samedi 29 juillet 2017

Tout est dit

15ème dimanche du temps ordinaire
Tout est dit
Matthieu 13, 1-23

Faut-il ajouter quelque chose à la parabole du semeur que Jésus a racontée à la foule pour parler du Royaume de Dieu  (versets 3 à 9) ? N’a-t-il pas fait lui-même le commentaire (versets 18 à 23) ? Tout semble dit… et bien dit, puisque Jésus lui-même, avec prudence, délivre à ses disciples la juste interprétation.
Retenons d’abord le cadre. On se trouve en plein air, au bord du lac, et Jésus parle depuis une barque. N’est-ce pas un encouragement, pour l’Eglise, à « sortir dehors », à prendre le risque d’une parole publique, à semer au large du monde, au lieu de rester « à la maison » ?
Et puis il y a le style. Jésus se fait paysan, en connaisseur des faits et gestes de la campagne, pour parler à des gens du crû en les rejoignant dans leur culture…et leurs cultures. Encore une invitation à annoncer, même les mystères du Royaume de Dieu, en termes simples.
Et cependant les explications demeurent nécessaires, même après une évangélisation au plus près des gens. Ici Jésus s’y emploie lui-même. A sa suite, l’Eglise se doit d’exposer la Parole, mais aussi de l’expliciter et de l’expliquer. Jésus n’a-t-il pas promis que l’Esprit Saint accompagnerait celles et ceux qui sont chargés de ce beau service ? Avec cette nuance, rappelée par le concile Vatican II, que les pasteurs patentés doivent aussi écouter « la collectivité des fidèles qui, ayant l’onction qui vient du Saint, ne peut se tromper dans la foi ». (Lumen gentium no 12)
Ne sommes-nous pas tous une terre de qualité fort variable ? Comme Jésus a raison de souligner la fragilité de nos terrains d’accueil ! Le Mauvais y sème d’autres graines. Notre cœur est parfois pierreux. Il nous arrive de trébucher à la moindre épreuve. Les ronces des passions peuvent étouffer toute croissance. Sans compter les soucis du monde et la séduction des richesses. Décidemment, Jésus connait bien l’humus humain.
Mais, avec nous tels que nous sommes, il n’est pas pessimiste, encore moins désespéré. Heureusement pour nous ! Comme un bon paysan, Jésus continue de semer, sans garantie de réussite. Il sème sa Parole de lumière, il ensemence notre vie par le Pain eucharistique. Saison après saison, il recommence sans trêve, car sa miséricorde est plus forte que toutes nos misères.
Certes, il compte aussi sur nous pour améliorer le terreau d’accueil de sa Parole, avec le secours de sa grâce. Mais il ne renonce jamais à labourer comme à semer. Jusqu’à ce que nous puissions jouir du bonheur de donner du fruit, cent, soixante ou seulement trente pour un.
Peut-être faut-il surtout retenir de cette parabole cette béatitude pleine de promesses : « Heureux vos yeux puisqu’ils voient, et vos oreilles puisqu’elles entendent ! »
La joie de croire, le bonheur d’être encore aimé.

Claude Ducarroz