dimanche 22 janvier 2012

Célébration pour l'Unité

Célébration pour l’unité 2012



En plein dans le mille, diraient les tireurs. Retour au centre, diraient les footballeurs. Dans la lecture que vous venez d’entendre, l’apôtre Paul ramène l’Eglise –nos Eglises- à l’essentiel de l’évangile. « Je vous rappelle, frères, l’évangile que je vous ai annoncé », comme si l’Eglise de Corinthe avait tendance à l’oublier. Et c’est au cœur du mystère pascal que Paul nous conduit car, dit-il, « je vais vous faire connaître un mystère », celui de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus, avec toutes ses conséquences pour nous, avant, pendant et après notre mort.



L’imagerie emprunte ses symboles à la littérature apocalyptique, avec les trompettes finales telles que les anges en font un concert, par exemple au tympan du portail de la cathédrale saint Nicolas. Mais annoncer la victoire du Christ sur le péché et sur la mort –en lui d’abord, puis en nous- demeure toujours d’actualité, même si cette bonne nouvelle semble de plus en plus exotique dans une société matérialiste en laquelle prendre son pied avant la mort semble plus important que s’interroger sur ce qui se passera après la mort.



Les chrétiens -et donc les Eglises- savent qu’elles doivent allier dans leur prédication et dans leur vie concrète un double témoignage : prendre au sérieux l’existence sur cette terre visitée par Dieu dans le Christ et annoncer courageusement la venue promise du Royaume de Dieu, quand Dieu sera tout en tous au-delà de ce monde, depuis que ce même Jésus est ressuscité d’entre les morts.

Oui, garder les pieds bien sur terre et tourner déjà nos regards vers le ciel : voilà la prédication et la pratique de nos Eglises, toujours réinvitées à tenir ensemble la pleine solidarité avec notre humanité en marche – nous sommes comme tout le monde et avec tout le monde- et la tension vers le but du pèlerinage qui est la maison pascale où Dieu nous attend avec Jésus, le premier né d’entre les morts.



Paul relie admirablement ces deux moments de l’aventure humaine quand il dit : « Rendons grâces à Dieu qui nous donne la victoire par Jésus-Christ » et « Faites des progrès dans l’œuvre du Seigneur en sachant que votre peine n’est pas vaine. »



Passer peu à peu de ce monde au Père, comme Jésus et avec Jésus, c’est l’itinéraire de chacun de nous, c’est aussi celui de nos Eglises. Et pour cela il leur faut aussi se libérer sans cesse de ce qui n’est que mortel et corruptible en elles pour se laisser revêtir de ce qui est immortel et incorruptible, pour employer les mots de l’apôtre Paul.



Nos divisions séculaires, nos jalousies mesquines, nos concurrences déloyales : voilà ce qui est corruptible en nous et entre nous, ce qui porte encore des ferments de mort. Il est temps que nous nous laissions convertir par Dieu à ce qui est source de vie dans nos Eglises, à savoir ce que notre commune confession de foi nomme l’unité, la sainteté, la catholicité et l’apostolicité.



Avec retard, j’en conviens - mais mieux vaut tard que jamais-, l’Eglise catholique est monté dans le train de œcuménisme avec le concile Vatican II il y a exactement 50 ans. Je crois pouvoir dire, malgré les tentatives contraires de quelques esprits chagrins, qu’elle n’est pas redescendue de ce train-là. J’ose même vous assurer qu’elle n’en redescendra jamais, ainsi que n’ont cessé de l’affirmer les papes successifs, y compris celui d’aujourd’hui. J’ai été frappé par une évolution de vocabulaire chez Benoît XVI à propos du jubilé des 50 ans du concile. S’il n’a pas retenu l’herméneutique de la rupture, il a abandonné l’herméneutique de la continuité pour prôner maintenant l’herméneutique de la réforme.

Un mot à connotation éminemment œcuménique, comme vous l’imaginez bien de la part d’un pape allemand.



Il nous faut donc demander -les uns pour les autres et jamais les uns sans les autres- dans notre intercession pour l’aventure de l’œcuménisme, la grâce que Paul souhaitait à ses paroissiens de Corinthe : « Soyez fermes et inébranlables, mais faites aussi sans cesse des progrès dans le Seigneur ».

Quelle plus belle « œuvre du Seigneur », je vous le demande, que de relever le défi œcuménique aujourd’hui, être un et donc unis « afin que le monde croie ?»

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