lundi 27 juin 2011

Saint Jean-Baptiste 2011

Saint Jean-Baptiste 2011

Je suis toujours étonné –et souvent émerveillé- de voir tout ce que les parents trouvent –et parfois inventent- pour annoncer la naissance de leur enfant. Et aujourd’hui, avec les nouveaux moyens informatiques, les faire-part sont souvent d’une originalité décoiffante.

La fête de ce jour, dans l’Eglise et surtout dans cette paroisse, c’est le faire-part de naissance d’un homme original, étonnant et souvent même décoiffant. Il suffit de penser qu’il se promenait vêtu de peau de bête. Et par ailleurs, dans ce quartier réputé pour ses restaurants gastronomiques, je vous recommande le « menu Jean-Baptiste » : des sauterelles et du miel sauvage. Bon appétit !
Plus sérieusement, nous fêtons la naissance de Jean-Baptiste, le précurseur de Jésus Christ, notre Seigneur. On pourrait évidemment dresser la liste de tous les évènements merveilleux -et même miraculeux- qui émaillent la venue de cet enfant-surprise.
La longue stérilité de sa mère, l’apparition de l’ange Gabriel à Zacharie, la conception en marge des lois ordinaires de la nature, l’enfant qui tressaillait dans le sein de sa mère quand Marie vint visiter Elisabeth, enfin la guérison du père à la naissance de son enfant : autant de traits qui nous paraissent étranges et qui, en réalité, rappellent d’autres naissances extraordinaires racontées de façon similaire dans l’Ancien Testament.

Je fais appel aux mamans et papas parmi vous : tout enfant n’est-il pas finalement un être merveilleux, un miracle de l’amour et de la nature, un cadeau du ciel, un fils ou une fille unique qui suscite l’émerveillement de ses parents et de ses proches ?
« Je reconnais devant toi le prodige, l’être étonnant que je suis », chante le psaume 139.
En vérité, le mystère le plus fabuleux qui bat au cœur d’un enfant et brille dans ses yeux au point de susciter des larmes d’émotion dans les nôtres, c’est son avenir. Tous ceux qui voyaient le petit Jean, fils tardif d’Elisabeth et de Zacharie, étaient frappés et disaient : « Que sera donc cet enfant ? ».

Quel père, quelle mère ne s’est pas posé cette question au bord du berceau de son enfant, en le voyant sourire aux anges quand il dort dans la paix, plus encore quand c’est dans les bras de sa maman ? Pour Jean-Baptiste la réponse tient en une petite phrase : « La main du Seigneur était avec lui ». Tout est dit là, dans cette protection de Dieu, quoi qu’il arrive, et dans l’abandon qu’elle suscite entre les bras du Père, tendrement, joyeusement aussi. Avec toutes les surprises à venir.

Quel étrange destin que celui de ce petit Jean, devenu le Baptiste au bord du Jourdain ! Une vie entièrement conditionnée par la vie d’un autre, toute polarisée par celle de Jésus de Nazareth. Précurseur, témoin de la lumière, ami de l’époux, plus qu’un prophète, le plus grand parmi les enfants de la femme : ce sont les expressions de Jésus à son égard. Très positives, très élogieuses.
Mais dans le sens inverse, quand Jean évoque sa relation à Jésus, c’est tout le contraire. Il se met entièrement à l’ombre du Messie. Il ne veut pas qu’on le prenne pour un autre, il n’est pas digne de défaire la courroie des sandales de Jésus. Il faut qu’il diminue pour que Jésus grandisse. Il est comme l’astre de la nuit qui s’efface quand le soleil se lève à l’horizon. Et il ajoute même que là est toute sa joie, autrement dit dans son humilité. Une diminution qui ira jusqu’à la disparition, par la remise de ses disciples entre les mains de Jésus et finalement par le martyre en fidélité à sa mission de précurseur, rien de plus.
Aujourd’hui, nous rappelons et même nous ranimons le faire-part de naissance de cette paroisse dédiée à saint Jean-Baptiste. Je voudrais d’abord vous remercier de m’avoir associé à votre fête. J’ose dire qu’elle me touche très personnellement puisque je viens d’une paroisse aussi dédiée à saint Jean-Baptiste, dans le réseau des sanctuaires et commanderies confiés aux chevaliers de saint Jean de Jérusalem fondés en 1113, devenus les chevaliers de Malte depuis 1530.
Toute ma vie religieuse s’est déroulée dans une église sœur de la vôtre, depuis mon baptême jusqu’à ma première messe. Je suis heureux et même un peu ému de pouvoir fêter avec vous votre glorieux anniversaire, les 500 ans de la fondation de votre paroisse, juste une année avant la fondation du chapitre de St-Nicolas, qui, lui, célébrera ses 500 ans l’an prochain.

Vous et moi, nous sommes donc, quelque part, les enfants évangéliques de Jean-Baptiste. Pour nous comme pour lui au jour de sa naissance, l’avenir compte encore plus que notre passé, si rempli qu’il fût d’évènements importants, notamment aux origines de cette paroisse, grâce au chevalier Pierre d’Englisberg dont votre présidente de paroisse rappelle le rôle décisif dans le mensuel Paroisses vivantes de juillet-août.

Notre avenir. Quel avenir, autrement dit quelle mission pour une paroisse comme la vôtre, et donc pour chacun de nous, car il n’y a pas de paroisse en dehors de ses paroissiens ?
C’est à la fois simple et exigeant : être des Jean-Baptiste dans l’Eglise et pour le monde d’aujourd’hui. Oui, plus que jamais, on cherche des Jean-Baptiste pour notre temps. Comme pour lui et avec lui, nous sommes notre mission.

Des baptistes, car tout part des énergies reçues lors de notre baptême. Autrement dit des chrétiens qui mettent leur vie au service du Royaume en étant des hommes et des femmes d’Evangile, là où ils vivent.
Oui, des chrétiens qui, comme on le signale souvent dans les images et statues évoquant Jean-Baptiste, montrent le Christ, désignent l’Agneau de Dieu, par leur façon de vivre au cœur du monde.
Ne cherchons pas des excuses ! Personne ne peut dire qu’il est trop pauvre, trop ignorant, trop âgé, trop timide -et même pas trop pécheur- pour être un Jean-Baptiste d’aujourd’hui.
Chaque jour, je m’émerveille des hauts faits du Seigneur dans l’humble humanité de disciples cachés dans les recoins d’un évangile mis en pratique. Rien n’est plus beau –et surtout plus nécessaire- que ces saintetés sans nom –mais pas sans visage- qui transpirent les Béatitudes. Ceux-là et -souvent celles-là- nous donnent envie, comme Jean-Baptiste, de suivre Jésus, de le faire connaître, de construire une Eglise renouvelée par l’Esprit-Saint, de favoriser une humanité qui respire un peu plus la fraternité, la justice, la paix.
« L’enfant grandit et se fortifiait », est-il dit dans l’Evangile de Jean-Baptiste, votre saint patron.
A l’occasion de votre bel anniversaire, chère paroisse de saint Jean, ce sont aussi les vœux que nous formulons devant Dieu pour vous : grandir en vous fortifiant.
Amen !

Claude Ducarroz, prévôt

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