vendredi 8 septembre 2017

Eglise: problèmes et solutions

Eglise : problèmes et solutions
Matthieu 18,15-20

Il y a deux manières d’interpréter cette page de l’évangile de Matthieu. On peut retenir surtout un fidèle écho de l’enseignement de Jésus à ses disciples. Il les met en garde contre toutes sortes de dangers dans leurs relations plus ou moins fraternelles. Les méchantes tentations ne manquent pas. Une fois de plus, Jésus invite à la conversion.
On peut aussi trouver dans ces quelques lignes comme un scanner de l’état des communautés chrétiennes au temps des apôtres. A dire vrai, le diagnostic n’est pas très brillant. Même en ses débuts, l’Eglise est loin d’être parfaite. Heureusement, le recours aux paroles et aux exemples de Jésus fournit des solutions aux problèmes et même prescrit des remèdes contre les maladies ecclésiales. Aujourd’hui encore !
Constat : il y a des frères et sœurs qui pèchent. En quoi ? ce n’est pas précisé, mais c’est suffisamment grave pour nécessiter un traitement d’urgence, avec une progression dans l’application de la médecine spirituelle.
Première étape : reprendre le fautif seul à seul. Deuxième étape, si nécessaire : se faire aider par un petit groupe de personnes bienveillantes. Enfin, en cas d’échecs précédents : alerter toute la communauté. Et seulement au terme de ce processus de patience et de persévérance, il peut être justifié d’abandonner le pécheur à son sort ou  plutôt de le confier à la miséricorde de Dieu.
Pour résoudre les inévitables conflits entre frères – même dans les meilleures communautés chrétiennes-, on retiendra l’exercice recommandé par Jésus, à savoir des démarches interpersonnelles et plutôt discrètes, avant d’impliquer d’autres personnes. On remarquera que les solutions doivent être trouvées, autant que possible, dans la communauté elle-même, là où la charité constitue la loi suprême, là où le pardon doit rayonner, là où on préfère délier pour libérer plutôt que lier pour enfermer.
Cependant, il y a encore deux derniers mots à retenir, à savoir des ultimes recours tellement typiques de l’ADN des chrétiens.
D’abord la prière, celle qui doit imbiber toute la vie, surtout s’il y a des problèmes d’apparence insoluble. Même seulement à deux, surtout quand il faut supplier pour trouver un accord, la prière est toujours nécessaire et souvent suffisante.
Enfin, ne jamais perdre la conscience que la communion avec le Christ est tellement plus profonde que les conflits agitant la surface de nos relations communautaires. Cette communion n’est-elle pas fondée solidement sur la présence certaine du Christ au milieu de ceux qui sont réunis en son nom, même s’ils ne sont que deux ou trois ?
Cette prière et cette présence, encore mieux que nos démarches purement humaines, peuvent dénouer tant de situations apparemment sans issue, dans nos familles et dans nos communautés.
Puisque nous sommes tous des êtres fragiles et des chrétiens imparfaits, ne nous étonnons pas de rencontrer dans nos communautés d’Eglise des difficultés et des problèmes inhérents à cette condition humaine. Mais la mystérieuse actualité du Christ, au cœur de nos vies personnelles et dans nos relations communautaires, peut encore faire des merveilles d’amour, de pardon et de réconciliation.
Heureusement.
                                                                                  Claude Ducarroz
A paru sur le site  cath.ch