mercredi 27 juillet 2011

Réparer et construire

Fleur de vie

Réparer et construire

J’habite une rue dont les maisons sont construites sur un promontoire dominant la rivière. Autant dire que nos murailles sont accrochées à une falaise un peu vertigineuse. L’autre jour, un pan de mur s’est effondré dans la maison voisine, de quoi susciter quelque frayeur. Et maintenant j’admire le travail de deux maçons –portugais évidemment- qui prennent des risques et mettent tout leur savoir faire afin de reconstruire ce mur indispensable à notre sécurité. Que de labeur pénible, que d’audace calculée, que de minutie jusque dans les détails !
L’apôtre Paul a décrit l’Eglise comme une maison en voie de construction. En un mot : un chantier. Tout n’est donc pas parfait. Il y a un plan de réalisation à suivre, donné par l’architecte Jésus Christ dans son Evangile. Compte tenu des difficultés du terrain, il ne faut pas s’étonner qu’il y ait parfois des réparations à faire parce que tel pan de l’édifice a été gangrené par l’usure des matériaux ou les défauts de la structure. C’est le rôle des assemblées communautaires, de la paroisse jusqu’à l’Eglise universelle, de provoquer régulièrement ce que le bon pape Jean XXIII appelait un « aggiornamento », une réforme, comme disent nos frères et sœurs protestants.
Alors que manque-t-il à notre Eglise? Peut-être tout simplement des ouvriers qui, tels les deux maçons de notre maison, se mettent vraiment à la tâche au lieu de gémir ou de désigner des coupables.
Oui, des chrétiens qui s’engagent dans la réparation et la reconstruction évangéliques, de tout leur cœur, de toute leur foi. Et de toutes leurs mains.
1606 signes Claude Ducarroz

Au bord du Doubs

Fleur de vie

Au fil du Doubs

Randonnée en solitaire au bord du Doubs. Je m’arrête de temps en temps pour observer son eau sombre, mais transparente. A mon grand étonnement, je n’ai jamais vu un seul poisson dans cette rivière mythique qui constitue un trait d’union bucolique entre la France et la Suisse ? Deux constatations me rassurent : il y a encore des pêcheurs au bord de l’eau et les restaurants sis sur les rives ne manquent jamais d’attirer les touristes en vantant les fameuses truites du Doubs. Il y a donc encore des poissons dans le Doubs. Moins qu’avant, me dit un pêcheur, qui pourtant espère voir sa longue patience bientôt récompensée.
Sur la mer de Tibériade, les pêcheurs de Galilée n’avaient rien pris de toute la nuit. Ils ont aussi dû se demander s’il y avait encore des poissons dans leur lac favori. Mystérieusement, au petit jour, Jésus a rempli leurs filets. Mais surtout il a bouleversé leur vie. Il en a fait des pêcheurs d’hommes, des porteurs de Bonne Nouvelle pour le monde. Un métier encore plus difficile, mais tellement nécessaire à l’écologie spirituelle de l’humanité.
Y a-t-il encore des poissons dans le lac de l’Eglise ? On en voit si peu dans les églises. Et tant de pêcheurs de bonne volonté reviennent bredouilles de leur mission d’amour et de paix.
Une seule solution pour ne pas désespérer : rester dans la barque de Jésus –à savoir son Eglise-, sur sa parole toujours relancer les filets de l’évangélisation et se redire sans cesse que nous sommes humblement au service d’un autre, plus grand que nous.
Seul celui qui se met à son propre compte est certain de revenir capot.
1614 signes Claude Ducarroz

jeudi 14 juillet 2011

1000 voix oecuméniques

Fleur de vie

1000 voix œcuméniques

Dimanche 7 mars à Payerne. Un chœur de 1000 chanteuses et chanteurs enchante des milliers de spectateurs réunis pour célébrer les 100 ans du premier vol en avion suisse et piloté par un Suisse, à savoir Ernest Failloubaz, natif d’Avenches. Au-delà du grand spectacle musical, je suis ému par cette belle démonstration d’esprit œcuménique.
En effet, je me souviens du temps –pas si lointain- où les gens de cette région, à cheval sur deux cantons, se fréquentaient peu parce qu’ils se regardaient comme chiens et chats. Et qu’est-ce qui les divisait et même les opposait ? Incontestablement, c’était la religion, plus précisément le fait que les vaudois étaient des protestants et les fribourgeois des catholiques, tous plutôt « purs et durs ». Et voici que maintenant ces populations profondément imbriquées les une dans les autres se retrouvent régulièrement pour fraterniser chaleureusement grâce à la magie de la musique et du chant. Je suis persuadé que tout cela ne serait pas possible s’il n’y avait pas eu un immense progrès dans l’esprit œcuménique, notamment grâce au concile Vatican II.
Après tout, même si le chemin de l’unité exige encore quelques ajustements, n’est-ce pas réjouissant de voir que nos Eglises ne sont plus les causes de nos divisions sociales mais plutôt les marraines de nos rencontres fraternelles ? Ceux qui traînent les pieds sur la route des retrouvailles entre chrétiens feraient bien d’y réfléchir. Et de chanter, comme à Payerne mais à propos de l’œcuménisme : Envole-toi vers le ciel !
1558 signes Claude Ducarroz

Comme les oies sauvages

Fleur de vie

Comme les oies sauvages

Petit farniente au bord du lac de Neuchâtel. Le ciel s’anime. Des milliers d’oies sauvages défilent sous mes yeux ébahis. Elles remontent vers le nord après avoir hiberné sous des latitudes plus chaudes. J’admire leur organisation faite d’un subtil équilibre entre la liberté et la discipline, sans jamais déroger au but du voyage. Ces oiseaux ne perdent jamais le nord ! Les convois sont en forme de V, avec une savante directrice à la pointe de la flèche. Quelques indisciplinées essaient bien de folâtrer hors des rangs bien alignés. Mais elles sont vite récupérées dans la dynamique du pèlerinage. On peut se marginaliser durant quelques instants, mais pas au point de casser la solidarité du groupe qui seule peut garantir d’arriver un jour à bon port, après une odyssée très exigeante.
Je pense à notre Eglise. Les catholiques ont donné longtemps le témoignage d’une armée très obéissante, souvent rangée en bataille, sous la conduite autoritaire de pasteurs incontestés. Aujourd’hui, la discipline s’est relâchée, les fidèles ont pris goût à davantage de liberté. Dans l’atmosphère ecclésiale volettent aussi des oiseaux plus ou moins émancipés qui revendiquent une autonomie qu’ils estiment adulte.
Oui, mais il ne faudrait pas perdre le contact avec la communauté, au risque de s’égarer loin des chemins balisés par l’Evangile et de finir l’aventure dans les impasses de la solitude et les errements de l’illusion religieuse. Bonne est la liberté, mais nécessaire la communion.
Décidément, il y a des moments où il fait bon prendre les enfants du bon Dieu pour des oies sauvages !
1604 signes Claude Ducarroz