lundi 16 septembre 2013

Prédication à Notre-Dame du Vorbourg

Homélie
Croire en Dieu en Eglise

Faut-il être un peu dingue -et peut-être même beaucoup- pour être chrétien ? La question vous paraît sans doute bizarre et même un peu provocante. Et pourtant elle n’a rien d’original puisque, selon l’évangile que vous venez d’entendre, cette question a été posée publiquement à propos de Jésus : « Sa famille vint pour se saisir de lui, car ils affirmaient : Il a perdu la tête ! »
 Oui, Jésus a passé pour un fou aux yeux de ses proches. Alors les disciples de ce Jésus-là, qui l’ont suivi et le suivent encore, ne seraient-ils pas, eux aussi, de doux cinglés ? Je ne serais pas étonné qu’on vous ait dit cela un jour. Je suis sûr que certains l’ont pensé, même s’ils n’ont pas osé ou voulu vous le dire.

Croire en Dieu, c’est déjà un saut qui ne va pas de soi. Ca se discute, comme on dit. Et même de plus en plus.
Croire au Christ, fils de la Vierge Marie et fils de Dieu, mort et ressuscité, c’est encore plus étonnant. On le conteste toujours plus, même chez nous..
Mais alors croire en l’Eglise, au point de lui accorder sa confiance et de faire partie de cette famille : ça, c’est devenu incompréhensible aux yeux de beaucoup.

Heureusement quelqu’un –précisément de la famille de Jésus- vient nous accompagner dans l’aventure de la foi. C’est la mère de Jésus, celle qui le connaissait le mieux –sa maman-, celle qui l’a suivi jusqu’au bout, autrement dit jusqu’à la croix. Et justement, elle a continué sa mission avec l’Eglise, elle qui était là après la résurrection et l’ascension, avec les disciples et les apôtres, quand l’Eglise a démarré sous le souffle de l’Esprit.

Il y a dans la figure de Marie tout le chemin de la foi.
* Marie, fille de Sion, la juive croyante, qui méditait la parole de Dieu en y adhérant de tout son cœur humble et priant.
* Marie, mère de Jésus, la première chrétienne, qui accueillit et fit grandir en elle le Verbe fait chair de sa chair, pour mieux le donner au monde en tant que Sauveur universel.
* Marie, mère de l’Eglise, présente à Pentecôte avec quelques femmes et les nouveaux frères et sœurs de Jésus. Comme la maman qui surveille les premiers pas de son enfant.

* Par sa foi en Dieu, Marie nous met en relation avec tous les croyants du monde, quelle que soit leur religion. Il y a tant d’hommes et de femmes sincères qui lèvent leurs yeux vers le ciel et prient le Dieu unique, encore largement inconnu, qui les aime aussi.
* Par sa foi dans le Christ de la croix et de la pâque, Marie nous met en communion avec tous les chrétiens du monde, dans les diverses Eglises, malgré leurs malheureuses divisions, parce que ce qui nous unit déjà est bien plus grand que ce qui nous sépare encore.
* Par sa présence à l’Eglise des origines, Marie nous invite à nous engager dans notre Eglise pour recevoir avec reconnaissance tout ce que le Seigneur veut nous donner en passant par cette communauté une, sainte, catholique et apostolique.
Mais attention ! Recevoir sans rien lui donner en retour, ce n’est pas marial, ce n’est pas chrétien.

Bien sûr, comme pour les apôtres, nous sommes les enfants de la grâce du Christ. Comme eux, dans la prière, il nous a choisis pour être avec lui, appelés et consacrés par le baptême, notre source. Mais, comme eux encore, il nous a aussi envoyés et il ne cesse de le faire, afin d’annoncer sa parole, de témoigner pour l’évangile, de faire passer la bonne nouvelle aux générations à venir, jusqu’aux extrémités du monde.

Dans cette communauté, chacun a sa place parce que tous sont invités et par conséquent impliqués. Voyez ceux qu’il a choisis en premier. Pas des gens parfaits ou surdoués, mais d’humbles pêcheurs de Galilée, des humains pleins de faiblesses et de défauts, y compris Judas, celui qui allait le livrer. Ce fut eux, c’était ça, la première Eglise fondée par Jésus lui-même.

Dès lors nous n’avons plus aucune excuse. Avec la grâce de Dieu, avec sa miséricorde, nous pouvons, nous devons constituer l’Eglise d’aujourd’hui, chacun avec ce qu’il a et surtout ce qu’il est, à condition de ne pas le garder rien que pour soi. Il suffit de le partager avec d’autres pour que vive cette Eglise de la foi, de l’espérance et de l’amour.

Comme la première Eglise, l’Eglise d’aujourd’hui peut passer par des épreuves. Nous connaissons la feuille de route de son histoire : écouter la parole, prier l’Esprit Saint, se rassembler avec les apôtres et leurs successeurs, chercher ensemble les meilleurs voies pour une plus grande fidélité à la fois à l’évangile et aux signes que le Seigneur nous adresse dans les circonstances de notre temps.
Comme le fit il y a 50 ans le concile Vatican II. Comme nous y invite encore aujourd’hui le pape François et nos évêques.

Il ne faut pas aller chercher trop loin. Chacun de nous, là où il vit, est un disciple choisi, appelé, envoyé. Donc c’est là que le Seigneur compte sur nous et que Marie nous donne la main. Là, en famille, dans le milieu de travail, dans son village ou son quartier, jusque dans les engagements sociaux, politiques, écologiques, culturels. Et bien sûr tout simplement dans sa paroisse, au moment où nous avons besoin de l’apport de tous pour faire vivre –et parfois survivre- nos communautés chrétiennes devenues de petits troupeaux. Mais Jésus n’a-t-il pas dit aux apôtres, ce qu’il nous redit à nous aujourd’hui : « Ne crains pas, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. » Lc 12,32.

Vous le voyez : être des dingues de Jésus, avec Marie et les apôtres, tous ensemble, c’est une belle vocation !

                                   Claude Ducarroz


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