dimanche 2 septembre 2012

Homélie pour le 2 septembre 2012

Homélie du 22ème dimanche ordinaire

« Tu causes, tu causes, mais tu ne causes rien. »
Sur le moment, la remarque de ce confrère m’a semblé rude et, pour le dire franchement, peu « fraternelle ». Je ne sais plus de quoi j’avais parlé, sans doute trop, mais finalement l’interrogation me fut utile. Elle rejoignait ce que les textes liturgiques répètent à l’envi aujourd’hui : il ne suffit pas de parler, il faut surtout agir.
+ Moïse : « Ecoute, Israël, les décrets que je t’enseigne pour que vous les mettiez en pratique. »
+ Jacques : « Mettez la Parole en pratique. Ne vous contentez pas de l’écouter. Ce serait vous faire illusion. »
+ Jésus lui-même : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. »
D’ailleurs tout cela rejoint les contestations et critiques entendues aujourd’hui encore contre les chrétiens et singulièrement contre les prêtres : ils disent et ne font pas.

Il faut le reconnaître : nous serons toujours en dessous de l’idéal évangélique. Nous sommes tous imparfaits et même pécheurs. Nous avons besoin de la miséricorde de Dieu et de l’indulgence de celles et ceux qui nous entourent. Le reconnaître humblement ne doit pas nous décourager ni nous déprimer. Tout le contraire : la figure du Christ –dont les chrétiens tirent leur nom- est toujours au devant de nous et au dessus de nous. Elle nous attire vers le haut, elle nous tire en avant. Nous écoutons quelqu’un, nous suivons quelqu’un, nous chercher à imiter ce Christ. Et son Esprit en nous est une lumière pour nous faire savoir ce que nous devons faire, et une force pour nous aider à accomplir de notre mieux ce que nous avons compris.
C’est encore le message de ce dimanche. Avant d’égrener le chapelet des commandements et préceptes, Dieu dit : « Ecoute Israël ! Je suis ton Dieu, je suis avec toi. » Vous l’avez entendu : « Quelle est la grande nation dont les dieux soient aussi proches, que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ? »
Croire, ce n’est pas adhérer à une supermorale. C’est d’abord fréquenter un Dieu proche, ami de l’homme, que l’on peut prier en toute confiance.

Un pas de plus est franchi avec l’épitre de Jacques. Avant de nous dire de manière assez abrupte : « Mettez la Parole en application », il dit : « Dieu a voulu nous donner la vie par sa Parole de vérité, pour faire de nous les premiers appelés de ses créatures. » Nous sommes donc les enfants bien-aimés d’une parole créatrice qui fait de nous des vivants. Ensuite seulement, portés par cette Parole, nous pouvons –nous devons- l’accueillir humblement parce qu’elle a été semée en nous par l’Esprit comme un message qui sauve, qui éclaire, qui relève, qui dynamise.

Cette Parole en personne, c’est Jésus, le Verbe fait chair. « Ecoutez-moi tous, et comprenez bien », nous répète Jésus. Eclairés par cette Parole vivante, fortifiés par l’Esprit, nous pouvons alors « passer aux actes », ne pas causer sans rien causer. Au contraire. Nous pouvons « pratiquer la religion pure et irréprochable », comme dit saint Jacques. Et c’est très concret, ici dans le contexte d’alors : « Venir en aide aux orphelins et aux veuves » (à nous d’adapter la liste du bien à faire !) et se tenir propre au milieu d’un monde sale et salissant dont Jésus a dressé à la fin de l’évangile de ce dimanche la liste des turpitudes, hélas ! toujours d’actualité.

La morale chrétienne est la conséquence d’une communion et non pas l’observance servile d’une liste de prescriptions et d’interdits. Elle est une manière d’aimer parce que nous nous savons aimés par l’Amour premier qui est Dieu lui-même. C’est exigeant, mais c’est pour la vie. « Ainsi vous vivrez », dit Moïse. Pour la vie, mais aussi pour le vrai bonheur. Et nous avons tous les ingrédients offerts gratuitement pour relever le défi, pour réussir. Tout cela nous est donné en concentré nourrissant dans l’eucharistie, dans cette eucharistie :
- le pardon qui nous rend libres
- la parole biblique pour nous éclairer
- la présence réelle de Jésus, notre compagnon de route et de lutte.

Alors, avec lui, en nous donnant la main en Eglise, souhaitons-nous : bon voyage » !

Claude Ducarroz