dimanche 24 juin 2012

Homélie de la Saint Jean Baptiste -paroisse de St Jean à Fribourg

Homélie pour la fête de saint Jean-Baptiste

Connaissez-vous l’UP ? ou le BIP ? ou la CEC ? ou l’EP ? Voire l’EP de l’UP ?
Pas exactement ? Eh ! bien ce n’est pas grave parce que ici, dans cette chère paroisse, on connaît, mieux qu’ailleurs, Jean-Baptiste. Et c’est bien plus important.
Bonne fête, chers paroissiens de St-Jean-Baptiste de Fribourg. Permettez que j’ajoute « bonne fête » aux chers paroissiens de ma paroisse d’origine, Montbrelloz, qui célèbre cette même patronale aujourd’hui, un village qui abrita, comme votre quartier, une commanderie de l’ordre de saint Jean de Jérusalem, devenu l’ordre de Malte après 1530 quand l’empereur Charles Quint donna cette île aux chevaliers de saint Jean chassés de l’ile de Rhodes.

J’aime la belle figure de Jean-Baptiste. Et vous aussi, n’est-ce pas ? Extérieurement, par exemple dans son accoutrement, il est original, et même plutôt excentrique, avec son manteau de poils de chameaux et son pagne de peau autour des reins. De quoi plaire à certains hippies attardés d’aujourd’hui.
Pour l’austérité de vie, personne ne peut le battre, même pas certains super-écolos actuels. Au menu, si ça vous chante, du miel sauvage et des sauterelles, peut-être même pas grillées. Chez nous, surtout certains samedis soir, sa sobriété –hélas ! -fera sans doute peu d’émules puisqu’il est annoncé comme ne buvant ni vin ni liqueur fermentée. Pas de whyskie dans ses armoires.
Son séjour au désert risque d’attirer encore quelques aventuriers des grands espaces, comme ceux qui aiment ensuite raconter leurs brûlantes solitudes dans nos médias.
Trêve de détails croustillants : Jean-Baptiste c’est bien plus que cela, le Jean-Baptiste que l’on vénère et cherche à imiter dans cette paroisse cinq fois centenaire, placée depuis toujours sous la protection de ce grand saint biblique.

* Jean-Baptiste, c’est d’abord un destin unique, un personnage extraordinaire, de par les circonstances de sa conception et de sa naissance. Un voulu, un choisi par Dieu lui-même.
Mais chacun de nous n’est-il pas unique lui aussi, elle aussi ? Ne sommes-nous pas, nous aussi, même dans les aléas ordinaires de notre vie, des élus de Dieu, des désirés de Dieu, des appelés par lui à la vie, chacun avec un rôle à jouer, irremplaçable, dans son existence, si humble qu’elle soit ?
Oui, il y a du Jean-Baptiste en chacun de nous, parce que nous sommes des humains créés à l’image de Dieu, parce que nous sommes tous des aimés de Dieu depuis toujours. Ne l’oublions jamais, pour nous-mêmes, pour ceux qui nous entourent, et jusqu’au bout du monde, dans la variété des origines, des nationalités et des cultures.

* Et puis Jean-Baptiste est l’homme d’une mission. Il fut comme dévoré par ce qu’il devait accomplir en sa courte vie. Le destin du précurseur, de celui qui trace des chemins, ouvre des voies, entrouvre les cœurs. Il y a consacré son temps, sa voix grave, son audace, et même finalement sa vie, toujours pour aller jusqu’au bout de sa mission. Intrépide dans l’adversité, courageux dans la dénonciation du mal, persévérant malgré les persécutions des despotes de son temps, il donna l’exemple d’une magnifique fidélité à l’appel reçu de plus haut, de plus grand que lui.
Mais n’est-ce pas là la feuille de route de tout chrétien qui veut vivre en cohérence avec sa foi, surtout de nos jours ?
Affirmer ses croyances et surtout les mettre en pratique, même chez nous, dans des pays qui se vantent d’être pacifiques et démocratiques : il faut aujourd’hui une bonne dose de bravoure intérieure. Demandez-le aux jeunes dans les milieux de formation et de loisirs. Demandez-le aux adultes qui veulent mettre leur vie familiale, économique ou professionnelle en harmonie avec leurs convictions chrétiennes.
Il y a du Jean-Baptiste dans tout chrétien d’aujourd’hui, ou alors il trébuche et finit par se décourager dans une société toujours plus indifférente, voire hostile face à la religion et aux Eglises.

