Homélie du Nouvel-An 2012
Votre crèche est déposée sur une horloge.
C’est très suisse, non ? Mais il n’y a pas d’aiguilles, on ne voit pas les heures ni les minutes. Serait-ce seulement le symbole du temps ?
A moins que ce soit une horloge africaine, selon ce qu’un ami africain m’a dit un jour : « Vous, les Suisses, vous avez les montres et nous, nous avons le temps »
2011…..2012… : une année de plus ou une année de moins ?
Telle est l’ambiguïté du temps, comme tout ce qui passe : un cadeau donné, reçu, utilisé, mais aussi repris, grignoté, dévoré.
Il y a deux réactions face au temps toujours plus court….toujours trop court.
l) S’immerger dans le temps, celui qu’on a, l’aujourd’hui, jusqu’à s’y noyer. Profiter du temps, en user, en abuser : tels sont les gourmands égoïstes du temps. Avoir, jouir au maximum…. Après nous mourrons.
Cf. notre société individualiste et hédoniste….celle qui remplit la publicité :
dévorer le temps jusqu’à ce que le temps nous dévore.
2) Viser l’éternel, oublier le temps, nier notre condition humaine….Telles sont certaines « nouvelles spiritualités » désincarnées….jusqu’au suicide pour vaincre le temps et hâter le repos éternel.
Et puis tout à coup éclatent Noël et Pâques, inséparables,…les 2 faces du même mystère.
Dieu lui-même entre dans le temps, par la mise en humanité du Verbe qui se fait chair.
Il épouse le temps, notre temps
- Le temps de la croissance dans le sein d’une femme. Nous fêtons la maternité de Marie
- Le temps de la naissance, de l’adolescence, de la jeunesse….de l’âge adulte, avec tous leurs problèmes
Dieu n’effleure pas le temps….Il se met pleinement à l’heure humaine….jusque et y compris la mort…..le terme de notre temps, l’heure dernière.
Et c’est là que tout va changer, basculer, provoquer une transfiguration.
Jésus remet la pendule de notre humanité à l’heure de Dieu, à l’horaire de son éternité.
Ce qu’on pouvait seulement désirer, d’un soupir désespéré puisque tout cela est infiniment au-dessus de nous pauvres capacités,
Dieu nous l’offre gratuitement dans la résurrection de Jésus.
Sur l’arbre vieillissant de notre temps, sur la souche de la mort elle-même, Jésus a fait fleurir la vie, a fait mûrir la vie…..éternelle.
Est-ce à dire que le temps ne compte plus, que notre vie terrestre n’a plus d’importance, que nos jours et nos années sont des mirages insignifiants ?
Comme s’il fallait être des tomates hors-sol pour mûrir au soleil de Dieu.
Justement pas.
Jésus n’est pas venu supprimer le temps dans lequel il s’est planté par sa chair jusqu’à la croix. Il est venu le rendre pascal, il l’a transfiguré par l’amour vainqueur, mais en le respectant.
Le temps qui nous est octroyé, quelle que soit sa longueur, n’est pas une malheureuse parenthèse qu’il faudrait effacer au plus vite.
Notre temps, visité, ensemencé, fécondé par le Noël de Dieu – son entrée en notre histoire – est devenu le terrain de sa Pâque en nous , le terreau labouré par le divin semeur d’éternité dans le temps, notre temps. Notre heure et son heure coïncident.
Quand la Parole de Dieu retentit en nous, quand la prière nous soulève, quand nous semons des étoiles d’amour, de pardon, de paix, de beauté au firmament de nos relations, quand l’Evangile pleut sur les déserts de notre histoire, et surtout quand le pain eucharistique est jeté par l’Eglise dans les sillons de notre cœur ouverts par l’Esprit-Saint,
alors l’éternité commence, le temps devient pascal, l’Eternel nous donne la main dès ici-bas. Sans être pressés, nous sommes prêts.
Et 2012 sera une bonne année, encore inconnue et déjà bénie, celle que je nous souhaite à tous.
Claude Ducarroz
mercredi 4 janvier 2012
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