Lourdes 2013 1
Célébration pénitentielle
Et vlan !
Avez-vous déjà fait cette expérience ?
Quelqu’un vous claque la porte au nez. Ça ne vous fait pas
plaisir.
Et vous avez envie de dire au malotru – peut être
l’avez-vous-même dit – « Vous ne pourriez pas faire attention, avoir un
peu de respect ?... Un peu de politesse voyons ! »
Souvent ce n’était pourtant qu’un
péché véniel. Passons !
Mais parfois, le bruit sec de la porte contient un message
qui veut dire : « Non, pas vous ! Je ne veux plus vous voir ni
vous rencontrer ».
On appelle cela l’évitement – comme le prêtre et le lévite
entre Jérusalem et Jéricho – vous vous souvenez !
On peut aussi nommer cela l’exclusion, le rejet, le mépris
de l’autre.
Si nous en avons été victimes, le bruit de cette porte qui
claque habite peut-être encore notre mémoire. Ça saigne encore de temps en
temps, là, en dedans.
Un jour, Jésus a eu
l’imprudence de dire à ses amis : « Je suis la porte. Si quelqu’un
entre par cette porte, il sera sauvé. Il trouvera de quoi se nourrir ».
Bel optimisme !
Jésus voulait jouer
totalement à « portes- ouvertes », et voici que Pierre - un bon ami
pourtant - lui claque la porte au nez, dans l’évangile de ce jour, au moment
même de la suprême épreuve. Faire ça à Jésus !
« Je ne connais pas
cet homme ! »
2
Qui d’entre nous peut
dire qu’il n’a jamais été ce Pierre-là, celui de la porte qui claque dans un
non à Dieu ?
Refuser d’aimer Dieu…. ou
de se laisser aimer par Lui, ce Dieu qui est un pauvre infiniment vulnérable
puisqu’il souffre de cette divine limite : parce qu’il est Amour, Il ne
peut jamais cesser d’aimer, même ceux qui ne l’aiment pas.
Mais ça ne nous empêche
pas de résister aux courants d’air de son Esprit lorsque nous refusons de
prendre du temps pour l’écouter dans sa parole, pour goûter au repas eucharistique
de son fils, pour lui murmurer « papa-Abba » dans la prière. Et le
Bien-Aimé devient en nous le Grand-Oublié.
Et puis il y a toutes ces
portes qu’on fait claquer à la figure des autres, dans le soft ou dans le hard
rock de nos manques d’amour, la danse pitoyable des crocs-en-jambe tendus aux
autres –dire sans faire par exemple – jusqu’à avoir plus de plaisir à leur
faire du mal que de joie à leur faire du bien.
Mais maintenant, peu
importe. Nous sommes à Lourdes, près des sources qui purifient. Nous n’allons
pas refaire tous les comptes, car nous ne sommes pas l’UBS de l’évangile. Dieu
est le dernier en mathématiques parce qu’il est le premier en amour.
Il nous dit
maintenant : « présentez-vous devant moi, tels que vous êtes avant la
douche. Voyez ! une porte est grande ouverte. Elle a la forme d’un cœur,
celui de mon fils transpercé sur la croix. C’est Lui à la fois la porte et le
portier de mon amour majuscule. »
Au lieu de nous mettre à
la porte de son amour, il nous redit : « entre, vois, bois ».
Entre puisque son côté
est ouvert, et le reste éternellement.
Vois jusqu’où peut aller
une vie donnée par amour, y compris l’amour de ses ennemis.
3
Bois : c’est pour
toi qu’ont coulé le sang et l’eau, et que coulent encore l’eau du pardon et le
sang de la Cène, que l’Eglise refait en mémoire de Jésus pour la rémission des
péchés. Les tiens, les miens et ceux de la multitude.
Un cœur ouvert sur une
misère, la tienne et toutes les autres : on appelle ça la miséricorde.
Elle a même un sacrement pour se dire et pour se faire : la
réconciliation.
Peut-être dis tu :
ce n’est pas pour moi. Je suis trop misérable. Ou je ne sais que dire ni que
faire. Non ! Accroche toutes tes misères à ce cœur là.
Et viens te glisser au
milieu de celles et ceux qui se trouvaient là, aux sources de la première
miséricorde « à cœur ouvert ». Il y avait l’Immaculée, évidemment,
pas parce qu’elle n’avait pas besoin du salut, mais parce qu’elle fut plus sauvée que les autres.
Prends place entre les larrons et Marie-Madeleine, dans la pauvre compagnie des
pécheurs pardonnés, celles et ceux qui se sont trouvés tellement mieux en
entrant dans la maison de l’amour crucifié et ressuscité, par la sublime porte
de la miséricorde.
Humblement….. joyeusement ! Comme les
larmes de Pierre.
« Père,
pardonne-leur.
Aujourd’hui, tu seras
avec moi, dans le paradis. »
Claude Ducarroz
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