lundi 29 octobre 2012

Homélie de la Toussaint 2012

Toussaint 2012




8 milliards ! Non, il ne s’agit pas de dollars ou de francs suisses, ce qui revient presque au même selon le cours de la bourse actuelle.

8 milliards ! Il s’agit des êtres humains vivant actuellement sur notre planète Terre.

Que de diversités de toutes sortes : physiques, culturelles, sociales, politiques, religieuses. 8 milliards de fois différentes d’être un homme. Ou une femme évidemment.



Une chose au moins est semblable à tous : nous cherchons tous le bonheur, nous souhaitons tous être heureux. Chacun à sa façon évidemment.

Et pourtant il y a beaucoup de malheureux ici-bas. Nous le sommes tous, au moins à certains moments de notre vie. Et même les plus heureux ne le sont pas parfaitement. Comme le dit un proverbe connu : le bonheur n’est pas de ce monde ! Ne serait-ce pas que nous nous trompons d’adresse dans notre quête haletante du bonheur ?



Vous l’avez entendu : quelqu’un vient de nous parler, lui aussi, de bonheur. Quelqu’un vient de nous dire 9 fois « heureux ». C’est Jésus de Nazareth dans cet évangile des béatitudes. A y voir de plus près, il nous propose et nous promet deux bonheurs.



Le premier s’écrit avec une minuscule parce qu’il demeure imparfait, précaire, fragile, même s’il s’agit d’un vrai bonheur. Il peut être expérimenté dès ici-bas à condition de suivre la feuille de route donnée par ce même Jésus.



Mais attention : pas de recettes faciles comme celles qu’essaient de nous vendre toutes les publicités de consommation matérialiste et hédoniste, et finalement surtout égoïste. Comme si le bonheur humain ne pouvait se construire que sur le malheur des autres.



Le bonheur, selon Jésus, grandit en se partageant avec les autres. Ces petits bonheurs-là font d’autres heureux, surtout parmi les malheureux. On ne regrette jamais de tout faire pour être heureux ainsi, car ces « béatitudes » sont les purs fruits d’un grand amour au quotidien de la vie. Et seul l’amour est source de vraie joie, cette joie dont le Christ nous promet que rien ni personne ne peut nous l’enlever.



Le bonheur d’être simple dans notre style de vie, celui d’être libre à l’égard des biens matériels, celui d’avoir un cœur pur, désencombré des passions les plus impétueuses.



Le bonheur de travailler à la justice pour tous, celui de préférer la force d’aimer aux violences de la force brute, celui d’oser pardonner pour rétablir de bonnes relations.



Le bonheur de s’investir pour la paix au lieu de promouvoir la guerre, celui de souffrir, s’il le faut, « à cause de Jésus et de l’Evangile » parce c’est eux seuls qui ont le dernier mot du bonheur qui dure.



Et le bonheur majuscule, alors ?

Dans ses béatitudes, Jésus nous parle aussi du bonheur dans le Royaume de Dieu, sur cette terre nouvelle promise dans les cieux.

Autrement dit quand Dieu lui-même, qui n’est qu’Amour, sera notre plein bonheur puisque nous serons en lui comme le poisson dans la mer, complètement immergés dans sa tendresse et sa lumière infinies.

Inutile de fantasmer sur ce bonheur puisqu’il dépasse infiniment nos capacités actuelles de représentation. Il suffit de savoir que là où est le Christ ressuscité maintenant, nous serons aussi, puisqu’il est allé nous préparer une place de gloire auprès de lui dans la maison de son Père, là où il y a de l’espace pour beaucoup de monde.

Et c’est là –nous le croyons- que nous attendent aussi nos chers défunts. Nous demandons pour eux, qui nous ont aimés et que nous avons aimés, de pouvoir passer à la majuscule du bonheur auprès de Dieu. Cette humble prière est notre manière à nous de continuer de les aimer et de leur dire merci.



