Fleur de vie
Berthe la patriote
Dans son bistrot de campagne, Berthe est la patronne régnante. C’est elle qui remplit les verres, sans oublier le sien. Depuis le premier août dernier, elle est entrée dans l’internationale des indignés. Elle s’explique : « Vous avez vu ça à la télé ! Ce sont des Noirs qui chantaient l’hymne national. Vraiment, on ne sait plus où on est ! » Et les clients d’opiner du chef. Sauf l’un d’eux qui ose ce commentaire : « Il y a bien des Noirs qui jouent au foot dans nos équipes ! » Berthe en convient avec charité, car « il faut bien que ces gens gagnent leur vie ». Mais le coup du premier août, comme elle le dit dans une formule définitive, « c’est du n’importe quoi » !
La migration est un phénomène vieux comme l’humanité. Les Suisses sont placés pour le savoir, eux qui ont plus ou moins envoyé leurs pauvres et leurs délinquants vers les Amériques au début du 19ème siècle, ce qui nous vaut des noms de villes qui sentent bon notre terroir de l’autre côté de l’Atlantique. Quelle famille bien de chez nous n’a pas actuellement quelques ancêtres ou quelques parents au nom exotique nichés dans les branches de son arbre généalogique ? Ne sommes-nous pas tous de la même humanité ? Si la peau est parfois différente, le cœur et le sang n’ont-ils pas partout la même couleur ?
Au moment où renaissent des peurs ancestrales à propos de la migration, il est bon de rappeler que l’intégration des différences humaines élargit les horizons d’un peuple et enrichit son âme. Sur nos monts quand le soleil annonce un brillant réveil, n’est-il pas un cadeau destiné à tous puisqu’il n’y en a qu’un seul, le même pour tous ?
1646 signes Claude Ducarroz
jeudi 18 août 2011
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