jeudi 7 novembre 2019

Pour + Soeur Monique Baptiste

+ Sœur Monique Baptiste
1957-2019

Quelques jours avant son départ, Sœur Monique-Baptiste avait une autre façon de résumer sa vie quand elle me dit : « Dieu m’a conduite par le juste chemin » (ps 23). Et maintenant « tout est accompli » (Jésus sur la croix, en Jn 19,30.)

Un chemin humain, un chemin chrétien, un chemin de religieuse. Et maintenant, tout est accompli, dans la maison du Père. Parfaite Visitation.

Il faut rappeler son chemin humain. Chacun de nous commence par la vie, la première des grâces, au carrefour de l’amour de nos parents. La famille a beaucoup compté pour Monique. Des Singinois à Courtepin, c’est déjà une destinée de constructeurs de ponts, dans une humanité de partage. Il faut honorer ces valeurs familiales, bien de chez nous, dans la meilleure des traditions, avec des parents engagés par le travail et dans l’Eglise, qui eurent le souci de transmettre aussi la foi à leurs 4 enfants. Transmettre dans le respect de la liberté, c’est aussi cela qui conduisit Monique d’abord sur le chemin de l’enseignement. Déjà une vocation !

Un chemin juste, ajusté. Pour Monique, ce fut la coincidence, presque toujours, entre la route de la vie humaine et le sentier de la communion au Christ. Un baptême ancré dans l’existence concrète. Comme elle me le disait : «  Finalement, le sens de la vie, c’est quelqu’un qui nous regarde toujours le premier avec amour, et qui transforme notre regard sur les autres. »

Oui, c’est le Christ qui fait le chrétien, dans la variété des parcours humains. Mais quand on croit à son amour, il peut arriver quelques surprises. Des appels étonnants. Pour Monique, encore bien jeune, ce fut la vocation religieuse, et plus précisément dans cette communauté de la Visitation caressée par les rayons d’amour de saint François de Sales. Dans cette spiritualité chaleureuse et lumineuse, Monique devenue Monique Baptiste –tout un  programme ! - se sentait à la fois libre et à l’abri, comme elle me l’avait fait remarquer. Priante en silence et en liturgie, et aussi accueillante dans et au delà de la communauté. Aimable et exigeante, d’abord pour elle-même. Et tout faire par amour évidemment, puisque « Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils pour le sauver. »

Avancer sur le juste chemin. Et qui fixe l’itinéraire ? Qui nous donne la main dans les aléas du voyage ?  Monique Baptiste a connu la joie mais aussi la croix. Elle en a fait le mât solide de son bateau, surtout dans les tempêtes de la maladie, avec ses soubresauts qui mettent à rude épreuve l’espérance. Comme elle me le disait : « J’ai essayé de vivre les tuiles avec le Christ. »

Il faut le reconnaître, et savoir rendre grâces à l’Esprit du Seigneur en pensant au témoignage donné par Sœur Monique Baptiste parmi nous –à sa communauté et à bien d’autres -: sa confiance jusqu’à l’ultime abandon, sa persévérance à assumer jusqu’au bout ses responsabilités, son courage dans la souffrance à répétitions nous ont profondément édifiés.

Sans chercher à le dire par des belles paroles, elle nous l’a montré par ses attitudes de vie : elle a partagé le destin de Jésus dans la descente vers la mort. Puisque tout est accompli maintenant, il est venu le temps de sa Pâque avec le même Jésus, ressuscité.
 Et qu’elle proclame aussi, par sa mort et dans la vie éternelle, que « Jésus est le Seigneur à la gloire de Dieu le Père. »

Elle a vécu en Jean-Baptiste qui désigne le Christ, au point de diminuer en Lui pour que Lui grandisse, en elle et en nous. Elle est maintenant pascale pour partager avec lui le bonheur promis à ceux l’ont bien servi parmi nous.

Il y a quelque chose de la vie et de la mort de Sœur Monique Baptiste dans cette lettre de François de Sales : « Vous allez prendre la haute mer. Ne changez pas pour cela de patron, ni  de mât, ni de voile, ni d’ancre ni de vent. Ayez toujours Jésus Christ pour patron, sa croix pour arbre sur lequel vous étendrez vos résolutions en guise de voile. Que votre ancre soit une profonde confiance en lui, et allez à la bonne heure. Que le vent propice des inspirations célestes enfle de plus en plus les voiles de votre vaisseau et vous fasse heureusement surgir au port de la sainte éternité. »

Chère Sœur Monique-Baptiste, tu nous as quittés, et ça nous rend tristes. Mais maintenant, tu es arrivée, et nous te souhaitons un bon séjour « à la maison. »

Claude Ducarroz