Lourdes
2013
Méditation d’entrée
Une porte s’ouvre. La naissance à la fois
violente et tendre. Maternelle. La vie commence en ce monde. Bienvenue au club
des vivants. Tu es né à l’existence. Quelle merveille ! Bravo et
merci !
Deux portes s’ouvrent, la famille. Des portes larges
comme l’amour. Les bras de maman et ceux de papa. Tu étais attendu. Te voilà
accueilli. Tu es au chaud dans leurs cœurs. Il fait si bon se savoir chéri par
ceux qui nous ont donné la vie ou qui nous ont accueillis dans la vie.
Une porte s’ouvre – le baptême - au firmament
de Dieu. L’Amour majuscule -trois cœurs en un- te fait une trinité de tendresse
pour te dire « mon enfant ». Tu es baptisé au nom du Père, du Fils et
du Saint-Esprit. La porte de ce Dieu-là
ne se refermera jamais. Tu fais partie de la maisonnée divine.
Une porte s’est ouverte, la Foi. Essaie de ne
jamais la refermer. La porte de la confiance, qu’on appelle la foi. Croire, ce
n’est pas lire les affiches des vérités sur une porte fermée qu’il faudrait
enfoncer à coup de mérites. C’est frapper en douceur, comme un humble mendiant
certes, mais qui sait qu’il y a quelqu’un derrière, impatient de lui ouvrir, de
faire sa connaissance, de tout partager. Croire, c’est explorer la maison
d’amour qu’est Dieu lui-même, avec notre intelligence, avec notre cœur, avec
nos prières, avec nos richesses et nos pauvretés. Les mains nues mais toutes
tendues vers le Père, à la suite de Jésus, dans le vent de l’Esprit.
Une porte s’ouvre encore, c’est l’Eglise. Pas celle du bâtiment, mais celle de
la communauté, là où il fait bon se retrouver en famille parce que, qui que
nous soyons, nous sommes tous les enfants
d’un même Père, les frères et sœurs d’un même grand frère aîné, tous
traversés du même Souffle, celui de l’Esprit-Saint.
Une porte s’ouvre, la Bible en forme de livre débordant de bonnes
nouvelles. Car la parole de Dieu est en forme de bras quand nous la prenons
dans nos mains, quand nous l’invitons à éclairer notre intelligence, quand nous
la laissons descendre dans nos cœurs. L’évangile : une trouée de lumière
dans l’obscurité du monde et dans le brouillard de nos vies.
Une porte s’ouvre, le pardon. Tu l’avais fermée
par le mal toléré ou le péché commis. Heureusement, quelqu’un est venu frapper
à la porte de notre conscience. Il tourne en notre cœur endurci la clé de sa
miséricorde, et son amour est plus fort que notre prison. Nous avions dit non.
Il nous offre son pardon. Il y a même de la joie au bout de nos tunnels. Il
fait jour dans notre minuit.
Une porte s’ouvre. L’eucharistie. Celui qui a dit « Je suis
la porte » nous a invités à entrer. Dans la chambre de son hospitalité, la
table est dressée. Tout est prêt pour le banquet. Le pain, le vin :
prenez, mangez, prenez, buvez. Goûtez ! C’est pour vous : le corps et
le sang du Seigneur, pour vous qui avez faim, pour vous qui avez soif. Tout est
gratuit. Et tout est si bon !
Une porte s’ouvre. Il y a des blessés
devant la maison. Et peut-être même sur
la rue. Tous les cabossés de la vie, que nous sommes tous, à un moment ou
l’autre de l’existence. Qui va ouvrir -ou plutôt s’ouvrir- pour donner la main
aux plus faibles, pour relever avec douceur ceux qui sont encore par terre,
pour consoler ceux qui pleurent, pour encourager ceux qui souffrent ? Il
faut tant de bons cœurs pour transfigurer tant de misères en miracles de
compassion qui re-suscite, qui ressuscite. Et il y en a tellement ici, à Lourdes.
Aujourd’hui, et durant toute cette semaine, il
y a Lourdes, dans la forêt des dévouements, des sourires, des services, des
petits et grands gestes d’amour. Et puis toutes ces prières qui déchirent le
ciel, toutes ces liturgies qui chassent les nuages, tous ces cierges allumés
qui convoquent le soleil de Dieu en nous. Et toutes ces processions qui
frappent à la porte même d’un Dieu qui n’attendait que cela pour répondre, pour
ouvrir, pour marcher à nos côtés, pour tout partager en ami. Ce qu’il a ou
plutôt ce qu’il est : Amour, porte d’amour.
Et puis regarde dans la grotte de ton
cœur : le sourire de Notre-Dame, le clin d’œil de la maman, celle qui
tient « portes ouvertes » au restaurant du paradis.
Claude Ducarroz
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