* Enfin Jean-Baptiste, si exceptionnel qu’il fût, n’était pas établi à son compte, mais il était entièrement orienté vers un autre, le Christ, comme le tournesol vers le soleil. Son existence fut une longue transparence à Jésus, une lente diminution pour que le Christ grandisse, une impressionnante disparition pour faire toute la place à celui dont il n’était pas digne de dénouer la courroie des sandales.
Sa grandeur fut de devenir toujours plus petit, sa lumière de s’éteindre devant le Seigneur pascal. Sa relation au Christ, dès le sein de sa mère, fut de mettre sa joie dans l’humble service d’ami de l’époux, sans se prendre jamais pour un autre.
Il fut vraiment, comme le montrent de nombreux tableaux et statues, le doigt qui désigne le Christ et s’efface quand d’autres – à commencer par ses propres disciples- se mettent à suivre le Messie.
En ce sens, être Jean-Baptiste aujourd’hui, c’est la mission d’une Eglise humble et fidèle, toute polarisée par l’Evangile du Christ et son Esprit, une Eglise qui ne se met pas à son compte, mais se dévoue entièrement au compte de son Seigneur, tellement plus grand qu’elle.
Telle est aussi la vocation de chacun de nous -prêtres, diacres, religieux et laïcs confondus- dans la mesure où tous les baptisés doivent être des branchés sur Jésus, à l’écoute de sa Parole, nourris par son Eucharistie, inspirés et dynamisés par son Esprit.
Que voilà les Jean-Baptiste dont notre monde a besoin, et notre Eglise aussi, y compris dans ses EP, UP, CUP et autres BIP.
Afin que les autres, voyant ce que nous sommes et ce que nous faisons, rendent gloire à notre Père et leur Père qui est dans les cieux.
Claude Ducarroz

samedi 16 juin 2012

Messe de commémoration de la victoire de Morat 1476

Homélie
Anniversaire de la victoire de Morat 2012

Deux vitraux, dans notre cathédrale. Et tout est dit. Ou presque.
Puisque les 500 ans du Chapitre mettent spécialement en honneur les trésors de notre cathédrale, au risque de me répéter, je vous invite à la contemplation esthétique, religieuse et patriotique.

Le premier vitrail est là, à la portée de nos plus hautes autorités. Normal : il fut commandé par l’Etat de Fribourg. C’est le vitrail de la victoire, parce que, la plupart du temps, ce sont évidemment les vainqueurs qui racontent et rappellent l’heureux évènement. Leur victoire, mais aussi le coup de pouce du ciel. Ici –et c’est tant mieux- ce n’est pas le Gott mit uns, mais la porte à côté : saint Michel a fait pencher la balance pour nous avec son épée de feu.
Et nos glorieux ancêtres, enthousiastes, s’en donnent à cœur joie. D’abord dans un élan de foi pleine de reconnaissance : ils offrent la victoire à la Vierge Marie qui semble assez peu intéressée au milieu de ses anges.
Mais regardons les drapeaux. Les nôtres sont embrassés avec ferveur tandis que ceux des Bourguignons sont jetés à terre.
Et puis comment ne pas remarquer les deux dames
somptueusement vêtues ? Notre-Dame en haut, plutôt énigmatique. Et une autre, de dos, en bas à gauche : la patrie suisse qui tend les lauriers de la victoire à deux humbles Fribourgeois veillant sur notre écusson légendaire.
La messe est dite. On a gagné.

L’autre vitrail se trouve près de l’entrée de la chapelle du Saint Sépulcre. Une toute autre ambiance. Pas le triomphe de la force, mais la force de la prière. Pas l’arrogance de la victoire, mais la sagesse de la paix retrouvée. Nicolas de Flue : un simple ermite laïc qui intercède pour son peuple, au lieu du glaive archangélique.
Et nous croisons à nouveau les braves patriotes qui furent à Morat, une fois exorcisée la menace de la guerre civile, tant il est vrai que le butin des gagnants est souvent la cause de nouveaux conflits à répétition…entre eux. Cette fois, ils élèvent à nouveau leurs bras vers le ciel, sans trophées vengeurs, sans armes agressives, mais dans le faisceau pacifique de la réconciliation, sur le conseil désarmé d’un saint homme de foi.

Et nous voilà, Fribourgeois, cette fois intégrés dans le concert de la patrie suisse, désormais élargie à la culture latine. Fribourg entre dans la Confédération helvétique par la grande porte de la paix renforcée et de l’accueil pluraliste.

Deux vitraux d’après ce fameux 22 juin 1476. L’un à la gloire de la victoire par la supériorité de la vaillance, de la force et de la ruse. L’autre à l’honneur de la paix, de la spiritualité, de la réconciliation.