Dans la communion des saints, nous pressentons que nos liens de famille ne sont pas coupés mais transfigurés. Quand nous allons au cimetière ou simplement quand nous pensons à eux, nous ranimons nos souvenirs émus. Plus encore : en passant par le Christ, nous nous tenons par la main en enjambant le ravin de la mort, car ils sont des vivants autrement et non pas des morts pour toujours, parce que, eux comme nous, nous misons sur les énergies de la Pâque universelle inaugurée par le Christ.



Et dans cette messe maintenant ne sommes-nous pas tous réunis par lui et en lui ?

La Toussaint : quelle fête belle de famille nombreuse. Très nombreuse !



Claude Ducarroz

Homélie 30ème dimanche ordinaire

Homélie


30ème dimanche du temps ordinaire





Tout y était ! il ne manquait rien ni personne. Que voulez-vous de plus ? Il y avait Jésus, une foule nombreuse, ses disciples et même le pauvre de service. On connaît même son nom : Bartimée, le fils de Timée, un mendiant aveugle.

Et pourtant il manquait quelque chose –plusieurs choses- pour faire un évènement qui fasse un Evangile, une vraie « bonne nouvelle. »



Premièrement, le pauvre crie. Ou plutôt il prie ; il prie en criant vers Jésus : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi. » Priorité au pauvre -à tous les pauvres, de toutes les pauvretés. Ils ont encore le droit de crier et de prier au cœur de notre monde à la fois merveilleux et cruel. Qui les entend ? qui les écoute quand ils crient « de plus belle », comme le Bartimée de Jéricho ?



Et que dit Jésus, que fait Jésus ?

Il l’appelle, ou plutôt il demande aux autres –et d’abord aux disciples et même à ceux qui l’avaient empêché de crier- de l’appeler afin qu’il vienne vers lui dans un élan, et même un bond, un saut pleins de confiance. Entre Jésus et lui, pour provoquer la rencontre de salut et de guérison, il y a des « serviteurs et servantes de l’appel », des ministères d’Eglise. Jésus appelle… des appelants. Jésus met en route des médiateurs de rencontre. Jésus suscite des services d’écoute et d’invitation. Surtout quand des pauvres souffrent, prient, crient.

« Appelez-le », dit Jésus. On appela donc l’aveugle en lui disant : « Confiance, lève-toi, il t’appelle. »



Là est la mission de l’Eglise, de toute l’Eglise… que nous sommes. Celle de chacun d’entre nous, chacun avec ses charismes propres. Personne ne peut dire qu’il n’a rien à faire, qu’il ne sait rien faire quand il s’agit de faciliter la rencontre entre Jésus et un pauvre. Ne serait-ce que parce que chacun de nous, quel qu’il soit, a été, est ou sera, comme Bartimée, un pauvre qui a besoin de Jésus, un criant et un priant, avec sa misère connue ou secrète. Nous sommes tous aussi des Bartimée.

Appelés ou appelants, il nous faut tous, tôt ou tard, jeter le manteau de nos fausses richesses, nous alléger de notre orgueil, pour bondir vers Jésus et nous jeter, confiants et libérés, dans les bras de sa miséricorde, le manteau en moins, la tendresse en plus.



Cette miséricorde, dans cet évangile, s’exprime dans un dialogue presque naïf, d’une merveilleuse simplicité : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? », comme si Jésus ne le savait pas. C’est qu’il veut lui conférer la dignité du priant, qui collabore à sa propre guérison. « Rabbouni, dit l’aveugle, que je voie ! » Et Jésus de répondre : « Va, ta foi t’a sauvé. » Le sauveur semble s’effacer devant le nouveau « voyant » du salut. Un amour, une foi : tout l’ingrédient d’une vraie « bonne nouvelle. »



Il nous reste à contempler le résultat. Il est double : l’aveugle voit, c’est la moindre des choses, et en plus il suit Jésus sur la route. Peu à peu, il devient disciple, il rejoint une Eglise dynamique, toujours en chemin avec Jésus, vers d’autres pauvres, vers d’autres guérisons, vers d’autres bonheurs partagés.



On parle beaucoup ces temps-ci de « nouvelle évangélisation », y compris à Rome où s’achève le synode des évêques qui lui est consacré.

Tout est dans cet évangile.

