samedi 11 juin 2011

Pentecôte 2011

Homélie
Pentecôte 2011
10 ans + Jacquy

Du vent et du feu. Mélangez le tout. C’est un incendie. Il y a beaucoup trop de pompiers en ce monde. Il nous faut des incendiaires. Des incendiaires de l’Esprit-Saint, des pyromanes de l’Evangile, des boute-feu de Jésus-Christ.
Calfeutrés dans leur Cénacle, paralysés par la peur, les apôtres étaient plutôt éteints, même s’il est dit que, « d’un même coeur, ils étaient en prière avec quelques femmes dont Marie, mère de Jésus, et avec ses frères. »
C’est dans ce contexte, priant mais frileux, que l’Esprit-Saint les a surpris, dans le bruit, le vent et le feu. C’est le grand chambardement de la Pentecôte. Car toute la maison fut remplie d’un puissant tintamarre et ils furent tous remplis de l’Esprit-Saint. Pour les apôtres, tout a basculé ce jour-là, comme tout avait basculé pour Jésus de Nazareth un certain matin de Pâques. Ils ne se sont jamais guéris de cette révolution spirituelle.
Mais ne l’oublions pas : nous sommes, nous aussi, les enfants du grand tsunami de la Pentecôte. Oui, nous sommes re-nés d’en-haut, nés de l’eau et de l’Esprit, à l’instar des apôtres, nous qui avons été baptisés, comme dit Jésus, « dans l’Esprit-Saint et dans le feu. Ce feu dont il désirait tant l’irruption : « Je suis venu apporter le feu sur la terre, disait-il, et comme je voudrais que déjà il fût allumé ! »

L’incendie de Pentecôte a d’abord bouleversé l’existence des apôtres, les premiers exposés aux radiations de l’Esprit. Ils reçoivent des dons qui leur permettent de se faire comprendre par des auditeurs très différents, chacun pouvant s’exprimer dans sa propre langue tout en étant compris des autres. C’est l’exact contraire de l’épisode de la tour de Babel, quand la confusion des langues a jeté la discorde parmi les hommes par impossibilité de la communication.
* Ils sortent de leur chapelle en forme de refuge douillet pour débouler sur la place publique, en pleine foule, au grand vent du monde, exposés qu’ils sont désormais aux risques et au dangers de la confrontations avec n’importe qui, y compris les indifférents et les hostiles de service.
* Pierre en tête, ils osent annoncer l’évangile de Jésus-Christ, autrement dit les mystère d’un crucifié ressuscité, comme le fera plus tard un certain Paul de Tarse, investi, lui aussi, par le même Esprit sur le chemin de Damas. Jusqu’à Athènes et finalement à Rome, il ne cessera de proclamer, comme il l’écrit à la petite communauté chrétienne de Corinthe : « Nous prêchons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens, mais pour tous ceux qui sont appelés, c’est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. »

Ceux et celles qui sont appelés, à savoir les enfants de la première Pentecôte, c’est l’Eglise, autrement dit ceux « qui ont été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps ». * * Ce furent les premiers croyants, ceux qui eurent le cœur transpercé par le premier discours de Pierre à la foule sur une place de Jérusalem et qui se firent baptiser au nom de Jésus pour le pardon de leurs péchés, non sans recevoir, eux aussi, une bonne ration d’Esprit-Saint.
* Ce furent ensuite, tout au long des siècles, l’immense cohorte de celles et ceux, les saintes et les saints, connus et inconnus, et la plupart glorieusement anonymes, qui, au milieu de toutes les tempêtes de l’histoire, n’ont jamais cessé de respirer avec le souffle de l’Esprit et d’illuminer le monde avec la flamme de l’Evangile.
Bien sûr, l’Eglise de tous les temps est faite de pécheurs. Il eut aussi, dans sa marche historique, des boiteux, des paralysés, des infidèles et même des scandaleux et des contre-témoins. Mais jamais, à aucun moment de son pèlerinage en ce monde, il n’a manqué à l’Eglise des enfants de Pentecôte qui sont partis au large de la sainteté en déployant les voiles de leur humanité pour les ouvrir et les offrir au souffle de l’Esprit.
C’est pourquoi cette Eglise, composée de toutes les variétés humaines, a traversé les siècles, conformément à la promesse du Christ qui dit à ses apôtres avant de souffler l’Esprit sur eux : « Allez donc… Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. »

Cette Eglise, aujourd’hui, c’est nous, les fils et les filles de la Pâque et de la Pentecôte en ce début du troisième millénaire.
* Nous sommes d’abord des héritiers reconnaissants pour celles et ceux qui nous ont précédés et qui, sans être parfaits, nous ont légué un si précieux trésor : l’évangile de Jésus, la foi chrétienne, une religion d’amour, de justice et de paix.
* Nous devons être ensuite des pratiquants conséquants. Si l’héritage reçu gratuitement nous aide vraiment à vivre comme des hommes et des femmes debout parce que créés à l’image de Dieu, nous ne pouvons que donner le témoignage d’une vie de piété dans l’Eglise et de fraternité dans la société, malgré nos faiblesses.
* Enfin nous devons tout faire pour que ce trésor soit offert à celles et ceux qui viennent après nous –à commencer par nos enfants et petits-enfants- afin que l’évangile sauveur continue de les éclairer sur leur route, de les réchauffer dans leur cœur, de les consoler dans leurs épreuves et de les conduire dans la vie éternelle. En respectant leur conscience, évidemment, mais aussi en leur donnant envie de goûter au savoureux banquet de la foi, de l’espérance et de l’amour, qui sont les fruits toujours actuels de l’Esprit-Saint.

Parmi nos compagnons de route, à qui nous devons tant, il y eut celles et ceux qui nous précèdent dans la maison de Dieu. Alors que tant de pompiers essayent d’éteindre les feux bienheureux de l’évangile et de la religion dans notre société, ils furent auprès de nous des incendiaires bienfaisants, par leur existence même à nos côtés, par le rayonnement de leur foi, par la chaleur de leur amour et de leur amitié, par leur compagnonnage délicieux et joyeux.
Sans oublier beaucoup d’autres bien sûr, aujourd’hui, après les 10 ans d’une absence qui demeure douloureuse pour ceux qui l’ont connu et aimé, je veux simplement évoquer avec reconnaissance mon cher frère Jacquy. Pour faire mémoire de lui en lui disant merci. Et aussi en remerciant les parents qui nous l’avaient donné en cadeau tardif et d’autant plus merveilleux. Et finalement en rendant grâces au Dieu des vivants et des morts qui a ressuscité Jésus et nous ouvre l’espérance d’un revoir dans le royaume, notre unique consolation.
Encouragés par la mystérieuse présence de nos défunts dans la communion des saints, et toujours exposés au grand vent de l’Esprit de Pentecôte, bien nourris par la Parole et le Pain de la messe, continuons de voguer ensemble sur le bateau de l’Eglise, à la rencontre du Seigneur qui est, qui était et qui vient.

Claude Ducarroz

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