jeudi 23 septembre 2010

A la santé des courges

Fleur de vie

A la santé des courges !

Balade dans la campagne profonde. J’observe la santé insolente des plants de courges quand ils sont cultivés sur des tas de fumier. De larges feuilles s’étalent avec orgueil, les citrouilles se gonflent de bonheur. Et ces lieux peu ragoûtants se laissent enrober d’une généreuse verdure qui parvient même à les rendre coquets. En attendant les prochains délices cucurbitacés.
Le substrat de nos vies n’est pas toujours d’excellente qualité. Il y a nos hérédités ambivalentes, le poids d’un passé pas toujours reluisant, des souvenirs encombrants, nos responsabilités dans tel ou tel échec. Bref : nous devons essayer de fleurir et de donner des fruits dans un contexte difficile, voire hostile.
Nous ne maîtrisons pas tout, mais nous avons au moins le pouvoir de semer quelques graines d’amour, quelles que soient les conditions de notre terrain personnel ou social. Nous ne ferons pas des miracles, mais dans le petit jardin dont nous sommes les humbles cultivateurs, nous pouvons tous faire pousser quelques plants de fleurs aux couleurs de l’évangile, celles qu’on nomme « béatitudes ». Et qui donnent de si bons fruits de bonheur quand on les partage avec d’autres, en toute simplicité.
Pour terminer, une petite recette. Quelques minutes avant de sortir du four le gâteau à la courge que vous aurez préparé avec délicatesse, saupoudrez-le de sucre brun, avec de la crème (de Gruyère) et de la cannelle. Faites gratiner. Secret de ma mère. C’est délicieux.
Comme la vie, quand on la concocte avec amour.
1539 signes Claude Ducarroz

lundi 20 septembre 2010

Prendre de la hauteur

Fleur de vie

Prendre de la hauteur

Un voyage en ballon peut être une expérience qui fait réfléchir. Bien sûr, il y a les paysages qui s’élargissent au fur et à mesure de l’ascension, avec l’émergence des cimes enneigées sur les vastes bords de l’horizon. Dans la légèreté du silence, on s’en met plein les yeux, jusqu’à la contemplation, jusqu’à la louange.
Et puis l’aérostier explique. En actionnant les brûleurs à gaz, il domine les mouvements de montée et de descente, mais la direction est essentiellement donnée par le vent. Les courants jouent un rôle prépondérant. Autrement dit, il ne suffit pas de prendre de la hauteur. Il faut aussi se soumettre à l’air ambiant qui demeure le seul maître de l’espace.
Prendre de la hauteur ! On entend souvent ce conseil péremptoire. On le donne aux autres quand on n’arrive plus à trouver la solution d’un problème humain. Et on a raison. Car les difficultés changent de proportion quand on les envisage avec un certain recul. Mais il est tout aussi important de retrouver en plus le souffle intérieur d’une certaine inspiration.
Il y a en chacun de nous une présence silencieuse, comme un vent de Pentecôte qui ne demande qu’à illuminer notre esprit et à réchauffer notre cœur. Ne serait-ce pas l’Esprit, celui qui travaille discrètement l’âme de toute personne de bonne volonté pour l’aider à voir plus juste et l’inciter à prendre finalement la meilleure direction ? Capter les frémissements de ce souffle, écouter son murmure intérieur, suivre ses inclinations : ce sont là les fruits de la prière, ce qu’on appelle parfois « la vie spirituelle ».
Bon voyage !
1606 signes Claude Ducarroz

dimanche 12 septembre 2010

L'année des divorces

Fleur de vie

L’année des divorces

« Chez nous, c’est l’année des divorces ! » Une dame me dit cela avec des larmes dans les yeux. Elle précise : « Mes deux filles se sont divorcées, et même ma sœur, après 30 ans de mariage, s’est séparée de son mari. » Des situations devenues banales à force de se multiplier. Un couple marié sur deux est « promis » au divorce, nous disent les statistiques.
Certains plaisantent sur ce fait de société, à l’instar d’Oscar Wilde qui affirmait que la cause principale des divorces était…le mariage ! D’autres prononcent des jugements en forme de condamnation des personnes. « C’est la faute…à l’autre ! »
Bien sûr, le divorce est toujours un grave échec, et la responsabilité des protagonistes est engagée. Comment se fait-il que des partenaires d’âge mûr se séparent si rapidement, alors que la plupart ont vécu longtemps ensemble avant de convoler ? Il est trop facile d’incriminer la fatalité ou la société, surtout quand des enfants font finalement les frais de telles désunions.
Mais il ne sert à rien d’accabler les personnes. N’y aurait-il pas quelque part un grave déficit spirituel dans la manière dont on envisage l’amour, la sexualité, la vie à deux, la responsabilité parentale ? Plus que jamais, la vie de famille est un défi difficile à relever. Mais justement, il y a un sacrement qui confère les grâces nécessaires pour gagner une telle bataille qu’on pourrait appeler « l’amour durable ».
Pas la cérémonie romantique d’un jour, avec un peu d’eau bénite pour faire religieux, mais une existence bien alimentée, notamment par l’eucharistie, l’autre sacrement de « l’alliance nouvelle et éternelle. »
1645 signes Claude Ducarroz

samedi 4 septembre 2010

Des nôtres?

Fleur de vie

Des nôtres ?

Pas facile d’obtenir la nationalité suisse, même lorsqu’on vit en Suisse depuis longtemps. Le passeport rouge à croix blanche se mérite et le chemin pour y parvenir tient souvent du parcours du combattant.
Annie a dû remplir de nombreux questionnaires, fournir une quantité de documents et affronter plusieurs examens. Les questions posées ne respirent pas toujours le bon sens ou la délicatesse. Comment répondre, par exemple, au reproche d’avoir gardé l’accent anglais quand on vient des Etats-Unis ? Comment être sûr que Villars-sur-Glâne se trouve dans le district de la Sarine et non pas de la Glâne ? Détail qui peut faire chavirer un rêve caressé en tout bien tout honneur.
Mais il y a aussi des fonctionnaires sympathiques. Annie, qui n’a plus aucune attache ailleurs, a été finalement accueillie par cette phrase qui lui fait encore chaud au cœur : « Puisque vous n’appartenez à personne, vous serez désormais des nôtres ».
Je le sais : la Suisse ne peut être la patrie de tout le monde. Et on peut se sentir « en famille » en Suisse même si l’on n’a pas la nationalité de notre pays. N’empêche que toute personne aspire à éprouver, d’une façon ou d’une autre, le sentiment d’être quelque part « à la maison ». Par l’accueil reçu et le partage vécu.
Nous ne pouvons pas conférer le passeport suisse à tous ceux qui le souhaiteraient. Mais nous avons tous la possibilité de démontrer à nos voisins –étrangers ou même étranges- que la table du coeur est heureusement plus large que celle de l’administration officielle. Il suffit de l’élargir à la dimension d’un peu plus de fraternité.
1614 signes Claude Ducarroz