Jésus continue de marcher au pas de notre humanité par les inspirations et les énergies de son Esprit, surtout quand il aperçoit des pauvres laissés pour compte au bord de nos routes. Evangéliser, c’est peut-être d’abord faire attention à eux, les appeler par amour à la suite de Jésus, leur révéler un évangile de libération et de promesse.

Et nous laisser évangéliser…en évangélisant.



Etre Eglise, faire Eglise, c’est surtout conduire au Christ, et non pas à nous. Ce n’est pas « faire du chiffre » pour l’Eglise, c’est faire signe pour Jésus, dans nos églises certes, mais aussi et surtout autour de nos églises, dans la vie de chaque jour, là où nous partageons le destin de nos frères et sœurs en humanité, à commencer par les plus pauvres, en leur donnant la main. Le tout enrobé de prière, certes, avec des appels courageux.

Mais surtout avec cette joie très particulière qui consiste à suivre Jésus sur la route – sa route – en donnant envie à d’autres de rejoindre l’humble cortège qui nous entraîne tous jusque dans la vie éternelle.

Eglise, Eglise que nous sommes : bon voyage !



Claude Ducarroz





mercredi 17 octobre 2012

En hommage à + Soeur Denise-Marie

+Sœur Denise-Marie
En hommage et merci

Il y a trois manières de bien lire l’Evangile, et pourquoi ne pas choisir toutes les trois ?

La première consiste à plonger dans le texte sacré, avec un cœur ouvert par la prière, tout à l’écoute de l’Esprit qui anime la lettre et transfigure la vie.
La deuxième est une forme de contemplation, celle que nous pratiquons lorsque nous nous laissons toucher par les œuvres d’art qui nous racontent l’Evangile sur toutes les gammes de la beauté. Une fresque de Fra Angelico à Florence, la Pietà de Michel-Ange, le Requiem de Mozart et tant d’autres chefs-d’œuvre nous ramènent par l’émotion aux sources bibliques du salut.
Et puis il y a la fréquentation de certaines personnes qui incarnent, par ce qu’elles font et surtout ce qu’elles sont, telle ou telle page de la divine révélation.

Je n’hésite pas à le dire maintenant qu’elle n’est plus là pour protester : Sœur Denise-Marie était de ces témoins qui font voir l’Evangile en les regardant vivre, tout simplement.
Durant 15 ans, dans cette paroisse et au-delà, j’ai médité souvent la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu en observant, souvent admiratif, parfois inquiet, les faits et gestes de cette vraie « sœur de la charité ».
Quand je voulais l’agacer, tout en m’amusant un peu, je luis disais qu’elle était  la « Mère Teresa  du Valentin ». Elle protestait. Mais quand on lui demandait ce qui la faisait agir, courir, s’indigner, remettre en question, déranger en interrogeant la conscience, forcer à l’engagement au service des plus pauvres, elle citait aussitôt, comme la sainte de Calcutta, cette phrase de l’Evangile de Matthieu : « Tout ce que vous faites -ou pas- à ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous le faites… ou pas. »
Tel était le fond de sa spiritualité, telle était la source vive de son action, telle était sa motivation la plus profonde.

Dès lors tout être humain, quels que soient son origine, sa culture, sa religion, et même ses défauts et ses astuces, était digne de son écoute, de son attention, de son secours. Il suffisait qu’il soit en manque de quelque chose –par exemple de dignité, de respect, de solidarité- pour que montent en elle la sainte colère d’une protestation et surtout la violente impatience d’une action, parfois solitaire, souvent partagée, car elle avait l’art de nous mettre au boulot avec elle quand la cause de la fraternité humaine et de la charité chrétienne était en jeu. Il y avait en Sœur Denise-Marie une redoutable contagion de l’amour traduit en imagination pour aider, secourir, relever, restaurer en humanité.

