Rôle et responsabilité dans la paroisse à la lumière du concile Vatican
II
La paroisse
A-
Définitions
1- Que signifie le terme "paroisse", en
général?
Le mot
"parokia" (paroisse) désigne ceux qui sont "proches des
maisons". Ils ne sont pas dedans mais à côté, de passage mais en lien avec
ceux qui sont dedans. Une paroisse, c'est un lieu où la fraternité chrétienne
s'ouvre sur d'autres fraternités. On est auprès des gens. La paroisse n'est pas
un château-fort, mais une présence de proximité. C'est une maison dans laquelle
on peut se sentir tout à la fois un peu "étrangers" mais en même
temps très proches les uns des autres. Une maison qui nous accepte à
l'intérieur mais aussi à l'extérieur.
2- Comment définit-on la paroisse dans le Nouveau
Testament (NT)?
Les Epitres de Paul sont très éclairantes à ce sujet. Paul s'adresse
aux chrétiens de son temps:
-
Il y a d'abord la maison d'une personne: "Saluez Nympha et
…l'Eglise qui se réunit dans sa maison" (Col 4,15),
-
Puis il y a ceux qui
s'assemblent dans la maison, autour d'une famille:
"Saluez Prisca et Aquilas, mes
collaborateurs en Jésus-Christ, saluez également l'Eglise qui se réunit chez eux" (Rm
16,3)
On voit donc, à travers les lettres de Paul, des constellations
communautaires variables, en croissance, d'où émergent peu à peu des fonctions,
des services. Une personne a des capacités particulières, on la désigne, on la
présente au Seigneur, parfois on l'élit. C'est une réponse aux besoins, dans
l'esprit de l'Evangile. On y découvre Paul comme « pontife », celui qui crée
des ponts entre les communautés.
-
Un peu plus tard, il écrira
"imitez les Eglises du Christ qui sont en Judée", ça devient une région. Le caractère ecclésial
s'agrandit par cercle s concentriques. Paul est l'agent de liaison
qui rassemble toutes les Eglises qu'il a fondées, en un vaste réseau. Cela
devient l'Eglise universelle, une Eglise faite d'Eglises. Mais toujours, il
parle de: l'Eglise de Dieu ou de l'Eglise du Seigneur.
Peu à peu émerge un beau mystère qui nait tout petit au départ,
devient de plus en plus vaste jusqu'à embrasser l'Eglise universelle. Et ça
redescend, à l'étage inférieur, vers le Peuple de Dieu, dans un va-et-vient
continu entre la tête et la base. Fondé sur l'expérience juive -"vous êtes
le Peuple de Dieu“- ce "Peuple de Dieu" devient le Corps du Christ.
Il y a transfert de l'Israël à l'Eglise universelle.
-
Chez Paul prédomine le souci de
ne pas perdre l'Incarnation, à un niveau modeste. Chacun est un membre du corps
du Christ, depuis celui qui a un rôle très visible jusqu'aux humilités les plus
cachées : chacun exerce un service différent.
Dans le NT on ne parle pas d'église-bâtiment, cette notion apparaît
seulement depuis Constantin. Mais la "maison" s'édifie. C'est un
chantier où ça bouge, avec un architecte: Dieu, des ouvriers qui bâtissent, un
fondement: la Parole de Dieu. Et le temple, c'est vous. Ce temple est sacré:
c'est vous qui êtes tous "sacrés".
En résumé, on
constate toute une vitalité dans le NT.
Nympha, un
individu: sa maison
Prisca et
Aquilas: un couple, leur maison, une maison qui s'ouvre.
Puis, la Judée,
une connexion dans une région Et ça monte en mystique, en mystère: du Peuple de
Dieu au Corps du Christ et au corps mystique.
La paroisse est
l'une des institutions qui "tient" dans le contexte de ce terreau, de
ce mystère. Elle organise une manière de faire Eglise qui évolue, qui a un
passé et un avenir.
C'est dans cette
mer que nous devons nager pour faire surgir nos communautés paroissiales. Ce
n'est pas un concept sociologique mais théologal! Cela nous donne de la liberté
pour l’adapter, dans l'histoire, en restant fondés sur des racines. Nous sommes
donc tous héritiers et acteurs d'un grand mystère ecclésial dont la paroisse
est un élément important.
3. Comment définit-on la paroisse dans les documents
récents de l'Eglise universelle?