Il faut le reconnaître : nous sommes les enfants de ces deux vitraux. Nous en reflétons les lumières et les ombres. Dans nos gènes patriotiques sont mélangés le sang d’héroïsme de Petermann de Faucigny –notre général en chef à Morat, enterré là-bas dans notre cathédrale- et le souffle prophétique de l’autre Nicolas, celui du Ranft, dont nous avons une précieuse relique dans notre trésor, à côté du bras de celui de Myre.
Nous devons assumer notre histoire, avec ses victoires nobles mais ambigües, avec leurs conséquences qui faillirent être encore plus dangereuses que la défaite évitée, avec le sursaut de la prière, de la sagesse politique, du compromis déjà helvétique et surtout de l’ouverture à d’autres, aux autres, différents et bientôt frères. Ce fut nous. Voilà ce qui fit gagner la paix après avoir gagné la guerre.
Peut-être est-ce encore plus difficile, aujourd’hui comme hier, d’être les persévérants apôtres de la paix que d’être les flamboyants héros de la guerre, ainsi que le démontrent, hélas ! de tragiques actualités. Heureusement, c’est finalement frère Nicolas de Flue qui est devenu notre saint patron dans une Suisse qui n’a plus connu la guerre depuis 1848.

Nos autorités, qu’elles soient politiques, économiques, sociales, culturelles ou écologiques connaissent les chemins des vraies victoires, celles qui apportent la prospérité parce qu’il y a le partage, celles qui produisent la sécurité parce qu’il y a la justice, celles qui suscitent la qualité de vie parce qu’il y a le respect de notre belle nature et la fête démocratique de nos riches cultures.
Morat, oui, mais pas sans le Ranft. Petermann de Faucigny, oui, mais en donnant la main à Nicolas de Flue. Nos deux vitraux, conçus par un jeune artiste polonais, éclatent aujourd’hui de couleurs et de formes magnifiques. Ils sont le mémorial de notre histoire complexe. Ils indiquent le véritable chemin de notre avenir heureux.
A condition de ne pas oublier. Ni la bénédiction de Dieu, ni notre devoir de fidélité à nos meilleurs idéaux.
Comme Nicolas de Flue l’écrivait aux Bernois le 4 décembre 1482, une phrase citée sur son vitrail dans notre cathédrale : « La paix est toujours en Dieu, car Dieu est la paix. »

Claude Ducarroz, prévôt

lundi 11 juin 2012

Pour une Eglise conciliaire

Pour une Eglise conciliaire

Le concile Vatican II fut un évènement extraordinaire. Un feu de paille ? Sûrement pas. A-t-il rendu l’Eglise catholique plus « conciliaire » ? Pas encore. Mais ça pourrait venir, pour la crédibilité de son témoignage évangélique dans le monde d’aujourd’hui.

Après avoir annoncé la convocation d’un nouveau concile œcuménique –c’était le 25 janvier 1959-, le pape Jean XXIII a proposé une prière à l’ensemble des fidèles. Elle implorait la venue d’une « nouvelle Pentecôte » sur l’Eglise. Vaste programme ! En plein dans le mille, si l’on revisite l’évènement décrit dans le livre des Actes des Apôtres (1).
Tout y est. Il y a la communauté rassemblée, avec Marie et d’autres femmes, ainsi que « les frères de Jésus ». Ils prient dans une ambiance d’unanimité, en espérance de l’Esprit. Les apôtres sont là avec eux, y compris Pierre évidemment, celui qui va se lever « au milieu des frères » pour faire mémoire du mystère pascal de Jésus et interpréter les récents évènements à la lumière des Ecritures. S’agissant du remplacement de Judas, Pierre rappelle la nécessité de trouver un nouveau « témoin de la résurrection ». La présentation des possibles est faite par la communauté. Le choix passe par la prière de toute l’assemblée et la remise entre les mains de Dieu par le biais du tirage au sort. Et le nouvel apôtre est accueilli par l’Eglise dans le rite de l’introduction au sein du groupe des Douze.
Que voilà un beau concile en somme, dans l’esprit de participation de tous, chacun à sa place, dans la confiance à l’Esprit. C’est cette Eglise-là qui va ensuite partir dans le monde pour évangéliser, célébrer le culte nouveau, poser les signes de la charité et démontrer le secret de son dynamisme missionnaire.


Nouvelle Pentecôte ! C’est ce que nous avons vécu il y a 50 ans, sous l’impulsion du pape Paul VI, quand il déclara que l’Eglise conciliaire devait se faire « parole… message…conversation », et cela jusque dans sa vie interne. « Nous désirons ardemment que le dialogue intérieur au sein de la communauté ecclésiale gagne en ferveur, s’enrichisse de nouveaux sujets, de nouveaux interlocuteurs, si bien que croisse la vitalité et la sanctification du Corps mystique terrestre du Christ. », précisait le pape. Il ajoutait avec une émotion palpable : « Finalement notre dialogue s’offre aux fils de la Maison de Dieu… Comme Nous voudrions le goûter en plénitude de foi, de charité, d’œuvres, ce dialogue de famille ! Combien nous le voudrions intense et familier ! »(2)

Le concile Vatican II a-t-il réalisé ce beau programme ? L’évènement lui-même avait quelque chose de pentecostal. C’était bel et bien une mobilisation générale sous la guidée de l’Esprit. Certes les évêques étaient aux commandes pour les choix de base et pour les décisions définitives. Mais il ne faudrait pas sous-estimer la prière et l’espérance suscitées chez les chrétiens de la base, ni l’apport décisif des théologiens et autres experts, sans compter l’influence réelle –quoique discrète – des invités des autres Eglises. Il y eut, durant ces 4 années extraordinaires, une convocation et une concentration des charismes autour du projet conciliaire, qui produisirent des fruits certes imparfaits mais assez nombreux et mûris pour marquer l’avenir de notre Eglise durant plusieurs décennies. Nous sommes encore les enfants du concile Vatican II !