Elle aurait pu se contenter d’une compassion efficace à la manière d’une super « dame de charité ». Eh ! bien non ! Elle avait la charité intelligente et même perspicace. J’ai souvent été frappé par sa capacité d’analyse des  misères dans leurs causes sociales, économiques et politiques. Son cœur réagissait dans les urgences comme il se doit quand on est une fille de sainte Jeanne-Antide. Mais son esprit voyait plus large, dans les racines et dans les conséquences de ce qui fait souvent le malheur des pauvres gens.
Tout naturellement, sur ces terrains de la lutte quotidienne pour l’humanité de l’homme –de tous les hommes, et d’abord des plus fragiles et exclus-, elle se trouvait en fraternelle compagnie avec celles et ceux qui avaient au cœur la même passion de servir et de libérer. Ils avaient souvent d’autres références philosophiques ou religieuses : peu importe. C’est la capacité d’investissement pour l’autre –pour les autres-  qui bâtissait entre tous, croyants ou non, une merveilleuse et efficace communion.
Car de cette femme à la fois fragile et forte émanait un rayonnement qui dépassait largement  les cercles de la religion et de l’Eglise. Par son exemple d’une extraordinaire générosité, elle nous forçait à être meilleurs, pas dans les discours toujours trop faciles, mais dans les actes et en vérité.

Bien sûr, elle avait aussi ses défauts, qui étaient le plus souvent le revers de ses précieuses qualités. On ne pouvait que lui pardonner d’être parfois trop bonne quand on sait que, dans ce bas monde et face à tant de misères, il faut être trop bon pour l’être assez.

Enfin je veux souligner combien sa vie religieuse, faite de méditation, de prière et d’eucharistie a constitué le cœur brûlant de son action. Sans ostentation, mais avec une fidélité basique qui m’a souvent édifié, elle misait sur cette communion avec le Christ pour mieux aimer ses frères et sœurs en humanité. Généralement en retard à la messe pour cause de rendez-vous imprévus ou urgents, elle quittait alors le Christ pour le Christ. Elle était donc toujours à l’heure de l’Amour. Maintenant elle le voit puisqu’elle est arrivée.
Sœur Denise-Marie : merci !

Claude Ducarroz

samedi 13 octobre 2012

Homélie 14 octobre 2012

Homélie


14 octobre 2012



Cinq mots ! Il suffit de 5 mots, et tout est dit.



C’était un bon type, comme on dirait aujourd’hui. Et même pieux avec ça. Il accourt vers Jésus, se met à genoux et lui pose une question religieuse : « Bon maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » Voilà qui aurait dû faire plaisir à Jésus. Pas tant que ça, semble-t-il, puisque Jésus ne lui répond pas directement et comme un bon jésuite, il lui assène une autre question : « Pourquoi m’appelles-tu bon puisque Dieu seul est bon ? » On ignore quelle fut la réponse à cette question. Mais Jésus le renvoie à sa foi actuelle, à la loi juive que cet homme croyant et même pratiquant déclare observer entièrement depuis sa jeunesse. Il faut le faire ! Il n’y a aucune raison de mettre en doute une telle sincérité.



Et c’est là qu’intervient un évènement tout intérieur qui dut laisser entrevoir quelques signaux à l’extérieur : « Posant son regard sur lui, Jésus se mit à l’aimer. » Et tout bascule alors à un autre niveau, dans un autre univers. Par ce regard à la fois brûlant et doux, Jésus invite cet homme parfait –trop parfait peut-être- à passer de la loi à l’amour, de la morale en règle à la communion avec lui. Et tout peut alors changer. C’est bel et bien ce que Jésus lui propose, dans un appel pathétique qui respecte cependant pleinement sa précieuse liberté.



Cinq mots : une invitation, un chemin, une aventure, une pâque.



Va : ne reste pas là où tu es, « propre en ordre », satisfait de toi, croyant et pratiquant exemplaire. Remets-toi en route, bouge-toi, avance encore. Il y a d’autres horizons à découvrir dans ta vie, d’autres espaces à explorer, d’autres expériences à déguster.



Vends : car pour courir sur les routes à surprises des disciples de Jésus, il faut s’alléger, devenir pèlerin, ne garder que l’essentiel qui, finalement, tient à peu de chose sur le dos quand on a la foi et l’amour pleins le cœur. Deviens nomade de l’Evangile.



Donne : tu ne vas garder tout ça pour toi en le mettant de côté quelque part, car on ne sait jamais, n’est-ce pas ? Ce que tu avais en trop, offre-le à d’autres qui ont moins, qui n’ont rien. Le vrai disciple n’est riche que de ce qu’il a donné, de bon cœur, librement.



