samedi 29 juin 2013

Homélie du 13ème dimanche ordinaire

Homélie
13ème dimanche C

Il y a comme ça des mots magiques qui mobilisent les énergies et parfois nous font tourner la tête. « Liberté » est de ceux là. Que ne ferait-on pas pour être libre ou du moins se sentir libre ? Les ados en rêvent, les jeunes le réclament, les politiciens le promettent, les foules l’exigent. Même les guerres sont souvent  menées au nom de la liberté. On vit pour être libre, on meurt pour la liberté.

C’est peu dire qu’il y a plusieurs compréhensions du mot liberté. Jusqu’à la confusion, jusqu’à la contradiction.
« Je suis libre de faire ce que je veux. » Mais t’es-tu demandé si ce que tu veux est un bien, pour toi et pour les autres ?
« Ce que je fais ne regarde que moi-même. » Mais es-tu prêt à assumer toutes les conséquences de ce que tu fais ? Car il n’y a pas de liberté vraiment humaine sans la responsabilité qui en découle.
Quand tu te prétends libre, à qui obéis-tu finalement ? A ta conscience éclairée ou à tes instincts en folie ?
Et puis, ta liberté ne s’arrête-t-elle pas là où commence celle des autres, si tu veux vivre dans une société qui ne soit pas la collection des égoïsmes mais la communion des respects ?
« Liberté. Que de crimes on commet en ton nom ! », disait Madame Roland avant de monter à l’échafaud le 8 novembre 1793.

Et puis tout à coup, dans ce contexte, voici que retentit une parole. « Si le Christ nous a libérés, c’est pour que nous soyons vraiment libres. Alors tenez bon, et ne reprenez pas les chaînes de votre ancien esclavage. »
Quand l’apôtre Paul écrivait cela aux Galates, il se situait dans un contexte religieux. A ces nouveaux chrétiens, il demandait de veiller jalousement sur leur jeune liberté, celle qu’ils avaient acquise en se libérant des innombrables traditions de la loi juive, et aussi celle qui leur permettait dorénavant de ne pas céder aux tentations de redevenir des païens en menant une vie d’esclavage sous toutes ses formes.

Est-ce que nous n’en sommes pas là, nous aussi, aujourd’hui ? Sans doute, les 613 prescriptions de la loi juive ne nous dérangent plus beaucoup. Par contre, ne sommes-nous pas sous l’emprise d’un néo-paganisme qui suinte partout et parvient souvent à polluer notre conscience et notre cœur ? Ne sommes-nous les victimes consentantes –quand ce ne sont pas les complices- de tous ces slogans matérialistes et égoïstes qui veulent nous faire croire que le bonheur humain consiste à se jeter à corps perdu dans l’avoir, le paraître, le jouir et le pouvoir débridés ?

Alors saint Paul vient à notre secours en nous redisant : « Vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour satisfaire votre égoïsme. »
Je sais qu’un tel discours n’est pas très populaire. Revoilà la morale. On sait bien que la religion chrétienne est ennemie des plaisirs et que l’Eglise ne perd pas une occasion pour nous culpabiliser en contrariant nos petits et nos grands bonheurs.

Du calme, citoyens. Quand on considère notre monde, n’est-il pas évident que les grands malheurs –et non pas les bonheurs- sont engendrés par tout ce qui est contraire à l’évangile prôné par le Christ ? Sommes-nous malheureux par déficit ou par excès d’éthique ? Les violences, les injustices, les manques de respect, les exclusions : toutes attitudes qui font tant de malheureux et réduisent en esclavage : ce n’est pas le Christ qui les promeut, mais bel et bien les puissances mondaines qui crucifient encore tant d’êtres humains, à commencer par les plus faibles et les plus innocents.

 La liberté est une lutte de libération jamais achevée. Dans ce combat, le Christ est  notre inspirateur et notre moteur intérieur. C’est pourquoi l’apôtre Paul nous invite instamment à « vivre sous la conduite de l’Esprit de Dieu sans céder aux tendances égoïstes de la chair », à savoir notre propension à oublier Dieu pour nous adorer et nous servir nous-mêmes.

