samedi 17 mai 2014

Homélie du 5ème dimanche de Pâques RTS

Homélie
RTS
18 mai 2014

Un chemin…une maison ! Ouf ! On est sauvé !
Vous êtes-vous jamais trouvés égarés, sans savoir où vous étiez et donc sans savoir où aller pour prendre la bonne direction, et retrouver enfin l’endroit où vous étiez attendus ?
Perdu ! Peut-être sans aller jusque là, et tant mieux pour vous.

Mais vous savez bien comme moi que d’innombrables hommes, femmes et même enfants en sont là à travers le monde. A cause de la guerre, de l’exclusion, de la misère, de la famine : partir, par terre ou par mer, n’importe où, sans savoir où l’on arrivera, ni comment. Et peut-être même en imaginant qu’on échouera plus probablement sur les rivages de la mort qu’au port improbable du salut.

Et puis une telle aventure peut-être intérieure, morale, affective, spirituelle, même chez nous, dans l’enchevêtrement toujours plus complexe des moyens de communications modernes et des résidences multiples qui n’empêchent pas la solitude et parfois le désespoir.

Et voici que tout à coup, aujourd’hui dans l’évangile, il est question de maison et de chemin, justement. Une maison bien habitée où nous sommes attendus, un chemin sécurisé pour aller précisément dans cette maison-là. Heureusement !

Ce n’est pas qu’il n’y ait jamais, avant de trouver cette bonne adresse, une recherche qui puisse aller jusqu’à l’angoisse, puisque Jésus nous dit : « Ne soyez donc pas bouleversés ». Dans toute quête profonde, il y a aussi le passage par quelques tunnels, c’est normal.

Mais là, enfin à la maison. C’est une demeure, autrement dit un endroit où il fait bon demeurer, où l’on a envie de rester parce qu’il y fait clair et chaud. C’est que l’hôte qui nous attend, au-delà des ravins de la mort, n’est pas n’importe qui : Dieu comme Père, avec un cœur maternel, le Dieu de la lumière éternelle, le Seigneur de l’Amour qui ne s’éteint jamais.

On pourrait appeler cela un foyer, là où les amoureux se trouvent bien, à la juste température de la tendresse infinie. Car là, à savoir dans le cœur même de Dieu, si nombreux que nous soyons, il y a de la place pour tout le monde. Ta place, ma place sont même préparées. Nous sommes attendus pas seulement par Dieu, mais en Dieu. Une maison en forme de Dieu lui-même : voilà notre lieu de rendez-vous pour toujours.

Et puis le chemin. Car on pourrait imaginer que de telles promesses sont certes merveilleuses, mais très hautes, lointaines, inaccessibles. Ou du moins pas à la portée de tout le monde, et surtout pas de moi.

Eh ! bien, quelqu’un est venu à notre rencontre pour nous montrer le chemin. Mieux : nous ouvrir ce chemin. Plus encore : il est le chemin qui, à travers la vérité de son amour, nous conduit à la vie éternelle. Un chemin qui est quelqu’un, un chemin de chair et de sang, qui peut nous tendre la main, nous donner sa main, nous serrer sur son cœur, pour nous mener, tout en douceur et en sécurité, vers la maison de son Père qui est aussi notre Père.

Il suffit de se laisser guider.
* Il y a la lumière de sa parole pour cela, lampe sur le sentier, clarté devant nos pas.
* Même si nous devons passer par la nuit de la mort, nous croyons, sur la foi de témoins crédibles, qu’il est sorti vivant de l’autre côté du tunnel de la grande détresse, au point de pouvoir nous appeler « des ténèbres à son admirable lumière. »
* Pour parcourir le voyage de notre vie, en pèlerins exposés à tous les temps, il nous faut pouvoir faire halte de temps en temps dans l’auberge du repas partagé : c’est l’eucharistie, là où notre divin compagnon de route se fait tellement humain qu’il peut nous dire en nous les offrant : « Prenez, mangez, ceci est mon corps livré pour vous ; prenez, buvez, ceci est mon sang versé pour vous. »

Et puis, dans cette caravane de la vie en route vers la maison qu’est Dieu, avec Jésus Christ et autour de lui, il y a tout un peuple. Nous ne sommes pas seuls, heureusement.
Il y a « la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu. » Derrière ces mots un peu difficiles à comprendre, n’allons pas chercher très haut ou très loin. Il y a le visage aux mille contours des autres chrétiens, l’Eglise des Eglises, les disciples enfants de la croix, de la Pâque et de la Pentecôte, qui se sont multipliés à partir de Jérusalem et jusqu’au bout du monde, à la suite des premiers apôtres. Et puis on a ajouté de nouveaux ministère, par exemple les diacres, et tant d’autres encore, hommes et femmes, fidèles employés dans la maison ecclésiale.

Quel bonheur, quel honneur de faire Eglise tous ensemble, pas parce qu’on est meilleur que les autres, ni pour se mettre à l’abri du monde, mais pour se laisser envoyer là où nous vivons au jour le jour en témoins de l’évangile libérateur et constructeur d’humanité à l’image de Jésus. Rêvons et réalisons une Eglise qui bâtit des ponts entre les maisons humaines, qui construit dès ici-bas une cité de fraternité et de paix.

A cause de ce Jésus qui a même osé promettre : « Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes. »
Pas nous tous seuls, évidemment, mais lui et son Esprit en nous.

Beau programme ! Allons-y !


Claude Ducarroz

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