Homélie
Nativité de Marie
« Bon anniversaire, maman ! »
Quel bonheur de pouvoir dire ainsi
reconnaissance et affection à sa maman, quand on l’a encore à nos côtés !
Et combien parmi nous, n’est-ce pas ? aimeraient pouvoir le dire encore
aujourd’hui, qui ont déjà dû la laisser partir dans les larmes, tout en gardant
imprimé au fond de leur cœur ce visage bien-aimé, celui de la maman.
Permettez-moi cette confidence personnelle que je peux partager avec vous,
entre frères et sœurs et entre amis : ma mère est morte le jour de son
anniversaire. Je lui ai dit « bon anniversaire » en lui fermant les
yeux, le jour même de ses 77 ans.
« Bon anniversaire, maman
Marie ! » C’est à cette fête que nous invite l’Eglise aujourd’hui en
proposant le 8 septembre de célébrer la naissance de Marie de Nazareth. Même
si, bien évidemment, personne ne connaît la date exacte de cette naissance. Il
nous suffit de savoir qu’elle a bel et bien existé, celle qui fut et qui
demeure la mère de Jésus et notre mère.
* Fêter une maman, c’est lui dire merci pour ce
quelle est ou ce qu’elle fut, avec cette tendresse unique qu’on réserve à celle
qui nous a porté en elle avant de nous mettre au monde… et dans le monde.
* Fêter une maman, c’est tout faire pour
rassembler toute la famille autour d’elle, car nous savons bien que c’est le
plus beau cadeau qu’elle attend de la part de ses enfants.
* Fêter une maman, même imparfaite, c’est
retenir le meilleur de sa vie donnée et essayer d’imiter ses exemples.
Nous pouvons faire tout cela aujourd’hui pour
Marie et avec Marie de l’évangile.
* Lui dire merci, affectueusement. Pas besoin
d’aller chercher bien loin. Elle a elle-même rendu grâces à Dieu dans son
cantique de louange. Même si elle avait prévu que toutes les générations la
diraient « bienheureuse », ce n’est pas sur elle qu’elle attire le
regard, elle qui est demeurée toute sa vie la « petite servante du
Seigneur ».
Elle le sait encore mieux que nous : c’est
le Tout-Puissant qui fit pour elle des merveilles, c’est en Dieu son sauveur
qu’il faut tressaillir de joie, c’est le Seigneur que notre âme, avec la
sienne, doit sans cesse exalter. Magnificat !
Si elle est bénie entre toutes les femmes,
comme le lui dit Elisabeth et nous après elle, c’est uniquement parce que le
fruit de son sein est béni, Jésus l’enfant de ses entrailles, notre frère et
notre Seigneur.
Quand nous louons Marie, ne nous trompons pas
d’adresse. Tout en elle vient de Dieu par grâce. Tout en elle retourne à Dieu
dans l’action de grâces, simplement parce qu’elle a cru en l’accomplissement de
ce qui lui fut dit de la part du Seigneur. Elle n’a rien inventé. Elle est
elle-même la plus belle invention de Dieu quand il a voulu venir au milieu de
nous, prenant notre chair, assumant notre sang, passant par une femme –cette
femme-là- pour être l’un de nous, au plus près de notre humaine condition.
Marie a dit oui. Merci Marie !
* Une maman ne vient jamais seule. Elle vient à
nous avec toute sa famille, elle qui nous donne notre papa et qui nous lie les
uns aux autres comme frères et sœurs d’un même sein, d’un même amour. Au Christ,
Marie a aussi donné Joseph, à ce Jésus qu’on appelait « le fils du
charpentier ». Dans les évangiles, on parle aussi des frères et sœurs de
Jésus. La tradition a toujours retenu qu’il s’agissait de sa famille élargie.
Mais ça prouve une chose : Jésus n’était pas un fils unique gâté par sa
maman. Il eut une famille autour de lui.
Et Marie a accueilli la famille de Jésus
lui-même, à savoir ses disciples qui furent les frères et sœurs de sa fécondité
spirituelle. Elle est là avec les rescapés de cette fratrie au pied de la
croix, avec peu d’hommes et beaucoup de femmes, comme actuellement dans nos
églises. Elle est encore là, avec les frères et sœurs de Jésus -autrement dit ses
amis re-suscités par l’expérience de Pâques- quand l’Esprit de Pentecôte
constitue définitivement l’Eglise apostolique. Comme une bonne maman, elle prie
pour celles et ceux qui vont partir aux quatre coins du monde pour accomplir
leur mission de témoins de la croix et de la Pâque.
Et comme nous pouvons compter aujourd’hui sur
sa prière, afin que tous les chrétiens –et même finalement tous les hommes,
selon le dessein de son fils- soient pleinement rassemblés dans l’unité et la
fraternité universelle.
Notre-Dame de
l’œcuménisme, priez pour nous !
* Enfin la meilleure des mamans nous laisse
tellement de beaux exemples que nous sommes tous incités à en suivre au moins
quelques uns. Et d’abord écouter la parole de Dieu, cette parole qu’elle a si
bien assimilée que le Verbe de Dieu s’est fait chair en elle et qu’il a habité
parmi nous. Tout ce que nous faisons autour de la parole de Dieu, entre
chrétiens d’Eglises en voie de réconciliation, c’est du marial. Ruminer
l’évangile ensemble, comme il est dit à propos de Marie, elle qui repassait
tous ces évènements et les méditait dans son cœur priant.
Mais attention ! Sa prière n’était pas une
drogue religieuse ni une pâtisserie spirituelle. Quand Marie chante le
Magnificat, elle commence par la louange, mais elle évoque aussi la lutte,
celle des humbles affrontés aux superbes de ce monde, celle des petits victimes
des potentats sur leurs trônes dorés, celle des affamés face aux riches
égoïstes de tous les temps.
Notre prière, comme celle de Marie, doit être
le moteur de nos engagements pour la justice, la paix, la liberté, le partage
dans notre société. Nous pouvons tous, chacun avec ses capacités et surtout sa
générosité, faire quelque chose pour que notre humanité se rapproche de ce que
le Sauveur souhaite pour elle, cette humanité pour laquelle il a donné sa vie
sur la croix par amour.
Nous sommes d’autant plus des « enfants de
Marie » si, pour cette aventure d’humanisation, nous nous donnons la main
en Eglise et nous ouvrons nos mains vers celles et ceux qui, sans être
directement « de la famille », sont aussi aimés par la mère de tous
les vivants.
Dans cet esprit, Marie, toi la mère toujours
jeune dans la gloire du ressuscité : bon anniversaire !
Claude Ducarroz
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