Il y a deux manières de vérifier si nous marchons sur le chemin de la vraie liberté  dans toutes nos actions, et nous savons que ça commence par nos pensées, nos désirs et nos imaginations :
* Prier l’Esprit de nous éclairer, de nous fortifier, de nous encourager à toujours faire le bien. Car sans les lumières et les énergies de l’Esprit, reconnaissons-le, nous n’y arrivons pas.

L’été est par excellence un temps de liberté. La nature nous y invite, les vacances nous en donnent l’opportunité. Nous voulons quitter certaines chaînes quotidiennes et jouir d’une plus grande liberté, pour le corps, le cœur et l’esprit. Tant mieux.
Mais une petite vérification s’impose pour ne pas rater la cible et se laisser tromper sur la marchandise.
* Prier l’Esprit avant nos choix, continuer à le prier durant leur réalisation, afin que nous maintenions le cap du vrai bonheur, pour nous et pour les autres, en toutes circonstances.
* Et nous poser cette question : est-ce bien l’amour –généreux, gratuit- qui me motive et me guide ?
Après quoi, soyez libres et soyez heureux.

Je vous souhaite de bonnes vacances.


  Claude Ducarroz


* Et puis tout vérifier à l’aune de l’amour. Car l’apôtre nous le rappelle : « Mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. Car toute la loi atteint sa perfection dans ce commandement-là : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » C’est seulement quand nous aimons que nous sommes sûrs d’être en plein dans le mille de l’Evangile, d’être vraiment libres.


jeudi 20 juin 2013

Le pape François: entre pasteur et coiffeur

François : entre pasteur et coiffeur

Les 100 jours du pontificat du pape François provoquent de nombreux commentaires. C’est que le nouveau pape ne laisse personne indifférent. Le style de vie –hors du palais-, le contact avec les gens –en toute proximité-, la manière de parler –comme un bon curé du monde- : tout contribue à susciter l’intérêt et le plus souvent la sympathie. On est content de sentir un pape au milieu de nous et non pas au dessus de nous.
J’ai aimé sa remarque en forme de jolie parabole. Evoquant les brebis que le bon pasteur doit aller chercher là où elles sont, il a fait observer, du point de vue mathématique, qu’il y en avait plutôt 99 en perdition et une seule au bercail, contrairement à l’optimisme de l’évangile qui inverse ces chiffres. (Cf. Lc 15,4-7). Et quand on n’a plus qu’une brebis « en Eglise », on est tenté de la bichonner, de la caresser, de la coiffer … en oubliant les autres, pourtant en danger. « Le Seigneur nous veut pasteurs, pas coiffeurs ! », a dit le pape François, toujours très en verve quand il improvise.
Incontestablement, le style François est celui du pasteur. Justement parce qu’il…décoiffe ! Comment ne pas entendre son insistance à promouvoir « une Eglise pauvre avec les pauvres » ? Une Eglise pauvre parce que résolument tournée vers les plus pauvres. Une Eglise qui ne craint pas les moyens pauvres au lieu de s’enliser dans des structures lourdes et des outillages coûteux. Une Eglise qui imite le Christ de la simplicité et de la proximité pour mieux rejoindre celles et ceux qui squattent les périphéries de la société, que ce soit au plan économique, culturel ou religieux. Car il y a mille manières d’être des pauvres que le Christ veut sauver et que l’Eglise doit aimer. Alors, le pape François, un bon pasteur ? Certainement. C’est bien parti, comme on dit. Mais –sauf votre respect, très saint Père-, au-delà des effets d’annonce et des démonstrations superficielles –qui suscitent beaucoup d’espérance-, nous attendons encore des décisions importantes et des changements de cap pour la vie profonde de l’Eglise et des Eglises. Une réforme dans la saveur de Vatican II, en somme. Par exemple dans la répartition des tâches entre le centre romain et cette autre périphérie que sont les Eglises locales, avec leurs fidèles et leurs pasteurs, adultes et responsables.
Pasteurs plutôt que coiffeurs ! Nous, on veut bien. Avec vous. Comme vous.

Article paru sur le site  cath.ch                                          Claude Ducarroz



samedi 15 juin 2013

Homélie pour l'anniversaire de la bataille de Morat

Homélie
Morat 2013

Mais qu’est-ce qui se passe ?