Jean XXIII
C'est le
poète-paysan. Il présente la paroisse comme la fontaine au milieu de la place
du village, où chacun vient puiser l'eau vivifiante de l'Evangile. Une
fontaine, tout le monde peut venir y puiser. Mais plus important que la
fontaine, c'est l'eau, l'Evangile. On boit l'eau, on ne mange pas les tuyaux!
Maintenant dans les grandes paroisses citadines, c'est plus difficile de
comprendre une image aussi "villageoise".
Concile Vatican II
Le concile met
l'accent sur un apostolat communautaire qui insère toutes les individualités,
toutes les diversités humaines dans l'Eglise universelle. Toutes les diversités
humaines, cela signifie que le tout-venant doit pouvoir se sentir à l'aise, pas
d'exclusion! Il s'agit de diversités en lien, en réseau. Ce n'est pas une
secte: on y pratique un accueil plus large que la petite communauté centrale,
on y forge une communion.
Ça fonctionne comme
le cœur: il reçoit le sang qui est ramené au centre du corps et le renvoie aux
extrémités. Il faut 2 mouvements: recevoir et renvoyer, sinon c'est la mort.
Dans la paroisse, il faut ce fonctionnement du cœur, un fonctionnement cordial.
Mais, cette paroisse cordiale, il faut la vouloir, la préparer, l'imaginer, en
donner les signes. Là où c'est cordial, on se sent bien et le cardiaque va
mieux.
Paul VI
Il présente un
programme aux paroisses. C'est à elles de pratiquer avec dévouement l'humble
fraternité des œuvres, de créer la communauté, de favoriser la prière et la
louange, de témoigner de l'Evangile en le faisant rayonner, de diffuser la
parole de Dieu, de l'annoncer en la vivant. Un programme qui se retrouve dans
toutes nos paroisses avec des accents différents. Attention, dès qu'on se croit
Eglise, on se prend pour l'Eglise! Mais il y en a d'autres qui sont Eglise.
Quand on dit que l'Eglise c'est nous, pense-t-on aussi aux autres? La paroisse
n'est pas la propriété privée du curé, c'est la fontaine du village, même en
ville!
D'autres images
encore pour insister sur la pluralité, la diversité, car il y a pluralité des
questions et pluralité des réponses: c'est l'arc-en-ciel, c'est multicolore.
C'est difficile de garder le pluralisme des offres qui correspond au pluralisme
des besoins. La paroisse doit pouvoir jouer avec toutes les couleurs. Il peut y
avoir une couleur dominante, comme dans un vitrail, mais pas une seule couleur.
La paroisse est
une famille avec plusieurs enfants, non une "paroisse-célibataire";
il faut faire de la place autour de la table pour tous.
Jean-Paul II
Il aime à
répéter "la paroisse, c'est l'Eglise elle-même qui vit au milieu de ses
fils et filles". Maison de famille, fraternelle et accueillante,
communauté de foi. Mettre l'Eglise au milieu du village, c'est bien, mais ce
doit être le signe d'une paroisse avec une pastorale de proximité. La proximité
ne peut advenir que par l'engagement de plusieurs, de beaucoup. C'est nous, on
en est responsable, on en est les
porteurs. L'incarnation est ce qui donne chair, ce qui donne vie. S'il n'y a
pas la pluralité des services, des manières de faire, des ministères, c'est
boiteux et on tombe, c'est difficile d'avancer.
Le prêtre n'est
pas un homme orchestre, il doit devenir le chef d'orchestre qui vérifie que
chacun puisse jouer son instrument. Il y a des chefs d'orchestre autoritaires
et d'autres qui sont heureux de voir que chacun joue bien sa partition, qui
sont reconnaissants à leurs musiciens de bien jouer, harmonieusement.
B-
Les missions de la paroisse
On ne parle pas de monopole mais de service!
1- Le témoignage de
l'Evangile
-
rayonner l'Evangile, ce n'est
pas d'abord l'Eucharistie mais d'abord l'Evangile. Paul a commencé par la
parole de Dieu annoncée et diffusée.
-
annoncer la parole de Dieu, en
la vivant. Ça commence par l'annonce dans la famille. Lorsque la parole de Dieu
circule quelque part, la paroisse est en germe. Les mamans catéchistes, les
visiteurs de malades qui lisent un petit bout de la Parole aux personnes
visitées, c'est l'irrigation, la sève de la communauté chrétienne. Lorsqu'on se
réunit autour d'une Parole, ça vit.
