dimanche 24 juin 2012

Homélie de la Saint Jean Baptiste -paroisse de St Jean à Fribourg

Homélie pour la fête de saint Jean-Baptiste

Connaissez-vous l’UP ? ou le BIP ? ou la CEC ? ou l’EP ? Voire l’EP de l’UP ?
Pas exactement ? Eh ! bien ce n’est pas grave parce que ici, dans cette chère paroisse, on connaît, mieux qu’ailleurs, Jean-Baptiste. Et c’est bien plus important.
Bonne fête, chers paroissiens de St-Jean-Baptiste de Fribourg. Permettez que j’ajoute « bonne fête » aux chers paroissiens de ma paroisse d’origine, Montbrelloz, qui célèbre cette même patronale aujourd’hui, un village qui abrita, comme votre quartier, une commanderie de l’ordre de saint Jean de Jérusalem, devenu l’ordre de Malte après 1530 quand l’empereur Charles Quint donna cette île aux chevaliers de saint Jean chassés de l’ile de Rhodes.

J’aime la belle figure de Jean-Baptiste. Et vous aussi, n’est-ce pas ? Extérieurement, par exemple dans son accoutrement, il est original, et même plutôt excentrique, avec son manteau de poils de chameaux et son pagne de peau autour des reins. De quoi plaire à certains hippies attardés d’aujourd’hui.
Pour l’austérité de vie, personne ne peut le battre, même pas certains super-écolos actuels. Au menu, si ça vous chante, du miel sauvage et des sauterelles, peut-être même pas grillées. Chez nous, surtout certains samedis soir, sa sobriété –hélas ! -fera sans doute peu d’émules puisqu’il est annoncé comme ne buvant ni vin ni liqueur fermentée. Pas de whyskie dans ses armoires.
Son séjour au désert risque d’attirer encore quelques aventuriers des grands espaces, comme ceux qui aiment ensuite raconter leurs brûlantes solitudes dans nos médias.
Trêve de détails croustillants : Jean-Baptiste c’est bien plus que cela, le Jean-Baptiste que l’on vénère et cherche à imiter dans cette paroisse cinq fois centenaire, placée depuis toujours sous la protection de ce grand saint biblique.

* Jean-Baptiste, c’est d’abord un destin unique, un personnage extraordinaire, de par les circonstances de sa conception et de sa naissance. Un voulu, un choisi par Dieu lui-même.
Mais chacun de nous n’est-il pas unique lui aussi, elle aussi ? Ne sommes-nous pas, nous aussi, même dans les aléas ordinaires de notre vie, des élus de Dieu, des désirés de Dieu, des appelés par lui à la vie, chacun avec un rôle à jouer, irremplaçable, dans son existence, si humble qu’elle soit ?
Oui, il y a du Jean-Baptiste en chacun de nous, parce que nous sommes des humains créés à l’image de Dieu, parce que nous sommes tous des aimés de Dieu depuis toujours. Ne l’oublions jamais, pour nous-mêmes, pour ceux qui nous entourent, et jusqu’au bout du monde, dans la variété des origines, des nationalités et des cultures.

* Et puis Jean-Baptiste est l’homme d’une mission. Il fut comme dévoré par ce qu’il devait accomplir en sa courte vie. Le destin du précurseur, de celui qui trace des chemins, ouvre des voies, entrouvre les cœurs. Il y a consacré son temps, sa voix grave, son audace, et même finalement sa vie, toujours pour aller jusqu’au bout de sa mission. Intrépide dans l’adversité, courageux dans la dénonciation du mal, persévérant malgré les persécutions des despotes de son temps, il donna l’exemple d’une magnifique fidélité à l’appel reçu de plus haut, de plus grand que lui.
Mais n’est-ce pas là la feuille de route de tout chrétien qui veut vivre en cohérence avec sa foi, surtout de nos jours ?
Affirmer ses croyances et surtout les mettre en pratique, même chez nous, dans des pays qui se vantent d’être pacifiques et démocratiques : il faut aujourd’hui une bonne dose de bravoure intérieure. Demandez-le aux jeunes dans les milieux de formation et de loisirs. Demandez-le aux adultes qui veulent mettre leur vie familiale, économique ou professionnelle en harmonie avec leurs convictions chrétiennes.
Il y a du Jean-Baptiste dans tout chrétien d’aujourd’hui, ou alors il trébuche et finit par se décourager dans une société toujours plus indifférente, voire hostile face à la religion et aux Eglises.

* Enfin Jean-Baptiste, si exceptionnel qu’il fût, n’était pas établi à son compte, mais il était entièrement orienté vers un autre, le Christ, comme le tournesol vers le soleil. Son existence fut une longue transparence à Jésus, une lente diminution pour que le Christ grandisse, une impressionnante disparition pour faire toute la place à celui dont il n’était pas digne de dénouer la courroie des sandales.
Sa grandeur fut de devenir toujours plus petit, sa lumière de s’éteindre devant le Seigneur pascal. Sa relation au Christ, dès le sein de sa mère, fut de mettre sa joie dans l’humble service d’ami de l’époux, sans se prendre jamais pour un autre.
Il fut vraiment, comme le montrent de nombreux tableaux et statues, le doigt qui désigne le Christ et s’efface quand d’autres – à commencer par ses propres disciples- se mettent à suivre le Messie.
En ce sens, être Jean-Baptiste aujourd’hui, c’est la mission d’une Eglise humble et fidèle, toute polarisée par l’Evangile du Christ et son Esprit, une Eglise qui ne se met pas à son compte, mais se dévoue entièrement au compte de son Seigneur, tellement plus grand qu’elle.
Telle est aussi la vocation de chacun de nous -prêtres, diacres, religieux et laïcs confondus- dans la mesure où tous les baptisés doivent être des branchés sur Jésus, à l’écoute de sa Parole, nourris par son Eucharistie, inspirés et dynamisés par son Esprit.
Que voilà les Jean-Baptiste dont notre monde a besoin, et notre Eglise aussi, y compris dans ses EP, UP, CUP et autres BIP.
Afin que les autres, voyant ce que nous sommes et ce que nous faisons, rendent gloire à notre Père et leur Père qui est dans les cieux.
Claude Ducarroz

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