Nous condamnons fermement les guerres qui aujourd’hui opposent des armées, des peuples, des ethnies et parfois même –hélas !- des religions. Nous les déplorons, et notamment parce qu’elles emmènent chez nous des hordes de requérants d’asile pas tous les bienvenus. Nous stigmatisons les fauteurs de violence, d’injustice et d’oppression qui sont responsables de ces haines sanglantes dont les populations civiles -et parmi elles beaucoup d’innocents- sont les victimes, souvent impuissantes à faire cesser l’horreur.

Et pendant ce temps, comme chaque année depuis 1889, nous commémorons en toute bonne conscience, dans une cathédrale au cours d’une messe, une victoire militaire qui eut aussi, avec les moyens de ce temps-là, ses contenus de violence et de mort. Dans les deux camps évidemment, mais surtout dans le camp des vaincus puisque l’on raconte comment les troupes de Charles de Bourgogne finirent leur aventure téméraire dans un lac pittoresque devenu rouge de leur sang répandu.

Le fait que nous ayons finalement tiré de cet évènement tragique des conséquences positives pour notre population -et bientôt pour notre canton grâce à saint Nicolas de Flue- ne doit pas occulter le fait que, ce jour-là, des hommes -et même des chrétiens encore dans la même Eglise- se sont affrontés à mort dans une cruelle bataille.

Toute commémoration d’un tel évènement, me semble-t-il, doit commencer par reconnaître humblement l’échec constitué par toute guerre puisque des hommes, fondamentalement frères et sœurs, en sont arrivés à se massacrer mutuellement comme s’il n’y avait pas d’autre solution pour résoudre leurs problèmes et leurs conflits. On le voit encore aujourd’hui.
Nous devons avoir le courage lucide de le confesser, même lorsque les évènements sont fort éloignés dans l’histoire. Il ne faut jamais banaliser la violence meurtrière. Au roi David le prophète Nathan demande de reconnaître sa faute. Et la grandeur du roi, c’est de l’avoir fait : « J’ai péché contre le Seigneur ».
Seigneur, prends pitié de nous aussi !

Mais on ne va pas en rester là, évidemment.
Le pharisien qui avait invité Jésus à dîner chez lui pouvait avoir bonne conscience en toute sincérité. Il faisait partie de ces gens qui observaient parfaitement la loi et pouvait se targuer d’une certaine supériorité méritée. La femme qui fait irruption dans la salle à manger au cours de ce repas fort convivial avait beaucoup à se faire pardonner. Elle en avait d’ailleurs bien conscience, dans son silence honteux. Aux yeux de la loi, aux yeux des convives sans doute, il y avait un vainqueur et une vaincue. On savait qui avait gagné la bataille entre la sainteté et le péché. Le pharisien alla même reprocher à Jésus de feindre l’ignorer.

Que va faire Jésus ? Il va inviter tous les deux à aimer, et même à aimer davantage. C’est ça l’important, c’est ça l’avenir, quel que soit le passé. Et nous savons, nous, par expérience, que personne n’est parfaitement innocent. Nous non plus.

Car Jésus a l’art de mettre le doigt sur les vraies plaies. Il désigne les vrais champs de bataille, qui sont d’abord intérieurs. Il favorise les vraies victoires, qui sont celles que l’on remporte sur l’égoïsme, la fringale de domination, le méchant plaisir de faire violence, pour vaincre au lieu de convaincre.

Celui qui aime le plus, voilà le vainqueur authentique,  quel que soit son passé et même sa mauvaise réputation. Avec la force de l’Esprit de l’évangile, il est toujours possible d’aimer, plus et mieux, malgré tout. Et ça va très loin puisque le don peut fleurir en pardon et l’amour s’étendre jusqu’aux ennemis. Ce que Jésus a montré à la pécheresse et à tant d’autres. Et qu’il continue de démontrer, y compris avec chacun de nous.

Je nous regarde. Nous sommes ici à titre personnel, mais aussi, pour beaucoup, à titre institutionnel. Nous représentons l’état, l’armée, la politique, la culture etc… Et l’Eglise aussi évidemment. Nous n’attendons pas de ces institutions qu’elles nous fournissent le bonheur « clé en mains » ni qu’elles deviennent de généreuses pourvoyeuses d’amour. Est-ce à dire que la question de Jésus ne nous concerne pas : « Lequel des deux a montré le plus d’amour » ?