Et pourtant, 50 ans plus tard, il faut bien constater que le soufflé conciliaire est passablement retombé. La collégialité des évêques, unis au pape dans le gouvernement de l’Eglise universelle, devait rééquilibrer les pouvoirs de décision au bénéfice des conférences épiscopales (3). Le synode des évêques, régulièrement convoqué à Rome, est rapidement devenu une assemblée de discussions qui finalement, après quelques vœux exprimés plus ou moins librement, remet les décisions entre les mains du pape (4). L’autonomie raisonnable des épiscopats, par région et par continents, ne fonctionne pas assez au service d’une authentique inculturation de l’évangile et de l’Eglise dans les diverses aires culturelles. Le centralisme romain a re-passé par là. Rien d’important qui ne doive passer par les filtres de la Curie romaine, que ce soit en liturgie ou en discipline ecclésiastique. Si l’œcuménisme et le dialogue interreligieux ont fait des progrès –notamment par quelques gestes prophétiques du pape Jean-Paul II (5)-, ils demeurent sous haute surveillance romaine. On peut multiplier les élans prometteurs de certaines réformes. Ils se brisent trop souvent sur le rocher du ministère de Pierre et la garde rapprochée de ses services.

Cette résistance aux changements, par exemple dans la question brûlante des ministères ordonnés, est d’autant plus ressentie que les Eglises locales ou régionales ont déclenché en leur sein, justement dans le prolongement du Concile, des processus participatifs qui ont soulevé de grands espoirs et mobilisé de très nombreux acteurs de la vie ecclésiale. La plupart des évêques revenus du concile ont provoqué des assemblées synodales dans lesquelles les forces vives des diocèses –et en particulier les laïcs- ont pu s’exprimer en liberté sans blesser l’indispensable communion. On se souvient, pour la Suisse, des synodes vécus partout dans les années 1972 à 1975, une expérience réchauffée dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg par l’Assemblée AD2000. Il faut reconnaître que ces évènements, au-delà des bienfaits de leur célébration elle-même, ont été souvent privés de leurs fruits les plus espérés par les freins actionnés à Rome, que nos évêques n’avaient pas d’autre choix que de répercuter, parfois avec des regrets dans la voix ou sous la plume. Même si, il faut l’ajouter pour être objectif, des motivations renforcées et des dynamismes résiduels ont continué de promouvoir une certaine vitalité évangélique dans le mémorial des partages vécus au cœur et au cours de ces célébrations ecclésiales décentralisées.

Faut-il un nouveau concile pour réactiver les ferments que Vatican II avait introduits dans la vie de notre Eglise en son temps ? Certains le pensent, voire le souhaitent. Quoi qu’il en soit, pour s’en tenir au fonctionnement interne de notre Eglise, à la circulation de son sang évangélique, à la qualité et à l’efficacité du partage des responsabilités entre tous les membres du Corps du Christ, il est urgent de relancer, avec la grâce de l’Esprit, une certaine dynamique de participation plus large, une nouvelle culture du dialogue. Elles devraient s’articuler autour de trois pôles, tous indispensables parce que tous solidaires, ainsi que le démontre l’exemple des premières communautés chrétiennes.

Il y a certes le pôle personnel, cher à l’Eglise catholique, parfois jusqu’à l’obsession : c’est le ministère de Pierre assumé par l’évêque de Rome. Mais comment ne pas aussitôt le mettre en relation organique avec le pôle collégial, à savoir le service des évêques qui, à l’heure des communications facilitées, doivent pouvoir exercer pleinement leur co-responsabilité universelle ? Pas seulement dans le sens de ce qui vient de Rome vers les périphéries, mais surtout dans le sens de ce qui remonte à Rome à partir du témoignage de foi et d’engagements de leurs Eglises particulières. Enfin, ce qu’on nomme le « sensus fidelium », le sens chrétien des fidèles, comme il est important qu’il puisse s’exprimer en liberté, être accueilli avec sympathie, être entendu jusque dans les sphères de décision, par un esprit de discernement certes, mais surtout par une volonté de reconnaissance, dans les deux sens du mot.

