lundi 16 septembre 2013

Prédication à Notre-Dame du Vorbourg

Homélie
Les racines de la foi sont en Dieu

Il s’est fait lui-même, tout seul !
Quand on dit cela de quelqu’un, on le loue d’avoir grimpé les échelons de l’humanité par ses propres forces, courageusement, en ne devant rien à personne. Bravo ! En réalité, un tel exploit est tout simplement impossible. Chacun de nous –et même celui qui a réussi dans la vie sans soutien, ou presque- ne peut oublier au moins cela : il ne s’est pas donné la vie à lui-même, il a reçu gratuitement l’existence, il est d’abord un cadeau.

Dans un contexte où si souvent nous nous vantons de nos réussites -ou nous accusons les autres de nos échecs-, la foi nous ramène à l’humilité des commencements reçus qu’il nous faut accueillir avec reconnaissance. Il n’y a rien d’humiliant dans cette humilité, nous rappelle l’apôtre Paul, parce que nous sommes les fruits d’un immense amour et non pas les obligés d’une divine pitié.

A des hommes imparfaits, comme nous, l’apôtre révèle des mystères extraordinaires qui peuvent –qui doivent- encore susciter notre émerveillement. A nous qui, en tâtonnant et souvent en nous trompant, cherchons à résoudre notre propre énigme –qui suis-je ? où mène cette vie ?-, voici qu’une vérité éclate au grand jour de notre foi : Toi, qui que tu sois, tu as été élu avant même la création du monde, tu as été rêvé par le Dieu d’amour, tu es enraciné pour être et pour être celui que tu es, dans le terreau de l’éternelle Trinité. Car Dieu t’a d’abord béni dans les cieux en Christ par le bon plaisir de sa volonté, à la louange de sa grâce.
Nous sommes les enfants de cette divine tendresse qui nous précède, qui nous accompagne et qui nous suit. Avant d’être tissés dans le sein de notre mère, nous avons été, depuis toujours, formés dans le sein et le dessein bienveillant de Dieu le Père, à l’image de son Fils, dans le souffle de l’Esprit. Dieu nous a espérés avant de nous créer. Dieu nous a aimés d’un amour éternel avant de nous en faire la démonstration dans notre vie humaine.
Voilà ce que nous dit notre foi. En avons-nous encore conscience ?

Et qui nous l’a dit ? Qui faut-il écouter pour en être assuré ? Qui faut-il suivre pour en être rassuré ?
Le Christ Jésus. Parce qu’il vient de Dieu comme fils éternel, parce qu’il est devenu l’un de nous comme homme parmi les hommes, parce qu’il est le meilleur des grands frères –l’aîné de toute la multitude-, parce qu’il est le chef de l’immense cordée humaine en route vers le Royaume de l’amour parfait et du bonheur total.

C’est la réponse à l’autre question : nous cheminons sous le regard d‘une tendresse  infinie pour déboucher un jour dans la joyeuse surprise de la gloire avec le Christ ressuscité. La Parole de vérité et de salut, l’Esprit hérité du mystère de Pâques nous donnent la main sur les sentiers de notre aventure humaine. Nous sommes bien accompagnés, pour aller loin, pour aller haut.

Tout cela vient de la grâce de Dieu, si riche en miséricorde. Mais tout cela a été rendu possible par la collaboration d’une femme, probablement très jeune, celle qui se proclamait « petite servante » dans un bourg ignoré de Galilée. Et sa collaboration, c’est précisément sa foi. A la divine proposition, en toute conscience et liberté, elle a dit tout simplement oui : « Qu’il me soit fait selon ta parole. » Et l’histoire de l’humanité a basculé dans la rédemption.
Foi de Marie qu’Elisabeth a reconnue et magnifiée : « Heureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui a été dit de la part du Seigneur. » La béatitude de la première des croyantes.

Mais heureusement, il y en eut beaucoup d’autres après elle, dans la foulée. Les 12 apôtres que Jésus a entraînés à sa suite, malgré leurs réticences et même leurs abandons. Les disciples aussi, par exemple ceux qu’il a retrouvés un jour au retour d’une mission, tout heureux d’avoir pu faire du bien par la parole et par les actes. Jésus se réjouit avec eux et pour eux. Il leur rappelle que les succès dans le « faire », même en évangélisation, sont moins importants que l’être en communion avec lui, « avoir son nom inscrit avec le sien dans les cieux ».

Et puis il y a cette scène  unique : Jésus bénit le Père, en convoquant à sa louange le ciel et la terre, pour tous ces plus petits qui accueillent les mystères  de Dieu dans leur vie par la foi. En leur adressant une béatitude spéciale : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez, et entendent ce que vous entendez ». Nous faisons-nous encore tout petits devant Dieu ?

Oui, Dieu merci, il y a encore des croyants. N’ayez pas peur, n’ayez pas honte d’être des croyants. Un certain monde veut nous faire croire que l’homme peut tout ou presque, qu’il doit être un gagnant à tout prix, même en écrasant les autres, qu’il n’a plus besoin de Dieu pour se comprendre lui-même et orienter sa vie.

Voici que retentit aujourd’hui à nos oreilles et resplendit sous nos yeux l’humble bonheur des croyants, plus heureux que tous les prophètes et tous les rois, parce que réjouis par Dieu lui-même, dans son bon plaisir.

Marie est en tête du cortège, mais elle nous tient par la main. La première en chemin, elle garde le contact avec chacun de nous. N’allons pas mettre dans les nuages celle qui aime faire de ses visites ici-bas des visitations, autrement dit des rencontres d’encouragement et de fête partagée. De nouveaux Magnificats.
C’est ce que nous sommes appelés à vivre ici tout au long de cette semaine, à la suite de tant d’autres avant nous, mais toujours avec une Marie d’actualité depuis qu’un certain Jésus, du haut de la croix, a dit cette parole au disciple, à tous les disciples, et donc à nous maintenant : « Voici ta mère »
Quel cadeau ! Qui dit mieux ?
Merci Jésus, merci Marie.


                                   Claude Ducarroz

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