Peut-être faut-il comprendre ceci : si les institutions comme telles –et notamment celles que nous représentons- n’oeuvrent pas dans l’affectif forcément très subjectif, elles peuvent sûrement contribuer à créer de meilleures « conditions-cadres » pour celles et ceux qui veulent miser à fond sur l’amour dans leurs relations personnelles ou sociales.
Car l’amour finalement peut revêtir toutes sortes d’habits et prendre d’autres étiquettes. La justice sociale, la sécurité publique, la prospérité économique, la santé et la formation du peuple, la solidarité entre les groupes humains, le respect de l’environnement : tout cela est peut-être une forme distillée d’amour, à dose homéopathique, qui ne dit pas son nom.

Et là nous sommes tous impliqués et -je l’espère- aussi engagés. Car toutes les guerres, y compris celles que nous avons vaillamment gagnées, sont finalement là pour nous le rappeler : il vaut mieux les prévenir par des sursauts d’humaine bienfaisance, que d’avoir à en assumer les tristes conséquences. Surtout dans la défaite évidemment.
Et même dans la victoire.


                                                            Claude Ducarroz

Vatican II et la Révélation

A l’écoute de Vatican II

La Révélation


Le 18 novembre 1965, par 2344 oui et 6 non, les Pères du Concile Vatican II ont adopté la constitution dogmatique Dei Verbum sur la Révélation.
Sa genèse et sa maturation furent particulièrement laborieuses.

A la suite des Réformes protestantes du 16ème siècle, qui insistèrent sur l’autorité éminente voire exclusive de la Bible (sola scriptura), l’Eglise catholique a vécu dans une ambiance de prudence, voire de méfiance à l’égard de la Bible. Certes, la Bible a toujours été lue dans la liturgie  -mais en latin !-, elle a toujours servi de référence chez le magistère et parmi les théologiens. Mais elle fut déconseillée pour « le peuple de la base », et même parfois interdite. On craignait des déviations ou des erreurs qui pussent être fatales à la foi et à la communion de l’Eglise.

C’est dire que, sur ce point, l’Eglise catholique revient de loin. Heureusement, bien avant le Concile, des exégètes, des théologiens et des historiens courageux se sont remis à explorer plus à fond les Saintes Ecritures, non sans subir parfois les mises en garde et les remontrances des autorités ecclésiastiques. Citons entre autres le Père Lagrange, qui sera peut-être bientôt béatifié.
Ces prophètes préparaient le Concile sans le savoir.

La Constitution Dei Verbum, en citant d’abord I Jn 1,2-3 situe aussitôt la révélation divine dans un contexte d’amour. Amour de Dieu pour nous et invitation à la communion d’amour et de joie entre les croyants. Voir aussi Ex 33,11 et Jn 15,14-15. Nos 1 et 2.

Cette révélation a connu des étapes.
* La création est elle-même une révélation de la puissance, de la beauté et de l’intelligence de Dieu offertes à notre contemplation et à notre étude rationnelle. Cf. Rm 1,19-20. No 3.
* Dans les diverses religions, nous trouvons aussi des semences de la vérité divine qui nous disent quelque chose du mystère de Dieu. Le Concile en parle surtout dans le document Ad gentes sur l’activité missionnaire no 11 et 15 et dans Gaudium et Spes  no  3.
* Le peuple d’Israël a été le principal dépositaire de la révélation divine, depuis Abraham en passant par Moïse, les prophètes et les poètes des psaumes. C’est l’Ancien Testament, indispensable pour connaître le sens de l’entière révélation divine et son accomplissement en Jésus.
* Car c’est lui, le Christ, comme le rappelle l’épître aux Hébreux  en 1,1-3 qui est à la fois le médiateur et la plénitude de la divine révélation, le révélant et le révélé, par sa vie, sa mort et sa résurrection, sans oublier le don de l’Esprit.
* En s’appuyant sur les paroles et les actes de Jésus, les apôtres et écrivains du Nouveau Testament nous ont transmis  -la Tradition- leur témoignage sur leurs expériences avec le Christ, en les fixant par écrit pour l’essentiel. Leurs Ecritures constituent des références fondatrices pour la vie de l’Eglise et des croyants.

Cette Eglise est la réceptrice et aussi la transmetteuse de ce trésor de vérité et d’amour. Elle le fait dans sa prédication, dans son culte et dans sa vie, en rappelant ce qu’il faut croire et faire pour notre salut. Dans l’Eglise, tout est placé sous la Parole de Dieu, selon les Ecritures et avec l’assistance du Saint Esprit.