Dans cette correcte articulation vitale entre les dimensions personnelle, collégiale et communautaire (6), je vois le remède aux maladies de paralysie, de résignation et d’abandon qui frappent actuellement trop de nos chrétiens plus ou moins découragés ou fatigués. Si les vraies réformes viennent toujours des profondeurs, celles de l’humble confrontation à la parole de Dieu, de la prière et de la conversion, il me semble qu’elles doivent aussi aboutir à des changements institutionnels et fonctionnels, comme le prouve l’histoire de toutes nos Eglises. Car je perçois aussi un enjeu œcuménique dans cette thérapie évangélique dont nous avons besoin pour réanimer les énergies conciliaires au milieu de nous. Si le catholicisme jouit du précieux charisme de l’autorité personnelle, l’orthodoxie peut nous offrir une certaine expérience de la collégialité épiscopale, tandis que la réforme protestante a misé davantage sur l’expression respectée des communautés de baptisés à la base. Il demeure que « l’Eglise –toutes les Eglises- au cours de son pèlerinage est appelée par le Christ à cette réforme permanente dont elle a perpétuellement besoin en tant qu’institution humaine et terrestre », comme le rappelle si opportunément le concile Vatican II (7).

Autant dire que nous devons ensemble, peut-être justement dans la célébration d’un prochain concile vraiment œcuménique, nous laisser « réformer » par l’Esprit du Christ, et aussi les uns par les autres, afin de présenter dans la vie de l’Eglise enfin réconciliée, le visage du Christ tel qu’il doit resplendir au cœur du monde, pour la gloire de Dieu et le salut de l’humanité.

Claude Ducarroz

1) Cf. Actes 1,12-2,47.
2) Encyclique « Ecclesiam suam » du 6 août 1964 nos 67, 120 et 117.
3) La mission des conférences épiscopales est largement définie dans 28 numéros des textes du concile.
4) « Du fait qu’il travaille au nom de tout l’épiscopat catholique, ce Synode est le signe que tous les évêques participent en une communion hiérarchique au souci de l’Eglise universelle. » La charge pastorale des évêques no 5.
5) On songe à la rencontre interreligieuse d’Assise en octobre 1986 et à l’encyclique « Ut unum sint » du 25 mai 1995.
6) Pour approfondir ce thème, se référer à « Le magistère à l’épreuve » de Bernard Sesboüé - Desclée de Brouwer, ainsi qu’au document du Groupe des Dombes intitulé « Un seul maître » L’autorité doctrinale dans l’Eglise – Bayard
7) Décret sur l’œcuménisme no 6.

Article paru dans la revue CHOISIR no 630 juin 2012

samedi 9 juin 2012

Homélie du 10ème dimanche ordinaire

Homélie du 10ème dimanche du temps ordinaire

Oui, Jésus a eu de sérieux problèmes avec sa famille.
On n’a pas l’habitude d’entendre cela parce que, dans l’imagerie populaire, la sainte famille est présentée comme un havre romantique d’affection sans nuage dans la pieuse ambiance d’une communauté modèle.

Or les relations de Jésus avec ses proches ne furent pas de tout repos. Après l’incident du temple, quand Jésus à douze ans a faussé compagnie à ses parents, qui ne comprirent pas ce qui leur arrivait, Jésus semble avoir mené une vie ordinaire dans sa maison et son village de Nazareth où « il grandit en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes. » Rien de spécial à signaler. D’ailleurs, disait-on, pouvait-il sortir quelque chose de bon de ce bled de Nazareth.

Et puis l’évangile de ce jour éclate à deux reprises comme un orage en été. Au début, il est dit que « sa famille vint pour se saisir de lui, car ils affirmaient : il a perdu la tête. » C’était en voyant le ministère de Jésus sur-occupé, au point qu’il n’avait même plus le temps de manger.

A la fin du même évangile, il est rappelé que sa mère –oui, même sa mère- et ses frères et sœurs, restant dehors, le cherchent et le font demander. Avec quelle intention ? On ne le sait pas exactement. Mais Jésus semble vouloir éviter ce contact imprévu puisqu’il oriente ses auditeurs sur son autre famille, celle des croyants ou plutôt celles et ceux qui font la volonté de Dieu.





Où est donc le problème, me direz-vous ? Dans le mystère de Jésus et dans sa mission. Autrement dit : qui il était et qu’est-ce qu’il avait à faire.

Son mystère personnel d’abord, à savoir sa relation d’origine et d’existence avec Dieu comme Père. N’avait-il pas dit à ses parents angoissés à Jérusalem : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père », ce qu’ils ne comprirent pas parce qu’il parlait évidemment de Dieu lui-même.
Qui est Jésus dans les profondeurs de son être ? Ce fut et ce sera toujours un mystère devant lequel chacun doit se situer. Les apôtres en firent aussi l’expérience quand Jésus leur demandait régulièrement : « Qui dites-vous que je suis ? Pour vous, qui suis-je ? »
La question, toujours la même, reste aussi posée à nous aujourd’hui. Et nous savons bien que la réponse ne peut pas être que théorique. Elle implique notre existence, elle bouscule notre vie, elle illumine notre mort. Personne ne peut répondre à notre place. On appelle cela la foi !