Viens : ou plutôt reviens, mais par un autre chemin. Tu étais parti sur la route de la suffisance, reviens par le sentier de l’humilité, là où Jésus te donne rendez-vous pour la suite du voyage.



Suis : car il ne s’agit plus d’être parfait, il faut entrer en communion avec quelqu’un, qui à la fois t’appelle, te précède, t’accompagne et t’attend, le meilleur compagnon de ton humaine destinée.



Va, vends, donne, viens, suis : cette invitation aurait dû bouleverser l’existence de ce jeune homme. Il a préféré la tristesse de son confort immobile « parce qu’il avait de grands biens ».



Par le baptême, nous avons tous entendu –tôt ou tard- cet appel intérieur. Nous avons tous hésité, parfois reculé, en devenant sourds à la voix qui nous proposait la plus belle des aventures, celle de la sainteté. Heureusement, Jésus ne nous a pas lâchés, tout en nous respectant, parce qu’il ne peut cesser de nous aimer puisqu’il est Amour. Il nous a interpelés plusieurs fois, et il le fera encore, au gré des évènements multicolores qui constituent la trame de notre existence, car il n’est jamais trop tard pour le suivre…enfin ! La conversion, c’est de tous les âges, de toutes les conditions humaines, de toutes les vocations chrétiennes.



Et ce qui vaut pour les personnes prises individuellement vaut aussi pour l’Eglise comme communauté universelle. Je suis persuadé que c’est ce que le pape Jean XXIII avait pressenti en convoquant le concile Vatican II. Il l’a dit sous la forme habile d’une expression intraduisible : aggiornamento, autrement dit réforme pour que l’Eglise se regarde dans le miroir de l’Evangile et suive son Seigneur de plus près afin de mieux servir l’humanité à cause de lui et avec lui.



Va, Eglise : reprends ta marche sur les routes de l’histoire, quitte ta forteresse, cours à l’aventure avec ton Seigneur, comme il le faisait avec ses disciples sur les chemins de Galilée en proclamant un Evangile qui soit vraiment une bonne nouvelle.



Vends, Eglise : ne sommes-nous pas encore trop alourdis par les soucis d’organisation, de réunions, de statistiques, de moyens ultramodernes certes utiles, mais qui risquent de nous noyer dans l’avoir et le paraître au lieu de nous ancrer dans l’être affectueux « avec Jésus » ?



Donne, Eglise : quand on n’a rien ou presque, on n’a plus qu’une chose à donner : soi-même, comme Jésus sur la croix. Et encore l’Eglise ne doit même pas se donner elle-même, mais faire goûter aux hommes affamés combien le Seigneur est bon, dans sa Parole de miel, dans son Eucharistie savoureuse, dans la joie de vivre ensemble comme des frères et sœurs qui se donnent la main pour traverser les inévitables ravins de l’existence.



Viens, Eglise : reviens à ton Seigneur dans toutes les formes possibles de la communion avec lui. Mais ne quitte jamais les autres communions qui sont le pain et le vin des premières avant la consécration : la solidarité avec les petits et les souffrants, le lien fraternel avec les exclus et les laissés pour compte, car il n’y a finalement qu’un seul amour avec ses deux faces inséparables : aime ton Dieu de tout ton cœur, aime ton prochain comme toi-même.



Suis, Eglise : et pour cela ne te recroqueville pas sur toi-même comme si tu étais le centre du monde, Recentre-toi sur le Christ qui a donné sa vie pour tous. Il aime aussi les autres, ceux et celles qui ne pensent pas comme toi, qui ne croient pas comme toi, qui ne vivent pas comme toi, mais qui sont aussi les chéris de sa croix et les promis de sa pâque. Suis Jésus jusque sur les sentiers escarpés de l’œcuménisme, du dialogue interreligieux, de la solidarité sans barrière et sans frontière.



Va, vends, donne, viens, suis : c’est beau la vie, cette vie-là, la vie avec le Christ dans son Eglise renouvelée par l’Esprit.