Il est probable qu'émergent bientôt des communautés qui ne pourront
se rassembler régulièrement qu'autour de la Parole, en attendant que
l'Eucharistie puisse être célébrée plus occasionnellement. Sans rassemblement autour de la Parole, il
n'y aurait vite plus de rassemblement du tout, car la communauté s'étiolerait.
Il faut se préparer à une irrigation des paroisses par la Parole, c'est
l'avenir. C'est donc une adaptation du modèle paroissial qui doit pouvoir se vivre
aussi et qui n'est pas moins "chrétien".
Le Christ honore également deux tables, ou plutôt les deux côtés de
la même table. Le Christ se donne, s'offre et nous nourrit par le Pain et par
la Parole. Dans une messe il y a les deux côtés. On peut vivre des petits
rassemblements autour de la Parole, même en famille.
C'est moins structuré mais c'est toujours l'eau de la fontaine.
A moins d'un changement de politique de l'Eglise concernant l'accès
à la prêtrise, il y aura de moins en moins de prêtres. Alors nous devons tous
œuvrer à garder la vitalité de l'Evangile à travers la transmission de la
Parole.
2- Le beau service de la liturgie, de la célébration
La messe, c'est la Source, le Sommet. On est des privilégiés de
l'Eucharistie, chez nous. Apprécions la, faisons-en une fête. Mais la réalité
fait qu'on ne pourra plus exiger partout une messe par week-end. Là où ce
cadeau existe, raccrochons-nous, rassemblons-nous autour. Mais ne soyons pas
des "égoïstes" de l'Eucharistie, il faut pouvoir la partager. Vouloir
des messes partout, c'est tuer les prêtres et tuer les communautés si elles ne
savent pas se réunir autrement.
Dans la messe, l'important est de vivre aussi la fraternité, la fête
de famille. Il ne s'agit pas d'un rassemblement de solitudes sacrées. Ce n'est
pas la quantité des messes qui fait la beauté de l'Eglise, mais la qualité du
rassemblement festif et solidaire. Il faut un minimum de préparation, de
beauté, d'animation. Il ne s'agit pas d'un objet commercial, on fait du signe
et on en vit!
Il y a aussi des gestes et des vies qui parlent plus que des
paroles. Ce qui est beau pour un prêtre, c'est de pouvoir aller à la pêche à la
sainteté chez les gens. Il admire souvent ce qui se vit autour de lui.
3-
Le service de la diaconie
La paroisse n'est pas purement spirituelle, on n'est pas des anges.
Elle doit être profondément enracinée dans le milieu, se manifester dans des
solidarités gratuites. Le rayonnement de l'amour est gratuit, mais il faut
organiser des solidarités sociales et cela peut se faire avec d'autres, pas
seulement avec des catholiques ou des chrétiens.
La diaconie est une des dimensions de la paroisse, qui reconnaît le
Christ dans l'autre. Les incroyants qui exercent ce service avec nous ne savent
peut-être pas reconnaître le Christ, mais ils agissent et ils le reconnaîtront
probablement plus tard. C'est tout un peuple qui s'organise pour
"communier" dans l'amour du prochain pauvre, rejeté, souffrant; qui
s'humanise, inspiré par le Christ, en collaboration avec d'autres et qui
reconnaît le Christ dans l'autre. On n'a pas à choisir ses pauvres, ce sont eux
qui nous choisissent et nous évangélisent.
Conclusion
En 1992, le Catéchisme de l'Eglise catholique définissait ainsi la
paroisse : "La paroisse est une communauté précise de fidèles qui est
constituée d'une manière stable dans une Eglise particulière, et dont la charge
pastorale est confiée au curé, comme à son pasteur propre, sous l'autorité de
l'évêque diocésain. Elle est le lieu où tous les fidèles peuvent être
rassemblés par la célébration dominicale de l'Eucharistie. La paroisse initie
le peuple chrétien à l'expression ordinaire de la vie liturgique, elle le
rassemble dans cette célébration; elle enseigne la doctrine salvifique du
Christ; elle pratique la charité du Seigneur dans des œuvres bonnes et
fraternelles". No 2179
C'était il y a 20 ans! A cette époque, on pouvait dire en général
:"chaque paroisse a son curé". Ce n'est plus le cas. Il nous incombe
donc de nous adapter pour que les communautés restent vivantes.
Ausculter le village
Revisiter les maisons pour
revisiter les personnes
1- Le constat
La religion semble s'effacer dans la civilisation
occidentale aujourd'hui. Benoit XVI constate : "L'Europe est fatiguée
du christianisme".