Cet Esprit est à l’œuvre :

-          dans le peuple des croyants qui accueillent, vivent et expriment l’Evangile (sensus fidelium) -Lumen gentium no 12, et notamment par les laïcs – Lumen gentium no 35.
-          dans le service du magistère dont le Concile rappelle qu’il n’est pas au dessus de la Parole de Dieu mais à son service, quand il conserve, met en valeur et interprète le message biblique. No 10.
-          Dans les charismes des théologiens, exégètes et autres spécialistes qui nous aident à mieux connaître, interpréter et vivre les richesses de la Parole biblique.

Comment faire avec la Parole de Dieu telle qu’elle nous est transmise par la Bible ?

* Nous devons d’abord croire que Dieu a parlé jadis et qu’il nous parle encore aujourd’hui. C’est la foi.
* Nous devons demander les grâces du Saint Esprit dans la prière pour pénétrer les saints mystères à la fois cachés et révélés dans les Ecritures. No 25
* Nous devons continuellement puiser en elles, personnellement et aussi en communauté, les trésors de vérité et d’amour qui nous aident en vivre en enfants de Dieu-Père.

Quelques points d’attention

* Ces textes, même s’ils sont sacrés, sont aussi des textes écrits par des humains. Nos 12 et 13.  En conséquence il faut les aborder dans leur contexte personnel, communautaire et historique. Les sciences humaines sont là pour nous y aider. Il faut aussi les prendre au sérieux.
* A travers ces textes situés dans leur environnement, Dieu continue de nous dire quelque chose d’important sur lui-même et sur nous, sur le mystère trinitaire et sur notre propre mystère. C’est ce qu’il faut essayer de décrypter, parfois entre les lignes.
* Finalement, chacun doit se poser la question : qu’est-ce que Dieu me dit à moi personnellement, à nous communautairement, aujourd’hui ? D’où l’importance de la méditation personnelle, mais aussi du partage communautaire et de la liturgie. No 21 

Recommandations

Ne pas oublier d’honorer aussi l’Ancien Testament. No 15
L’eucharistie et la Parole de Dieu dans les Ecritures sont les deux côtés d’une même table sur laquelle Dieu offre le pain de vie à ses fidèles. Il faut les vénérer pareillement. No 21
Il faut continuer de rendre l’accès des Ecritures largement ouvert à tous les chrétiens. No 22
Les études bibliques entre chrétiens des Eglises encore séparées sont vivement recommandées.  No 22


Une prière

« Que par la lecture et l’étude des Livres saints « la parole de Dieu accomplisse sa course et soit glorifiée » (2 Th. 3,1) et que le trésor de la Révélation confié à l’Eglise comble de plus en plus le cœur des hommes. » No 26.


                                                           Claude Ducarroz


vendredi 7 juin 2013

Homélie de confirmation

Confirmation

J’ai 73 ans. Je suis donc un vieux monsieur. Mais j’ai la joie de vous connaître, au moins un peu. J’ai lu attentivement vos lettres. Je vous ai aussi rencontrés. C’est pour moi un privilège. Je vous dis merci.
Vous êtes bien les enfants de votre temps, comme c’est normal d’ailleurs. Je vous vois dans les bus et les trains avec vos casques et vos oreillettes. Vous avez tous un ordinateur. Vous carburez avec les IPhone, IPad et autres tablettes. Vous portez des jeans et des Tee-Shirts. Vous connaissez mieux la vie de Justin Bieber et de Madonna que la vie des saints chrétiens !
Mais en même temps, vous êtes comme les jeunes de toujours. Vous avez des rêves d’avenir, vous avez des soucis pour votre future profession, vous pensez déjà à l’amour. En un mot : vous vous souhaitez le bonheur. Et vous avez bien raison.

Vous arrivez dans un monde que vous n’avez pas choisi. Il contient de bonnes choses, surtout si vous comparez avec d’autres sociétés ailleurs. Vous jouissez de sécurité et même d’un certain confort. Vous recevez une bonne formation. Vous pouvez voyager. Vous êtes connectés avec le monde entier grâce à internet. N’oubliez pas de dire merci à celles et ceux qui vous ont offert tout cela. Je pense en particulier à vous, les parents venus de la migration. Vous avez tellement travaillé pour vos enfants et petits-enfants.

