Fleur de vie
Le tatoué
Le retour des beaux jours réchauffe les corps et réjouit les cœurs. Avec quelques effets collatéraux, par exemple le dévoilement de certaines anatomies. Ce dépouillement m’a permis d’accéder l’autre jour à la connaissance d’une sagesse imprimée sur l’avant-bras d’un jeune homme particulièrement en verve. Il avait tatoué cette phrase sur sa peau hospitalière à une certaine philosophie : « Chaque heure nous blesse. » J’avoue avoir souri. Et puis j’ai réfléchi.
Le temps qui s’impose à nous, dans le déroulé implacable de ses heures, ne nous laisse jamais intacts. Nous croyons maîtriser le cours de nos vies, dans la joyeuse prétention de mener notre existence au gré de notre volonté. En fait, ne sommes-nous pas vulnérables aux évènements qui constituent la trame inexorable de nos journées ? Que devenons-nous dans le tourbillon des semaines et des mois qui nous sont offerts en même temps qu’ils nous sont comptés ? « O temps, suspends ton vol », écrivait Lamartine en songeant aux heures passées au bord de son lac. Car à peine les avons-nous réveillées dans notre mémoire, ces heures heureuses ou malheureuses nous ont déjà emportés dans la nostalgie du souvenir ou la blessure des regrets. Quelques unes, dans l’humble joie d’un merci.
Et voici que le prophète Paul vient écrire autre chose sur le parchemin de notre destinée, en lettres de feu, comme un message d’espérance imprimé dans notre cœur : « L’amour ne passera jamais. » Aimer, c’est marquer nos heures à l’encre indélébile de l’éternité, c’est graver du divin sur la peau de notre temps, c’est déjà vivre en promis de la Pâque.
1618 signes Claude Ducarroz
mercredi 1 juin 2011
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