Homélie
Fête patronale de saint Paul
Voulez-vous connaître l’actualité ? Lisez votre journal préféré. Voulez-vous comprendre l’actualité ? Relisez saint Paul, surtout s’il s’agit de l’actualité de l’Eglise, des Eglises.
Ce matin, au milieu d’une communauté qui est placée sous ses vastes ailes apostoliques, je voudrais retenir trois vérités importantes tirées de sa vie et de ses œuvres.
D’abord que le Christ doit avoir en tout la priorité et la primauté, comme ce grand apôtre l’a compris dès sa fulgurante découverte sur le chemin de Damas, comme il ne cesse de le rappeler tout au long de ses lettres (par ex. Col. 1,18).
C’est valable pour chaque chrétien baptisé dans la mort et la résurrection de Jésus. C’est d’actualité pour chaque Eglise au lendemain de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. C’est donc aussi la feuille de route de chaque communauté locale -par exemple une paroisse- qui désire retrouver plus en profondeur ses raisons d’être et d’agir au-delà des restructurations de surface.
Oui, le Christ d’abord, celui qui est, qui était et qui vient, celui de l’évangile et de l’eucharistie, celui qui nous mène au Père et nous donne l’Esprit, le Vivant et le Présent à nos existences personnelles et communautaires.
Deuxièmement, ainsi que le prouve une fois de plus l’expérience de Paul, le Christ ne nous est jamais donné tout seul. Il vient à nous avec l’Eglise. Touché, bouleversé et même renversé par le Christ ressuscité, Paul a été aussitôt renvoyé à l’Eglise, celle qui le précédait, qu’il voulait persécuter, celle qui l’attendait pour la suite des évènements.
C’est dans l’Eglise de Damas, auprès d’Ananie, qu’il a été guéri de son aveuglement, qu’on lui a imposé les mains, qu’il a été baptisé, qu’il a reçu l’Evangile au point de vouloir ensuite l’annoncer aux païens en sillonnant le monde de Jérusalem jusqu’à Rome.
Le Christ et l’Eglise, c’est un multipack, l’une en complète dépendance de l’autre évidemment –malgré tous ses défauts certes-, mais toujours inséparables.
En cette année où nous allons évoquer les 50 ans du Concile Vatican II, qui avait mis à son programme la redécouverte du mystère de l’Eglise et la réforme de cette vénérable institution, il est bon de s’en souvenir.
Enfin l’apôtre Paul nous aide justement à mieux vivre la vie concrète de l’Eglise et des Eglises. Il fut l’apôtre-surprise, surajouté et par là dérangeant. Il se dit le dernier des apôtres et même l’avorton, mais il n’a jamais cessé de défendre son plein apostolat, même si sa mission était originale et parfois un peu marginale.
La présence active de Paul parmi les apôtres de la première heure a parfois provoqué des interrogations, des tensions, des discussions et même des contestations, y compris dans sa relation avec Pierre.
La réaction évangélique, ce fut la rencontre, le dialogue, la prière à l’Esprit et, par exemple, ce que l’on a appelé le concile de Jérusalem quand il fallut tout remettre sur la table, dans une ambiance de crise, pour maintenir la communion au lieu d’engendrer la division.
Paul, dans sa volonté de demeurer fidèle à sa vocation propre, mais aussi dans sa détermination de garder l’unité essentielle, nous indique, aujourd’hui encore, un itinéraire vraiment œcuménique. C’est celui qui doit réconcilier la diversité légitime et la nécessaire unité dans une Eglises des Eglises, dans une vaste communauté à la fois plurielle et profondément unie.
Que sa prière, que son exemple, que son message nous guident sur ce chemin plus que jamais indispensable au témoignage chrétien dans notre monde.
« Qu’ils soient un comme nous sommes un, priait déjà Jésus, afin que le monde croie! »
Claude Ducarroz
dimanche 29 janvier 2012
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