jeudi 28 mars 2013

Homélie du Jeudi-Saint


Homélie de Jeudi Saint 2013


Jeudi Saint : un multipack d’amour. « Car Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. » Un feu d’artifice de cadeaux, avec une merveilleuse concentration ce soir, la veille de sa mort.

D’abord lui-même, sa présence en personne, lui qui nous a promis d’être là au milieu de celles et ceux qui se rassemblent en son nom. Jésus, c’est le don de Dieu par excellence, le présent du Père toujours présent. Comment avec lui, se demandait l’apôtre Paul, Dieu ne nous aurait-il pas tout donné ? Il l’a fait !
Et cette grâce de Dieu faite homme nous arrive le cœur débordant et les mains pleines, aujourd’hui encore.

Il nous parle encore. Oui, il nous adresse la parole, comme un ami parle à un ami, à travers le murmure de ses confidences recueillies dans la Bible pour être sans cesse répétées à l’oreille de notre cœur. Personnellement et en communauté.

Et puis il pousse jusqu’au partage suprême, comme sur la croix bientôt. Qui pourrait aller plus loin, et surtout plus profond, que celui qui nous offre son corps livré et son sang versé pour inventer une merveilleuse communion entre lui et nous ? Dans l’eucharistie se réalise une rencontre de type conjugal puisque, en absorbant le pain et le vin consacrés dans notre pauvre corps –« Prenez, mangez, prenez, buvez… »-, Jésus nous promet qu’il demeure en nous et nous en lui. Quoi de plus intime, même si ça reste infiniment mystérieux du moment que c’est une affaire d’amour, à la mesure de Dieu lui-même ?

Il faut des personnes de service pour mettre à la disposition de tous la parole et le pain de la vie divine. Alors c’est un bouquet de ministères et de charismes.
Certains sont ordonnés, comme les évêques, les prêtres et les diacres, les premiers serviteurs de la communauté, à plein coeur et souvent à plein temps. Ces « intendants des mystères de Dieu », comme les appelle saint Paul, sont très précieux et même indispensables pour présider au partage pascal sur la table eucharistique.

Sachons remercier le Seigneur pour ceux que le Seigneur nous a envoyés et nous envoie encore, depuis le nouveau pape jusqu’au dernier vicaire en passant par notre jeune évêque. Et comme il nous faut continuer de prier pour que de tels ministres soient encore plus nombreux, peut-être par des chemins nouveaux dans leur vocation et leur formation, ainsi que l’Eglise a su l’imaginer jadis ou ailleurs.

Heureusement, au service de l’eucharistie, il n’y a pas que les prêtres.
Nous apprécions, surtout dans notre magnifique cathédrale, les hommes et les femmes qui préparent, servent et embellissent nos liturgies, assurent des accueils, maintiennent une ambiance à la fois de beauté et de recueillement.
 Il nous faut saluer et remercier celles et ceux qui, dans les lieux de souffrance et de solitude, vont apporter le réconfort de la parole de Dieu, de la  présence eucharistique et de la prière grâce à leur visite fraternelle selon l’esprit de l’évangile. Grâce à elles et à eux, les hôpitaux et les homes, les chambres des malades et même les prisons deviennent des lieux eucharistiques.

Oui, faites tout cela en mémoire de moi, redit sans cesse Jésus à celles et ceux qui servent le mystère eucharistique de toute leur foi, de tout leur amour, de toute leur disponibilité.

Mais ce soir surtout, n’oublions pas un autre trésor encore. Car Jésus emploie à son sujet presque la même formule que pour l’eucharistie elle-même : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns les autres … comme j’ai fait pour vous. »

Que serait l’eucharistie s’il n’y avait pas aussi le lavement des pieds ? Ce n’est pas un hasard si ces deux gestes sont ainsi liés l’un à l’autre dans la grande démonstration d’amour de Jésus la veille de sa mort. Ne séparons jamais ce que Jésus a si bien uni.

Tout ce qui est vécu sous la forme du service dans l’esprit du lavement des pieds, c’est l’eucharistie qui se prolonge, c’est le même amour qui se diffuse, c’est la même présence mystérieuse qui rayonne. Une autre forme de présence réelle puisque Jésus nous a dit : « Tout ce que vous faites à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous le faites. »

Et que ce soit notre bonheur, une joie à double face, selon cette promesse de Jésus juste après la première eucharistie et le premier lavement des pieds : « Sachant cela, heureux serez-vous, si vous le faites. »
 Oui, comme un cadeau reçu, comme un cadeau partagé.

                                               Claude Ducarroz

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