Homélie du 4ème dimanche de Carême 2014
Ténèbres...
lumière... ténèbres.
Et
après, quoi ?
Notre
vie est rythmée par ces expériences de base. Et ça nous mène où ?
Telle
est la question, finalement.
Nous
commençons dans les ténèbres, au creux de notre maman, dans le secret
bien
gardé de son amour, près de son coeur silencieux.
Et, un jour -c'est le cas de le dire-, nous venons au
jour, nous entrons
dans
la lumière: notre naissance, suivie de peu par nos yeux qui s'ouvrent
sur
le monde, émerveillés, à la découverte.
Durant toute notre vie, c'est ensuite une alternance,
et, parfois un
combat,
entre la lumière et les ténèbres.
Physiquement
: l'obscurité , la nuit, le sommeil ;
puis l'éveil , le
jour, la lumière.
Mais
il y a aussi en nous- et même au fond de
chacun de nous- cette lutte
secrète-
morale, affective, spirituelle-, entre les joies des heures
lumineuses
et les larmes des temps nocturnes. Qui n'a pas passé, suivant
les
événements, des ténèbres à la lumière et, parfois aussi de la lumière
aux
ténèbres... au dedans, à l'intérieur ?
Avec
l'âge- j'en fais moi-même l'expérience-, on a l'impression que les
ténèbres
gagnent peu à peu sur la lumière.
Il
faut des lunettes, on voit moins bien, et de moins en moins bien,
parfois
jusqu'à la cécité, la solitude. Sans compter, évidemment, ce qu'on
appelle
pudiquement, le sommeil de la mort, quand tout semble éteint, de
ce
qui restait de vie. On nous ferme les yeux.
L’évangile de ce jour s'inscrit dans ce contexte, dans
cette bataille en
nous,
autour de nous, entre la lumière et les ténèbres.
Jésus
guérit un aveugle-né, et tout est bouleversé dans sa perception de la
vie
et même dans ses relations humaines. Il y avait d'abord en lui une
double
nuit: il était aveugle depuis toujours et on l'estimait coupable.
Jésus
lève d'abord la deuxième cécité: il n'est pas coupable. Une liberté
recouvrée,
une dignité rendue. Tu es toi !
Et puis ensuite il y a la guérison physique: quand il
revient de la
piscine,
l'aveugle voyait. Car Dieu qui nous a mis au jour souhaite pour
nous
des yeux ouverts sur les beautés de la création, sur les bonheurs des
relations
d'amour.
Et là, dans cet évangile, c'est comme un deuxième
combat. Tous
concourent
à le renvoyer dans sa nuit: les pharisiens lui mettent les
bâtons
dans les roues, ses propres parents n'osent pas témoigner pour sa
nouvelle
clarté. Il est seul !
Le pauvre ! Il doit insister, convaincre, presque lutter pour accréditer
le
miracle lumineux dont il fut l'objet, le retour à la vue.
Et
puis, peu à peu, il sent monter en lui comme une autre guérison, plus
intérieure,
plus profonde encore. Plus spirituelle !
Il ne le sait pas encore: celui qui lui a ouvert les
yeux, c'est celui qui
peut
dire en toute vérité:
" Je
suis la lumière du monde."
Encore
faut-il parcourir ce chemin d'illumination face à lui, ce qu'on appelle la foi.
Il
franchit des étapes, il voit de plus en plus clair:
un
prophète d'abord, puis le Messie
d'Israël, enfin le Fils de l'homme.
Et
surtout ce beau geste, au plein midi de sa nouvelle foi:
" Je crois, Seigneur et il se
prosterne devant lui" L'adoration !
La
foi, c'est ce qui fait de la Parole de Dieu une lampe pour nos pas, une
lumière
sur notre route.
"
Crois-tu au Fils de l'homme?
- Et qui est-il, Seigneur ?
- Tu le vois, c'est lui qui te parle."
Mais, me direz-vous, la foi ne résout pas tout.
Croire, c'est encore
marcher
dans une certaine obscurité! Ce n'est pas
évident. La lampe de la
foi
peut aussi vaciller, surtout dans les
épreuves qui nous touchent et,
parfois
nous laissent dans la nuit...une longue nuit. On ne sait plus où on en est.
C'est
là qu'il nous faut accueillir une dernière promesse, cette fois pour
une
illumination éternelle, au delà de la mort: la lumière de Pâques. Nous
le
chanterons dans la nuit pascale pour la vivre vraiment après notre mort,
quand
nous aurons fermé les yeux sur ce monde qui passe :
" Réveille-toi, ô toi qui dors!
Relève-toi d'entre les morts. Et le Christ t'illuminera » !
Dans
la gloire de Dieu, à la suite de Jésus ressuscité, nous serons pour toujours
debout dans la lumière de la vie et de l'amour. Amen.
Claude
Ducarroz
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