Mais reconnaissez-le: ce monde est aussi plein de dangers. On y trouve le meilleur mais aussi parfois le pire. En particulier pour vous sous la forme de multiples tentations : l’alcool, la drogue, le vagabondage sexuel, les solitudes suicidaires, le matérialisme qui réduit l’autre à un objet ou une marchandise. Tout pour l’avoir, rien pour l’être !
Eh ! bien, maintenant, c’est à vous de jouer. L’avenir est entre vos mains. Quel monde voulez-vous ? A vous de le faire, si possible mieux que nous. Toutes sortes de modèles se présentent à vous, sous forme de propositions, voire de séductions. Restez lucides. Choisissez bien !Tout ce qui brille n’est pas de l’or !

Aujourd’hui, quelqu’un s’est glissé au milieu de vous. Très discrètement. Il a déjà parlé à votre cœur, à votre conscience. Il a un grand projet pour vous ou plutôt avec vous.
D’abord il vous dit que vous êtes des êtres merveilleux puisque vous êtes créés, comme homme et femme, à l’image même de Dieu. Vous êtes les enfants de Dieu-Père. Vous êtes de sa maison et vous devez vous sentir bien chez lui et avec lui. Tout cela, vous le savez depuis votre baptême.

Sur la route de la vie, quoi qu’il arrive, vous n’êtes pas seuls. Quelqu’un vous indique le bon chemin. Il vous donne la main comme un bon compagnon. C’est notre frère Jésus de Nazareth. Ses paroles et ses exemples sont racontés dans l’Evangile. Il est mort par amour pour nous. Parce qu’il est ressuscité, il peut nous faire une promesse extraordinaire : notre vie est programmée pour la vie éternelle. Qui peut vous promettre autant, et que ce soit vrai, prouvé ? Ton destin est encore meilleur que tout ce que tu peux désirer ou imaginer. Qui dit mieux ?

Et aujourd’hui il te donne encore un cadeau de plus : du souffle, de l’énergie, son Esprit. Oui, Jésus en remet une couche, toujours dans le registre de l’amour. Tel est ce sacrement de la confirmation, votre Pentecôte.
Vous vous souvenez sans doute : à la Pentecôte, il y avait du vent et du feu sur les apôtres. Quand on met ensemble du vent et du feu, ça provoque un incendie. Dieu veut allumer en vous un incendie, la force d’aimer, le courage de donner envie à d’autres de suivre le Dieu-Amour. Il fait de vous des incendiaires de l’évangile. Il y a trop de pompiers dans notre monde, qui veulent éteindre ce feu-là. Soyez des allumés…allumeurs !

Bien sûr ce cadeau est offert, autrement dit proposé, pas imposé. Tu veux ou tu veux pas ?
Si tu veux, alors accueille-le. Dans ton cœur, par la prière et le silence. Comme une lumière sur ta route : c’est la parole de Dieu à méditer. Comme une nourriture qui donne des énergies pour lutter et persévérer : c’est l’eucharistie.
Tu ne vas pas recevoir tout cela tout seul, sans le partager avec d’autres. C’est ça, l’Eglise. Bien sûr, tu n’es pas toujours à l’aise avec elle, car elle est comme nous : imparfaite. Mais pense à tout ce que l’Eglise t’a déjà donné. Et fais Eglise avec d’autres, par exemple d’autres jeunes, et tu seras en bonne compagnie pour être chrétien dans le monde d’aujourd’hui. Il ne faut surtout pas rester tout seul dans ton coin.

Je vous vois maintenant dans cette église comme dans un bateau. On est tous embarqués pour une magnifique aventure, celle de la vie à réussir, en étant heureux tout en faisant des heureux autour de nous. Je te propose de lever haut les voiles de ta disponibilité et de ton accueil afin que l’Esprit puisse souffler en toi, lui qui veut te donner de la lumière et du courage. La traversée ne sera pas toujours facile. Mais l’Esprit est toujours avec nous et nous sommes ensemble. Le phare de l’évangile nous indique la route à suivre. Franchement, avec le Christ ton ami, c’est encore tellement mieux qu’avec Bieber et Madonna !

Bon voyage !



                                               Claude Ducarroz