dimanche 28 août 2011

Homélie de la dédicace de la cathédrale

Dédicace de la cathédrale 2011

Bon anniversaire, chère cathédrale !

La dédicace, c’est la consécration d’une église pour le culte du Seigneur et le rassemblement de la communauté chrétienne. L’histoire nous apprend que la première église, déjà dédiée à saint Nicolas de Myre, a été consacrée par l’évêque de Lausanne Roger de Vico Pisano le 6 juin 1182, soit exactement 25 ans après la fondation de Fribourg par Berthold IV de Zaehringen. C’est l’anniversaire de cette consécration que nous commémorons aujourd’hui.
La dédicace de la cathédrale St-Nicolas de Fribourg ! La cathédrale, oui, mais pas depuis très longtemps puisque cette église fut déclarée cathédrale le 17 octobre 1924 seulement, soit il y a moins d’un siècle.
Si l’on veut honorer ce sanctuaire dans la totalité de sa longue vie, il faut évoquer les trois étapes de son histoire, qui d’ailleurs se superposent au lieu de s’exclure.

I. De 1182 à 1512, cette église a d’abord été exclusivement une église paroissiale, la seule église paroissiale de Fribourg. Elle continue d’être d’abord une église de paroisse qui réunit la communauté chrétienne de ce quartier blotti autour de son clocher en forme de haute tour pointant symboliquement vers le ciel.
Il est bon de rappeler peut-être ce qu’est une paroisse ou plutôt sa mission dans le contexte d’aujourd’hui.

* La paroisse, dans et autour de son église, doit d’abord nourrir celles et ceux qui viennent, les nourrir de la parole de Dieu, les combler du pain eucharistique, les guider dans la prière.
Nous le savons bien, aujourd’hui les « pratiquants », comme on les appelle, sont moins nombreux que jadis. Mais ce doit être une raison supplémentaire pour que nos liturgies soient nourrissantes, belles et chaleureuses, d’autant plus que notre église rassemble souvent des fidèles venus d’ailleurs qui cherchent, comme nous, un aliment substantiel et si possible savoureux pour leur foi et leur espérance.
* La paroisse, c’est ensuite un lieu d’accueil pour tous les passants, et ils sont de plus en plus nombreux. Je veux parler des touristes certes, mais surtout des « passants » dans leur vie, de celles et ceux qui cherchent un sens à leur existence sans adhérer nécessairement à une Eglise ou à une religion. Dans son église et autour de son église, une paroisse doit être une station-service pour ces « passants de l’Eglise », de sorte que les chrétiens deviennent des « passeurs d’Evangile » par leur esprit d’accueil, de solidarité et de témoignage.
* Enfin, la paroisse ne doit jamais se replier sur elle-même. Ses paroissiens, réguliers ou occasionnels, elle doit sans cesse les envoyer au loin. Je veux dire au large de notre société, dans ce monde passionnant et aussi angoissant, là où le Seigneur nous donne rendez-vous avec son Esprit, pour construire avec tous les hommes de bonne volonté, quelle que soit leur religion, une humanité de fraternité, de justice et de paix.

Voilà pour l’église paroissiale, cœur de la vie chrétienne pour celles et ceux qui veulent suivre le Christ en se donnant la main.

II. Cette église est ensuite devenue- c’était le 20 décembre 1512- une collégiale, autrement dit l’église d’un chapitre de chanoines. En effet, à la demande des autorités civiles de Fribourg, le pape Jules II a érigé cette église en sanctuaire confié à un collège de prêtres –les chanoines dirigés par un prévôt- qui assureraient le ministère en toute autonomie, ce qui signifie indépendamment de l’évêque de Lausanne mais en communion avec lui, évidemment.
Notre chapitre de chanoines va donc célébrer l’an prochain les 500 ans de son existence. Ce sera l’occasion de rappeler son rôle très important dans l’histoire de notre ville et de notre canton, notamment au temps des réformes protestantes et catholique, soit au 16ème siècle. Et bien plus tard aussi, jusqu’à nos jours, dans la mesure où le chapitre de St-Nicolas a toujours vécu en symbiose avec notre peuple dans les heurs et parfois les malheurs de son histoire. Nous aurons donc bientôt l’opportunité d’en reparler et même de fêter avec vous.

III. Enfin, troisième étape de l’histoire de cette église : 1924, la collégiale devient cathédrale pour l’évêque de Lausanne, Genève… et Fribourg, un titre ajouté à ce moment -là. Dès lors, les principaux évènements de notre grand diocèse se passent dans ces murs. Nous sommes en attente d’un nouvel évêque. La dimension diocésaine va se manifester une fois de plus lors de la consécration de notre nouveau pasteur comme elle s’est vécue, par exemple, lors de la sépulture de Mgr Bernard Genoud, et dans bien d’autres circonstances de la vie du diocèse.

Nous sommes donc dans une église à trois fonctions superposées. Il faudrait ajouter que notre cathédrale abrite aussi les grands évènements de la ville et du canton parce que nous sommes en république où, sans confusion mais sans séparation non plus, les autorités de la commune et de l’état tiennent à collaborer avec les Eglises –et réciproquement- pour le meilleur bien de notre population.

A travers toutes ces fonctions, riches et variées, notre cathédrale St-Nicolas est là pour nous aider à faire Eglise tous ensemble, non pas comme un monument relique d’un passé prestigieux mais révolu, mais pour nous inciter sans cesse à incarner aujourd’hui les énergies de l’Evangile en nos vies, dans l’Eglise et dans la société. C’est de là que surgissent les sources vives du baptême, de la parole de Dieu et des autres sacrements. C’est de là aussi que doivent partir les chrétiens conscients de leurs responsabilités, d’une part pour faire vivre leur communauté d’Eglise en pierres vivantes qu’ils sont, d’autre part pour transmettre aux générations futures les trésors de l’Evangile en paroles et en actes, et enfin pour imprégner notre société des valeurs humaines que le Christ est venu apporter au monde.

Cette église, c’est donc une longue histoire. Mais c’est surtout un avenir à construire tous ensemble, dans la variété des charismes et des fonctions, avec la grâce de Dieu, pour sa gloire et le salut du monde.

Claude Ducarroz


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