On sent un mouvement qui voudrait que les activités humaines volent
de leurs propres ailes sans avoir le regard du "Commandeur". On veut
avoir son appartement religieux à soi, comme des ados qui veulent s'émanciper
de leurs parents, être libres!
Cela entraine une perte d'influence de l'Eglise et des croyants qui
paraissent marginalisés, étranges, "étrangers".
Se laisser réduire au silence est une mauvaise tentation. On a le
droit d'exister, de parler. On a la carte de l'Evangile à jouer, à nous de la
jouer.
Plus qu'une disparition du religieux c'est une redistribution du
religieux. On redistribue les cartes, on les re-brasse. Autrefois, elles
étaient données au moment de la naissance.
Les institutions souffrent parce qu'on met en priorité
l'individualisation de la religion. On se fabrique sa religion à soi, on
remplit son caddie à volonté, à la carte, selon des circonstances variables, on
prend et on laisse ce que l'on veut. On est dans le bricolage, le braconnage,
le zapping… Les jeunes ont une fascination du zapping. On est auteur de son propre
chemin de vie, on ne veut pas se laisser embobiner par une structure, une
autorité.
On a besoin de spiritualité, de valeurs mais on veut se les faire
provisoirement, plutôt que de les recevoir définitivement. La religiosité qui
m'aide à me réaliser, qui me fait du bien, remplace la religion. Est vrai ce
qui me fait du bien, immédiatement. "je préfère le vin d'ici à l'au-delà
(l'eau de là!)" On cherche la bonne ambiance, (c'est devenu le
Saint-Esprit !). Le besoin d'affectivité, d'émotions domine, loin des systèmes
figés, avec des prétentions universelles. De plus il y a le climat issu du bain
"électronique", les tablettes, les I-phones….
Tout va très vite
L'Eglise catholique paraît dépassée avec ses traditions morales,
liturgiques anciennes et importantes, son souci de recevoir, conserver et
transmettre son système hiérarchique fort, autoritaire, sa prétention à
l'universel, à la vérité et sa référence à Dieu.
La société veut aujourd'hui une religion de tolérance. Le choc des
mentalités, des civilisations provoque la remise en question de nos
institutions religieuses.
Il ne s'agit pas de s'adapter au monde dans un sens facile, mais
infidèle. Il faut être dans le monde sans être du monde.
Edifier au milieu du village et pas sur les montagnes!
2- L'action
a) Un témoignage fort
Un témoignage fort pour faire connaitre et souligner les vérités
éternelles, car elles existent! Nos églises (toutes les Eglises chrétiennes)
n'ont pas toujours appliqué l'Evangile, mais elles n'ont pas changé l'Evangile!
Jamais!
Paul VI l'a constaté "les gens d'aujourd'hui ont besoin de
maîtres mais encore plus de témoins". Les jeunes sont sensibles au vécu
des gens, à leur témoignage dans leur vie. On a des saints aujourd'hui, connus
ou inconnus. Nous pouvons tous être témoins, avec la force et la grâce de
l'Esprit-Saint que nous devons demander pour que nos paroles soient solides et
crédibles.
b) Le débat et les
conditions à créer
Notre société a la culture du débat, du dialogue, de la
recherche. On remet tout en question. On en parle, alors parlons-en. Il faut de
la place, dans nos communautés, pour débattre, réfléchir à ce que nous croyons
et oser en parler avec d'autres sans avoir peur que nos vérités se brassent
avec les vérités des autres qui ont aussi le droit d'avoir leurs propres
opinions.
-
Ménager des espaces où on peut
exprimer sa foi (ce qu'on croit face à d'autres qui croient autrement, qui sont
différents) tout en respectant leur liberté, leur conscience, leur droit à la
liberté et à la liberté de conscience. C'était plus facile autrefois: il n'y
avait qu'à suivre, c'était plus confortable. La conscience est un sanctuaire,
un espace sacré, où chacun est en face de Dieu et en face de lui-même, en
dialogue avec Dieu.
-
S'efforcer de créer des liens
qui ne soient pas des chaînes! Des liens tellement bons qu'ils n'aient pas le
défaut des chaînes, qui nous permettent d'être reliés (religion) et non
enchaînés.
-
Offrir des références
attirantes qui construisent, qui ouvrent plutôt que d'enfermer dans des
appartenances, (un fichier, une cartothèque, un membre obligatoire et obligé!).
Non appartenir, mais participer.
