lundi 16 septembre 2013

Prédication à Notre-Dame du Vorbourg

Homélie
Nativité de Marie

« Bon anniversaire, maman ! »
Quel bonheur de pouvoir dire ainsi reconnaissance et affection à sa maman, quand on l’a encore à nos côtés ! Et combien parmi nous, n’est-ce pas ? aimeraient pouvoir le dire encore aujourd’hui, qui ont déjà dû la laisser partir dans les larmes, tout en gardant imprimé au fond de leur cœur ce visage bien-aimé, celui de la maman. Permettez-moi cette confidence personnelle que je peux partager avec vous, entre frères et sœurs et entre amis : ma mère est morte le jour de son anniversaire. Je lui ai dit « bon anniversaire » en lui fermant les yeux, le jour même de ses 77 ans.

« Bon anniversaire, maman Marie ! » C’est à cette fête que nous invite l’Eglise aujourd’hui en proposant le 8 septembre de célébrer la naissance de Marie de Nazareth. Même si, bien évidemment, personne ne connaît la date exacte de cette naissance. Il nous suffit de savoir qu’elle a bel et bien existé, celle qui fut et qui demeure la mère de Jésus et notre mère.

* Fêter une maman, c’est lui dire merci pour ce quelle est ou ce qu’elle fut, avec cette tendresse unique qu’on réserve à celle qui nous a porté en elle avant de nous mettre au monde… et dans le monde.
* Fêter une maman, c’est tout faire pour rassembler toute la famille autour d’elle, car nous savons bien que c’est le plus beau cadeau qu’elle attend de la part de ses enfants.
* Fêter une maman, même imparfaite, c’est retenir le meilleur de sa vie donnée et essayer d’imiter ses exemples.
Nous pouvons faire tout cela aujourd’hui pour Marie et avec Marie de l’évangile.

* Lui dire merci, affectueusement. Pas besoin d’aller chercher bien loin. Elle a elle-même rendu grâces à Dieu dans son cantique de louange. Même si elle avait prévu que toutes les générations la diraient « bienheureuse », ce n’est pas sur elle qu’elle attire le regard, elle qui est demeurée toute sa vie la « petite servante du Seigneur ».
Elle le sait encore mieux que nous : c’est le Tout-Puissant qui fit pour elle des merveilles, c’est en Dieu son sauveur qu’il faut tressaillir de joie, c’est le Seigneur que notre âme, avec la sienne, doit sans cesse exalter. Magnificat !
Si elle est bénie entre toutes les femmes, comme le lui dit Elisabeth et nous après elle, c’est uniquement parce que le fruit de son sein est béni, Jésus l’enfant de ses entrailles, notre frère et notre Seigneur.
Quand nous louons Marie, ne nous trompons pas d’adresse. Tout en elle vient de Dieu par grâce. Tout en elle retourne à Dieu dans l’action de grâces, simplement parce qu’elle a cru en l’accomplissement de ce qui lui fut dit de la part du Seigneur. Elle n’a rien inventé. Elle est elle-même la plus belle invention de Dieu quand il a voulu venir au milieu de nous, prenant notre chair, assumant notre sang, passant par une femme –cette femme-là- pour être l’un de nous, au plus près de notre humaine condition. Marie a dit oui. Merci Marie !

* Une maman ne vient jamais seule. Elle vient à nous avec toute sa famille, elle qui nous donne notre papa et qui nous lie les uns aux autres comme frères et sœurs d’un même sein, d’un même amour. Au Christ, Marie a aussi donné Joseph, à ce Jésus qu’on appelait « le fils du charpentier ». Dans les évangiles, on parle aussi des frères et sœurs de Jésus. La tradition a toujours retenu qu’il s’agissait de sa famille élargie. Mais ça prouve une chose : Jésus n’était pas un fils unique gâté par sa maman. Il eut une famille autour de lui.
Et Marie a accueilli la famille de Jésus lui-même, à savoir ses disciples qui furent les frères et sœurs de sa fécondité spirituelle. Elle est là avec les rescapés de cette fratrie au pied de la croix, avec peu d’hommes et beaucoup de femmes, comme actuellement dans nos églises. Elle est encore là, avec les frères et sœurs de Jésus -autrement dit ses amis re-suscités par l’expérience de Pâques- quand l’Esprit de Pentecôte constitue définitivement l’Eglise apostolique. Comme une bonne maman, elle prie pour celles et ceux qui vont partir aux quatre coins du monde pour accomplir leur mission de témoins de la croix et de la Pâque.
Et comme nous pouvons compter aujourd’hui sur sa prière, afin que tous les chrétiens –et même finalement tous les hommes, selon le dessein de son fils- soient pleinement rassemblés dans l’unité et la fraternité universelle.
Notre-Dame de l’œcuménisme, priez pour nous !

* Enfin la meilleure des mamans nous laisse tellement de beaux exemples que nous sommes tous incités à en suivre au moins quelques uns. Et d’abord écouter la parole de Dieu, cette parole qu’elle a si bien assimilée que le Verbe de Dieu s’est fait chair en elle et qu’il a habité parmi nous. Tout ce que nous faisons autour de la parole de Dieu, entre chrétiens d’Eglises en voie de réconciliation, c’est du marial. Ruminer l’évangile ensemble, comme il est dit à propos de Marie, elle qui repassait tous ces évènements et les méditait dans son cœur priant.
Mais attention ! Sa prière n’était pas une drogue religieuse ni une pâtisserie spirituelle. Quand Marie chante le Magnificat, elle commence par la louange, mais elle évoque aussi la lutte, celle des humbles affrontés aux superbes de ce monde, celle des petits victimes des potentats sur leurs trônes dorés, celle des affamés face aux riches égoïstes de tous les temps.
Notre prière, comme celle de Marie, doit être le moteur de nos engagements pour la justice, la paix, la liberté, le partage dans notre société. Nous pouvons tous, chacun avec ses capacités et surtout sa générosité, faire quelque chose pour que notre humanité se rapproche de ce que le Sauveur souhaite pour elle, cette humanité pour laquelle il a donné sa vie sur la croix par amour.
Nous sommes d’autant plus des « enfants de Marie » si, pour cette aventure d’humanisation, nous nous donnons la main en Eglise et nous ouvrons nos mains vers celles et ceux qui, sans être directement « de la famille », sont aussi aimés par la mère de tous les vivants.
Dans cet esprit, Marie, toi la mère toujours jeune dans la gloire du ressuscité : bon anniversaire !


Claude Ducarroz

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