter les croyants vers une relation faite d’adoration, mais aussi d’amour,
face à un Dieu de tendresse et de miséricorde. (Cf. les psaumes).
4. Et puis vint Jésus de Nazareth, le « Verbe
fait chair » (Jn 1,14), assumant en lui la parfaite rencontre entre le
Fils éternel de Dieu et la pleine humanité du fils de Marie. La découverte de
cette mystérieuse communion s’est faite progressivement. Les témoins ont
d’abord rencontré un homme, dans la pauvreté de sa naissance et l’humilité de
sa condition historique. Ils ont été impressionnés par l’homme de Dieu (Cf.
Jn,1,35-51) dont les paroles et les actions conduisaient à son mystère.
Le mystère pascal leur a ouvert les yeux de la
foi. (Cf. Lc 24,13-35). Une relecture de sa vie devenait possible, qui changea
la vie de ses disciples et fonda la communauté Eglise.
Du compagnonnage avec Jésus durant son
existence terrestre, les apôtres ont pu remonter à la préexistence du Christ
dans sa relation éternelle avec le Père qui l’a envoyé. (Cf. Jn 17).
L’Esprit Saint a permis que les chrétiens tiennent bon dans la confession du mystère du
Verbe incarné, en affirmant la divinité du Christ sans jamais occulter son
humanité. (Cf. les épîtres de Paul).
Cette humanité du Sauveur a été amplement
recueillie et racontée dans les Evangiles. On y voit Jésus partager entièrement
la condition humaine (joies et peines, succès et échecs), dans les
manifestations de la vie courante, dans la culture de son milieu et surtout
dans l’affrontement avec la mort, prélude à la résurrection.
Toutes les rencontres de Jésus, avant ou après
la Pâque, sont là pour témoigner à la fois de la pleine humanité du Sauveur et
de sa parfaite divinité, en communion trinitaire assumée en ce monde.
5. D’une certaine façon, l’Eglise prolonge le
mystère de l’incarnation en témoignant pour le Christ mort et ressuscité et en
diffusant dans le monde les énergies humanisantes de l’Esprit.
6. Mais nous attendons encore la parfaite
révélation de toutes les dimensions du mystère de l’incarnation (Cf. Ep 3)
quand, à la fin de l’histoire terrestre, le Christ récapitulera toutes choses en
lui pour que, enfin, « Dieu soit tout en tous. » (ICo 15,28).
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