On est dans le brassage. L'internet va dans le monde entier en 1
seconde. Les héritiers (nos enfants et petits enfants) sont désormais des
pèlerins avant d'être des convertis. Nous étions des héritiers, des sédentaires
qui recevaient, acceptaient. Maintenant, les héritiers deviennent des pèlerins,
des nomades. Ils veulent chercher, découvrir, redécouvrir, avant de devenir des convertis, des convaincus.
Tout est en mouvement!
3) Qu'est-ce qui reste, actuellement, dans notre
société?
On peut distinguer 3
couches:
-
Une "chrétienté" qui se rétrécit: le
petit reste des convaincus, pratiquants qui trouvent dans l'Eglise de quoi
donner un sens à leur vie.
-
Le "christianisme", ceux qui sont
plus ou moins participants, sur mesure. Ils prennent la communion, le mariage,
ce qui "leur fait du bien", mais appartiennent peu à la communauté.
"Croyants non pratiquants", ils sont des membres passifs qui ne
veulent pas être "affiliés" à l'Eglise.
-
La "christianité" ceux qui sont
influencés par l'Eglise et son rayonnement sans être en lien avec elle. Ils
restent sur la "plage" mais la marée les atteint parfois. Ils sont
encore de l'Eglise, ils en vivent sans le savoir.
Ces trois degrés sont l'œuvre du Christ qui s'accomplit. Le
rayonnement du Christ a touché les foules, pas seulement les disciples et les
apôtres.
Ceci nous
incite à changer de regard
porter sur le monde un regard fraternel, (comme l'a
fait le Concile), y compris sur ceux qui ne sont pas de notre famille,
n'accepteraient pas d'y entrer formellement, mais y sont plus qu'ils ne
croient.
porter sur la paroisse un regard neuf. Les
conditions, en 2012, ne sont plus celles de 1992. La paroisse ne peut plus encadrer
toute la vie et toutes les vies. La paroisse impérialiste: tout était en elle
et passait par elle, c'est fini! C'est une communauté réduite des convaincus
avec des "autres" qui peuvent continuer à bénéficier des lumières,
des chaleurs de l'Evangile, même sans le savoir.
Les
conditions pour réussir ces nouvelles paroisses
a ) Il faut apprendre à :
respecter la
mobilité physique et intérieure des "plus ou moins détachés – reliés"
(le christianisme)
miser sur des
moments forts, avec de la créativité et des signes qui parlent
soigner ces points
forts: liturgie, fêtes, traditions villageoises, des rendez-vous significatifs
qui frappent par la beauté, la fraternité de ce qui s'y vit, pour que les
"autres" (la christianité) puissent continuer à bénéficier des
lumières, du bonheur, de la chaleur de l'Evangile, même s'ils ne le
reconnaissent pas.
b) Reconnaître les tâches,
les missions essentielles de la paroisse:
nourrir ceux qui
viennent par la prière, par l'homélie soignée, solide dans la vie, basée sur
l'Evangile,
accueillir ceux qui
passent, par l'information, le panneau d'accueil, le bulletin paroissial, une
entrée de l'église soignée et attirante,
renvoyer vers ceux
qui sont au loin. C'est la dimension missionnaire, on est aussi là pour ceux qui
sont loin. Continuer de venir, sans accepter d'être envoyés vers les autres,
c'est tout faux!
Faire attention
à ceux qui passent, si on les culpabilise, si on leur reproche leur peu de
présence, c'est le contraire de ce que faisait Jésus.
c) Offrir à tous un espace
dans une mentalité d'accueil.
reconnaître la
pluralité des ministères et des charismes.
l'Eglise est
comparable à un orchestre symphonique dans lequel chacun joue sa partition dans
la variété des charismes. L'Evangile est la symphonie du Christ au cœur du
monde.
Dans le petit orchestre de
la paroisse, le curé est comme le chef d'orchestre ou le 1er violon qui prend
en compte la pluralité des compétences de chacun et crée des liens. Chacun a sa
place, son petit coin, mais il n'y a pas de "petit coin" pour
l'Evangile.
Conclusion
Avec un noyau fort, intense, une vie spirituelle partagée, bien
enracinée, on peut avoir des communautés parlantes (l'Evangile est transmis),
rayonnantes (l'amour existe entre nous et déborde sur les autres),
transparentes (à travers nous, les autres peuvent voir la personne du Christ).
Humblement parlantes, chaleureusement rayonnantes pour que les
autres reconnaissent le Christ en elles.
Claude Ducarroz
Mars 2013
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire