samedi 29 juin 2013

Homélie du 13ème dimanche ordinaire

Homélie
13ème dimanche C

Il y a comme ça des mots magiques qui mobilisent les énergies et parfois nous font tourner la tête. « Liberté » est de ceux là. Que ne ferait-on pas pour être libre ou du moins se sentir libre ? Les ados en rêvent, les jeunes le réclament, les politiciens le promettent, les foules l’exigent. Même les guerres sont souvent  menées au nom de la liberté. On vit pour être libre, on meurt pour la liberté.

C’est peu dire qu’il y a plusieurs compréhensions du mot liberté. Jusqu’à la confusion, jusqu’à la contradiction.
« Je suis libre de faire ce que je veux. » Mais t’es-tu demandé si ce que tu veux est un bien, pour toi et pour les autres ?
« Ce que je fais ne regarde que moi-même. » Mais es-tu prêt à assumer toutes les conséquences de ce que tu fais ? Car il n’y a pas de liberté vraiment humaine sans la responsabilité qui en découle.
Quand tu te prétends libre, à qui obéis-tu finalement ? A ta conscience éclairée ou à tes instincts en folie ?
Et puis, ta liberté ne s’arrête-t-elle pas là où commence celle des autres, si tu veux vivre dans une société qui ne soit pas la collection des égoïsmes mais la communion des respects ?
« Liberté. Que de crimes on commet en ton nom ! », disait Madame Roland avant de monter à l’échafaud le 8 novembre 1793.

Et puis tout à coup, dans ce contexte, voici que retentit une parole. « Si le Christ nous a libérés, c’est pour que nous soyons vraiment libres. Alors tenez bon, et ne reprenez pas les chaînes de votre ancien esclavage. »
Quand l’apôtre Paul écrivait cela aux Galates, il se situait dans un contexte religieux. A ces nouveaux chrétiens, il demandait de veiller jalousement sur leur jeune liberté, celle qu’ils avaient acquise en se libérant des innombrables traditions de la loi juive, et aussi celle qui leur permettait dorénavant de ne pas céder aux tentations de redevenir des païens en menant une vie d’esclavage sous toutes ses formes.

Est-ce que nous n’en sommes pas là, nous aussi, aujourd’hui ? Sans doute, les 613 prescriptions de la loi juive ne nous dérangent plus beaucoup. Par contre, ne sommes-nous pas sous l’emprise d’un néo-paganisme qui suinte partout et parvient souvent à polluer notre conscience et notre cœur ? Ne sommes-nous les victimes consentantes –quand ce ne sont pas les complices- de tous ces slogans matérialistes et égoïstes qui veulent nous faire croire que le bonheur humain consiste à se jeter à corps perdu dans l’avoir, le paraître, le jouir et le pouvoir débridés ?

Alors saint Paul vient à notre secours en nous redisant : « Vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour satisfaire votre égoïsme. »
Je sais qu’un tel discours n’est pas très populaire. Revoilà la morale. On sait bien que la religion chrétienne est ennemie des plaisirs et que l’Eglise ne perd pas une occasion pour nous culpabiliser en contrariant nos petits et nos grands bonheurs.

Du calme, citoyens. Quand on considère notre monde, n’est-il pas évident que les grands malheurs –et non pas les bonheurs- sont engendrés par tout ce qui est contraire à l’évangile prôné par le Christ ? Sommes-nous malheureux par déficit ou par excès d’éthique ? Les violences, les injustices, les manques de respect, les exclusions : toutes attitudes qui font tant de malheureux et réduisent en esclavage : ce n’est pas le Christ qui les promeut, mais bel et bien les puissances mondaines qui crucifient encore tant d’êtres humains, à commencer par les plus faibles et les plus innocents.

 La liberté est une lutte de libération jamais achevée. Dans ce combat, le Christ est  notre inspirateur et notre moteur intérieur. C’est pourquoi l’apôtre Paul nous invite instamment à « vivre sous la conduite de l’Esprit de Dieu sans céder aux tendances égoïstes de la chair », à savoir notre propension à oublier Dieu pour nous adorer et nous servir nous-mêmes.

Il y a deux manières de vérifier si nous marchons sur le chemin de la vraie liberté  dans toutes nos actions, et nous savons que ça commence par nos pensées, nos désirs et nos imaginations :
* Prier l’Esprit de nous éclairer, de nous fortifier, de nous encourager à toujours faire le bien. Car sans les lumières et les énergies de l’Esprit, reconnaissons-le, nous n’y arrivons pas.

L’été est par excellence un temps de liberté. La nature nous y invite, les vacances nous en donnent l’opportunité. Nous voulons quitter certaines chaînes quotidiennes et jouir d’une plus grande liberté, pour le corps, le cœur et l’esprit. Tant mieux.
Mais une petite vérification s’impose pour ne pas rater la cible et se laisser tromper sur la marchandise.
* Prier l’Esprit avant nos choix, continuer à le prier durant leur réalisation, afin que nous maintenions le cap du vrai bonheur, pour nous et pour les autres, en toutes circonstances.
* Et nous poser cette question : est-ce bien l’amour –généreux, gratuit- qui me motive et me guide ?
Après quoi, soyez libres et soyez heureux.

Je vous souhaite de bonnes vacances.


  Claude Ducarroz


* Et puis tout vérifier à l’aune de l’amour. Car l’apôtre nous le rappelle : « Mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. Car toute la loi atteint sa perfection dans ce commandement-là : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » C’est seulement quand nous aimons que nous sommes sûrs d’être en plein dans le mille de l’Evangile, d’être vraiment libres.


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