15ème dimanche du temps ordinaire
Tout est dit
Matthieu 13, 1-23
Faut-il ajouter quelque chose à la
parabole du semeur que Jésus a racontée à la foule pour parler du Royaume de
Dieu (versets 3 à 9) ? N’a-t-il pas fait lui-même le commentaire (versets
18 à 23) ? Tout semble dit… et bien dit, puisque Jésus lui-même, avec
prudence, délivre à ses disciples la juste interprétation.
Retenons d’abord le cadre. On se trouve en
plein air, au bord du lac, et Jésus parle depuis une barque. N’est-ce pas un
encouragement, pour l’Eglise, à « sortir dehors », à prendre le
risque d’une parole publique, à semer au large du monde, au lieu de rester
« à la maison » ?
Et puis il y a le style. Jésus se fait paysan,
en connaisseur des faits et gestes de la campagne, pour parler à des gens du
crû en les rejoignant dans leur culture…et leurs cultures. Encore une
invitation à annoncer, même les mystères du Royaume de Dieu, en termes simples.
Et cependant les explications demeurent
nécessaires, même après une évangélisation au plus près des gens. Ici Jésus s’y
emploie lui-même. A sa suite, l’Eglise se doit d’exposer la Parole, mais aussi
de l’expliciter et de l’expliquer. Jésus n’a-t-il pas promis que l’Esprit Saint
accompagnerait celles et ceux qui sont chargés de ce beau service ? Avec
cette nuance, rappelée par le concile Vatican II, que les pasteurs patentés
doivent aussi écouter « la collectivité des fidèles qui, ayant l’onction
qui vient du Saint, ne peut se tromper dans la foi ». (Lumen gentium no
12)
Ne sommes-nous pas tous une terre de qualité
fort variable ? Comme Jésus a raison de souligner la fragilité de nos terrains
d’accueil ! Le Mauvais y sème d’autres graines. Notre cœur est parfois
pierreux. Il nous arrive de trébucher à la moindre épreuve. Les ronces des
passions peuvent étouffer toute croissance. Sans compter les soucis du monde et
la séduction des richesses. Décidemment, Jésus connait bien l’humus humain.
Mais, avec nous tels que nous sommes, il n’est
pas pessimiste, encore moins désespéré. Heureusement pour nous ! Comme un
bon paysan, Jésus continue de semer, sans garantie de réussite. Il sème sa
Parole de lumière, il ensemence notre vie par le Pain eucharistique. Saison
après saison, il recommence sans trêve, car sa miséricorde est plus forte que
toutes nos misères.
Certes, il compte aussi sur nous pour améliorer
le terreau d’accueil de sa Parole, avec le secours de sa grâce. Mais il ne
renonce jamais à labourer comme à semer. Jusqu’à ce que nous puissions jouir du
bonheur de donner du fruit, cent, soixante ou seulement trente pour un.
Peut-être faut-il surtout retenir de cette
parabole cette béatitude pleine de promesses : « Heureux vos yeux
puisqu’ils voient, et vos oreilles puisqu’elles entendent ! »
La joie de croire, le
bonheur d’être encore aimé.
Claude Ducarroz
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