Cherchez… et vous ne trouverez pas !
En (bon) citoyen de ma chère patrie, à
l’approche des élections fédérales, je m’intéresse aux propositions des divers
partis politiques. Et mon œil se fait un peu inquisiteur en compulsant les
documents de leur propagande. Tiens ! voilà une grande affiche déployée
sur le quai de la gare par le premier parti politique du pays. Sept fiers à
bras sont près à partir à l’assaut pour sauver le pays de tous les malheurs que
lui concoctent la gauche et les écologistes. Et je cherche la silhouette d’une
femme. Aucune. Les sept candidats sont tous des hommes (mâles) qui nous
promettent sans doute une Suisse meilleure…sans les femmes, même si elles
constituent le 53% de notre population. Et quelle est cette démocratie dite
« populaire » qui semble ignorer la capacité des femmes à assumer des
responsabilités politiques au niveau national ?
J’ai cherché la femme, et je n’en ai pas
trouvé.
Je tombe alors sur une photo montrant, tout
souriants, une assemblée d’évêques catholiques réunis en synode à Rome pour
discuter de la famille. C’était en 2015. Et je cherche aussi. Pas un visage de
femme dans cette auguste assemblée. Je sais bien que des femmes, en coulisse,
ont participé activement aux travaux de cette réunion d’Eglise. Je sais aussi
que beaucoup d’évêques, comme le pape,
sont convaincus qu’il faut associer davantage les femmes à la réflexion communautaire
et à la mise en pratique des orientations pastorales. Il demeure que, dans les
organes de décisions ultimes –à Rome et ailleurs-, les femmes sont absentes.
Symboliquement, dans le contexte de notre
société de plus en plus sensible à la promotion des responsabilités féminines,
c’est une grave interrogation qui subsiste. Les arguments théologiques
tiennent-ils encore devant une telle exclusion de moins en moins compréhensible
? Comment pourrait se manifester plus courageusement dans notre Eglise, le
prophétisme de l’Evangile qui, selon saint Paul, fait de tout
chrétien/chrétienne un être tellement nouveau qu’il ne doit subsister aucune
discrimination entre le juif et le païen, entre l’esclave et l’homme libre,
entre l’homme et la femme, du moment que nous sommes tous un en Jésus Christ.
(Cf. Gal 3,28) ?
L’affiche d’un certain parti ne m’incite pas à
lui faire confiance et à lui donner ma voix.
Certaines images et surtout certaines pratiques de mon Eglise n’aident
pas non plus beaucoup de femmes –et
d’hommes aussi- à adhérer au beau message de cette même Eglise concernant
l’égale dignité de toute personne humaine et, en elle, l’impossibilité de
justifier une quelconque inégalité qui viendrait du sexe.
Franchement, il serait temps que mous fassions
mieux que l’UDC en Eglise catholique !
Claude Ducarroz
A paru sur le site cath.ch le 25 septembre 2019