Et puis, pour la famille de Jésus, il y a son ministère. En le voyant parler, agir et réagir, les sujets d’inquiétude et les motifs d’incompréhension ne manquèrent pas. Il suffit de penser aux fameuses béatitudes qui furent la feuille de route de sa vie. Donner la priorité aux pauvres, aux exclus, aux malades, aux pécheurs : ça ne garantit pas la réussite d’une vie, du moins telle que ses proches l’avaient sans doute imaginée. Etre un prophète itinérant, une sorte de va-nus-pieds de l’évangile, qui se plaisait davantage en Galilée, avec ses amis pécheurs et pêcheurs, que dans le temple et les palais de Jérusalem: voilà qui a de quoi décevoir les siens. Irriter les autorités religieuses et politiques par des attitudes provocantes et des propos…hors de propos : on sentait bien à Nazareth que ça ne pouvait le conduire qu’à la catastrophe. Et peut-être la démarche de le ramener à la raison provenait-elle de cette intention louable : lui éviter le pire. Mais justement : lui voulait prendre ce risque, par fidélité à son Père qui l’avait envoyé et par amour du petit peuple pour lequel il était venu en ce monde. C’est bien ce qui arriva.

Et nous dans tout cela, me direz-vous ? Mais on y est en toutes lettres. Dans son regard qui nous interpelle, dans sa déclaration qui nous conforte. Oui, ne sommes-nous pas dans ces gens assis autour de lui qu’il parcourut du regard -et quel regard ? -celui de Dieu lui-même ? Nous sentons-nous concernés et même impliqués dans cette phrase extraordinaire, quand on y réfléchit : «Voici ma mère et mes frères » ? Ce serait donc nous, oui, mais à une condition : faire comme lui la volonté de Dieu.

Jésus nous arrive donc avec trois familles.
*La famille trinitaire comme fils éternel du Père dans l’ineffable communion d’amour qui fonde sa personnalité et éclaire son identité.
*La famille de Nazareth dans le mystère de son incarnation la plus réaliste, lui qui est né d’une femme et qu’on disait fils du charpentier.
*Et la famille de l’Eglise, celle qu’il a fondée lui-même en l’engendrant dans le sang de la croix pour la conduire avec lui dans la maison du Père, à la gloire de la résurrection.
D’ailleurs ne retrouvons-nous pas cette triple famille justement au pied de la croix où elles semblent pleinement se réconcilier ? Il y a Marie, sa mère, il y a l’apôtre Jean avec toutes sortes de pauvres et de pécheurs qui sont l’Eglise tous ensemble. Et Jésus qui donne Jean à Marie et Marie à Jean : ses familles cohabitent enfin dans la paix pascale. Et puis ce centurion romain -un païen- qui a le mot de la fin : « Celui-ci était vraiment le fils de Dieu. » La signature trinitaire.

Quelle belle aventure que celle de Jésus de Nazareth ! Notre aventure avec lui.
*Si nous savons comme lui reconnaître notre filiation la plus profonde, en Dieu lui-même, dont nous sommes les enfants par adoption à la suite de Jésus. C’est le sens de notre baptême.
*Si nous savons certes, comme il est dit, honorer père et mère, c’est-à-dire aimer celles et ceux qui nous aiment dans les solidarités les plus terrestres qui font de nous des humains à part entière.
*Et surtout si nous avons le courage de suivre l’appel personnel de Dieu à travers les signes qu’il nous fait et la vocation qu’il nous indique, quitte, s’il le faut, à bousculer même nos familles, dans la priorité à donner sans cesse à la mise en pratique de l’évangile.

Car Jésus nous le répète, et encore aujourd’hui : « Voici ma mère, et mes frères et mes sœurs : celui qui fait la volonté de Dieu. »

Claude Ducarroz

vendredi 8 juin 2012

Homélie de la Fête-Dieu

Homélie de la Fête-Dieu


Avant de quitter ce monde, et à l’intention des êtres qui vous sont le plus chers, qu’aimeriez-vous laisser comme souvenir de vous ? Bien sûr, il y a l’exemple de votre vie, ce que vous avez partagé avec ces personnes et qui, d’une manière ou d’une autre, reste dans leur mémoire reconnaissante. Mais je pense plutôt à un objet, quelque chose qui rappelle votre personnalité, un signe tangible qui ranimerait la flamme de l’amour au-delà de la barrière de la mort. Pas facile, n’est-ce pas ?

