Commentaire pour le 5 novembre 2017
Matthieu 23,1-12
Scribes, pharisiens… Et nous ?
Une fois de plus,
l’évangile de ce dimanche présente un texte à triple détente.
D’une part, il rapporte des échos plutôt
gratinés de la polémique entre Jésus et les scribes et pharisiens, ces notables
d’Israël qui enseignent dans la chaire de Moïse, mais sont pleins d’hypocrisie
puisqu’ils disent et ne font pas.
Par ailleurs, on devine les relations tendues
entre les juifs et les premières communautés chrétiennes qui, peu à peu,
occupaient le terrain dans les milieux religieux de ce temps-là. L’évangéliste
ne manque pas de rappeler quelques faits et paroles de Jésus pour encourager
ces chrétiens en butte à certaines contestations et même hostilités.
Mais n’oublions surtout pas que de tels
messages nous concernent nous aussi, aujourd’hui, puisque l’Eglise les propose
à notre méditation pour que nous en fassions bon usage dans notre vie
chrétienne, qu’elle soit personnelle ou communautaire.
Car, dans la société et même dans l’Eglise, il
ne manque pas de personnages qui aiment occuper les places d’honneur en se
faisant appeler « Maître », « Père » ou
« Docteur », des titres que Jésus remet en question. On peut
évidemment considérer ces « dignités » comme des usages plus ou moins
innocents portés par de simples coutumes
sociales ou ecclésiales. Mais les mots ont un sens. On sait qu’ils peuvent nous
faire déraper en instillant dans la tête et le cœur de ceux qui les exigent ou
les confèrent certains poisons loin d’être inoffensifs.
Jésus lui-même en est conscient. Le soi- disant
maître peut abuser de son pouvoir, le père peut se prendre pour un petit dieu
et le docteur écraser les autres par la superbe de sa science. Une fois de
plus, nous dit l’évangile, « il ne doit pas en être ainsi parmi
vous ». Les habitudes mondaines ne doivent pas contaminer les âmes et les
relations chez les disciples du Christ. Car notre seul maître, c’est Dieu,
notre Père. Et le docteur/enseignant, c’est le Christ. En toutes choses, la
priorité est à notre maître intérieur, l’Esprit du Père et du Fils.
S’il en est ainsi, les conséquences se font
immédiatement sentir. « Vous êtes tous frères ». L’Eglise est donc une
vaste fraternité. Celles et ceux qui exercent les charismes de l’autorité, de
l’accompagnement et de la connaissance sont d’abord au service de leurs frères
et sœurs, selon ce que nous dit Jésus : « Le plus grand parmi
vous sera votre serviteur. » Dont
acte.
Tout cela semble de la « petite
morale » qui pourrait provoquer un haussement d’épaules. Il n’en est rien.
Que de fois, dans l’histoire de l’Eglise et des Eglises, des scissions et même
des divisions durables sont issues d’attitudes contraires au devoir d’humilité
et à l’esprit de service qui doivent caractériser celles et ceux qui sont devenus
les leaders de nos communautés. Certes, les ministères d’autorité, d’influence
et de science sont utiles et même nécessaires, non seulement pour le bon ordre
qui doit régner dans les communautés, mais aussi pour le plein rayonnement de
l’évangile. Mais il reste la vérité de cette petite phrase de Jésus :
« Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé ».
Une question d’esprit.
Un état d’Esprit.
Claude
Ducarroz