Jésus s’est trouvé devant le même problème au moment de quitter ce monde, même si ce fut par la porte de la résurrection et de l’ascension. La veille de sa mort, comme c’est raconté dans les évangiles, il se trouvait réuni avec ses apôtres dans la salle du Cénacle à Jérusalem. Une atmosphère à la fois d’intimité et de gravité. Il fallait prendre congé de ses plus proches amis avant d’affronter le mystère de sa mort et de son retour au Père. Qu’allait-il leur laisser comme signe concret qui leur rappelât qui il était en lui-même, qui il fut avec eux et pour eux, et comment il demeurerait avec eux, mystérieusement, malgré l’absence apparente ?

Un peu comme nous, mais évidemment mieux que nous, il invente un geste qui soit beaucoup plus fort qu’un souvenir, encore plus riche qu’une simple mémoire : un mémorial qui allie des choses, des paroles et une action : « Du pain… prenez et mangez… c’est mon corps ; du vin… prenez et buvez… c’est mon sang… Vous referez cela en mémoire de moi. »

Et c’est là que réside toute la ressemblance et aussi toute la différence… avec nous. La ressemblance : il y a en cet évènement toute l’émotion et toute l’intensité des adieux humains entre personnes qui s’aiment. La différence aussi : dans le signe, Jésus est capable de cacher sa présence réelle. A la fois, l’eucharistie nous rappelle cette présence et nous la donne, ravive notre mémoire de lui et provoque la communion avec lui.
Tel est le mystère que nous célébrons en ce jour.

Retenons-en trois dimensions.

Présence réelle dans une relative absence : Jésus se camoufle sous les signes du pain et du vin. Il ne s’offre qu’à notre foi. C’est en même temps une pauvreté et une générosité. Rien de spectaculaire, certes, mais l’humilité nécessaire pour que cette actualité ne soit pas confisquée par quelques privilégiés en prise directe avec lui.
Le recul de Jésus dans ce pain et ce vin lui permet de servir sa présence à travers tout l’espace et tous les temps de l’histoire humaine. Comme recroquevillée dans cette discrète liturgie, la communion devient disponible à l’infini pour tous les affamés de sa personne. C’est tout petit, mais c’est universel. « Mangez-en tous… c’est pour vous et pour la multitude. »
Et aujourd’hui, c’est pour nous !

Une autre dimension : la modestie des moyens. Pas besoin de choses riches ou compliquées, pas des bijoux précieux ni des œuvres d’art sophistiquées. Seulement un peu de pain, un peu de vin, « fruits de la terre et du travail des hommes et des femmes ». Le minimum, normalement accessible aux plus pauvres, suffit pour réaliser devant nous et en nous la présence du Christ, le fils de Dieu, le Seigneur et le Sauveur du monde.
Le plus grand dans le plus petit : telle est bien la mentalité de Dieu lui-même quand il vient à notre rencontre pour nous combler de sa vie en attendant de nous submerger de sa gloire.

Enfin Jésus a inventé l’eucharistie dans un geste de partage, un repas convivial, si loin des pratiques individualistes ou égoïstes qui caractérisent trop souvent notre société. Il n’y a pas de messe qui ne soit en même temps un acte d’Eglise, un évènement communautaire. On ne peut retrouver la présence du Christ dans ce sacrement que dans une ambiance de fraternité, ou nos liturgies deviennent des caricatures de la sainte cène. L’eucharistie impose une vie fraternelle entre ses convives s’il s’agit bien de refaire ce que Jésus a fait pour nous au soir du jeudi saint.

Plus encore : les croyants et les participants de la messe ne peuvent qu’être des apôtres ardents du partage, de la justice, de la solidarité dans leurs relations de chaque jour et dans la gestion de la société en général. Ou alors ils nient par leur attitude de repli la communion qu’ils viennent célébrer et recevoir dans leurs eucharisties. C’est ce que l’apôtre Paul rappelait à des Corinthiens qui nous ressemblaient quand ils vivaient des liturgies sans impact sur leurs comportements quotidiens : « Puisqu’il n’y a qu’un seul pain, à nous tous, nous ne formons qu’un seul corps, nous qui avons part à ce pain unique. »

La Fête-Dieu : tout un merveilleux mystère, tout un vaste programme aussi. Pour des chrétiens vraiment pratiquants, pas seulement les dimanches et fêtes, mais tous les autres jours aussi. C’est peut-être pour cela que le Saint-Sacrement est porté jusque dans nos rues, au milieu des nos habitations et commerces.
L’eucharistie : un divin ferment d’humanisation dans la pâte du monde.
Claude Ducarroz

samedi 2 juin 2012

Homélie pour le dimanche de la Trinité

Homélie
Fête de la Sainte Trinité

« Au nom de Dieu clément et miséricordieux. Dis : Dieu est un. C’est le Dieu éternel. Il n’a point enfanté et n’a point été enfanté. Il n’a point d’égal. »

Peut-être avez-vous reconnu les 4 versets de la sourate 112 du Coran, le livre saint de l’islam. Vous aurez perçu dans cette citation l’attestation que Dieu est unique, mais aussi une pointe polémique contre le Dieu des chrétiens, la Sainte Trinité.
Le respect que nous devons à l’islam –qui est une grande religion- et aux musulmans – qui sont nos frères et sœurs en humanité- ne doit pas nous empêcher d’affirmer notre différence, à savoir notre foi en Dieu-Amour, un seul Dieu en trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

Parce que Dieu –l’unique, le parfait, l’infini- est Amour, rien qu’Amour, nous croyons qu’il est un mystère de communion dans lequel le Père-Source, le Fils-Verbe et l’Esprit-Saint sont en relation de partage éternel de leur commune divinité. Dieu est donc rencontre et échange. Dieu est une merveilleuse famille, de tout son triple cœur formant un seul amour, dans la joie d’une gloire totalement offerte et reçue entre les ineffables pôles de leurs personnalités.

Bien sûr, il faut l’ajouter aussitôt : nous serons toujours des balbutiants devant le mystère de la Sainte Trinité, tel que Jésus nous l’a révélé. Plus encore : démontré. Même les plus fervents mystiques et les plus audacieux théologiens nous disent combien ce mystère, au fur et à mesure qu’ils y pénètrent, les dépasse de plus en plus, tellement nous ne pouvons que le deviner de loin et l’adorer très humblement, comme des bébés émerveillés par le visage de leurs parents.
A la façon de Moïse devant le buisson ardent, nous ne serons toujours que de pauvres explorateurs qui marchent en tremblant à l’orée de Dieu, en attendant le face à face promis par notre frère aîné Jésus-Christ.

Ceci étant dit, et en gardant toujours à notre esprit l’image indicible de la majesté divine, il ne faudrait surtout pas réduire le mystère de la Trinité à un rébus théologique, une mathématique subliminale, une énigme réservé à des supercroyants. Le mystère de la Trinité, puisque nous sommes créés à l’image de Dieu, de ce Dieu-là, imprègne concrètement toute notre vie, notre être et notre faire.

Oui, nous pouvons, dans la foi, en reconnaître les traces vives dans notre existence la plus concrète, et même la plus banale. Pour le dire brièvement : là où il y a de l’amour vrai, il y a un indice trinitaire. A nous de le repérer, de l’identifier, de nous en réjouir, jusqu’à la louange à la divine majesté.

Pour exister déjà -ou pour faire exister-, il faut l’amour de deux êtres qui en produisent un troisième, différent, même s’il est aussi à leur image reflétée. Quand la bible nous dit, dès les origines, que nous sommes créés à la ressemblance de Dieu par la communion de l’homme et de la femme ouverts sur l’enfant, nous nageons sans le savoir dans le mystère trinitaire appliqué à l’humanité. On comprend dès lors que l’amour et la sexualité, quand ils s’unissent dans un merveilleux projet procréateur, deviennent des instruments de la Trinité au cœur de l’histoire humaine en marche. C’est l’origine du mariage comme sacrement.

Ce qui vaut pour la plus petite cellule humaine vaut aussi pour un projet plus vaste, à hauteur de la société. La qualité des relations entre les personnes, entre les peuples, entre les nations chante – ou trahit- le rêve trinitaire sur nous comme unique peuple aimé de son créateur.

Tout ce qui rassemble, ce qui réconcilie, ce qui met de la fraternité dans les rouages complexes de la société, exhale un parfum de Trinité. Chaque fois que nous luttons pour harmoniser l’exigence d’unité avec le respect de la diversité en vue d’une meilleure fécondité, que ce soit par l’économie, la politique, la culture ou l’écologie, c’est du trinitaire qui grandit en ce monde, pour la joie de Dieu et notre bonheur.

Que dire alors de l’Eglise, qui doit être l’échantillon réussi de l’humanité rêvée par le Dieu-Amour ? En disant à ses disciples qu’ils devaient aller par le monde entier baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, tout en mettant en pratique le commandement d’amour, Jésus a établi pour les chrétiens une feuille de route trinitaire.

Le programme commence dans nos communautés locales, et il est bon de s’interroger au moment où des changements pastoraux sont en vue dans nos paroisses.
Et ce dessein trinitaire doit gagner l’Eglise universelle. C’est pourquoi l’aventure œcuménique est un devoir sacré parce qu’elle met en jeu, entre les Eglises, l’avenir de la Trinité dans notre monde. « Qu’ils soient un comme nous, priait Jésus, afin que le monde croie ».

Décidemment, la Trinité n’est pas une spéculation pour esprits particulièrement doués en élucubrations. Elle est le divin terreau de notre existence comme êtres humains, comme artisans d’une société fraternelle et comme chrétiens fidèles à l’évangile dans une Eglise une et diverse, toute ruisselante de la richesse trinitaire.

La Trinité : non pas l’illusion d’un mirage, mais le visage d’un sublime et disponible Amour.

Claude Ducarroz