samedi 9 janvier 2016

Baptême du Christ

Baptême du Christ

Etes-vous connectés ? J’espère que oui. Il y en a parmi vous qui ne sont pas connectés ? Mais comment faites-vous pour survivre en ignorant Google, Twitter, Facebook, Skype ? Avez-vous bonne conscience sans utiliser ni IPhone ni IPad ? Pouvez-vous avoir le sentiment d’habiter vraiment notre espace et notre temps sans tapoter sur une tablette ?
Regardez autour de vous, comme ils sont différents, heureux, bienheureux, ceux qui utilisent l’internet à tort et à travers ! Et je vous annonce d’ores et déjà la prochaine merveille : la montre connectée. Le paradis sur terre !

En voilà un qui est particulièrement bien connecté. Il se présente dans l’évangile de cette fête, au jour de son baptême par Jean. Jugez-en plutôt :
-          le ciel s’ouvre au dessus de lui…connexion immédiate avec le royaume des cieux
-          Dieu le Père fait entendre sa voix avec un message extraordinaire : « C’est toi mon fils. Moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. » Etre engendré par Dieu : quelle meilleure connexion ?
-          Et le Saint-Esprit s’y met aussi, en descendant sur Jésus sous la forme d’une colombe.
La communion trinitaire s’exprime, explose même, dans cet évènement au bord du Jourdain. Elle révèle à la fois la filiation éternelle du fils de Dieu et la vocation de Jésus de Nazareth, réaffirmée par Jean-Baptiste devant tout ce peuple en attente. Or cette mission concerne un baptême, comme il est dit, « dans l’Esprit Saint et dans le feu. »

L’Esprit Saint et le feu : voilà qui nous renvoie déjà à la Pentecôte, la fondation et l’envoi de l’Eglise. Mais auparavant, Jésus aura fait allusion à un autre baptême dont il dira qu’il provoque en lui une angoisse jusqu’à ce qu’il soit consommé (Cf. Lc 12,50). On l’aura compris : c’est le mystère pascal, le passage par le sanglant baptême de la croix avant de déboucher sur la gloire de Pâques. Inséparablement.

Jésus baptisé est venu faire des baptisés puisqu’il a aussi dit : « Le baptême dont je serai baptisé, vous en serez aussi baptisés » (Mc 10,39). Avec en plus cette mission rappelée par Jésus au moment de son ascension : « De toutes les nations, faites des disciples, baptisez-les en mon nom…Car celui qui croira et sera baptisé sera sauvé. »

Telle est la connexion trinitaire, comme grâce puis comme mission, qui nous est offerte dans notre propre baptême.

Branchés sur Dieu, avec en nous l’ADN intérieur des fils et filles de Dieu à l’image de Jésus, habités par l’Esprit du Père et du Fils : voilà le mystère qui nous constitue et nous anime, si nous nous laissons aimer par l’Amour majuscule.

Alors nous voyons la vie autrement. Nous l’expérimentons non pas comme un destin fatal qui mène à la tragédie de la mort, mais comme un voyage ici-bas, promis à la rencontre éternelle avec Dieu, quand il nous dira, comme à Jésus : « Toi aussi, tu es mon fils –ma fille-. En toi, j’ai mis tout mon amour. »

C’est pourquoi il nous faut bénir en même temps notre vie et notre baptême, à savoir la vie même de Dieu qui vient s’implanter au creux de notre existence quotidienne pour en faire éclore les bourgeons et les fleurs dans les jardins de toutes les fraternités, en attendant la récolte de tous ses fruits dans les vergers d’éternité.

Les fleurs, ce sont tous nos gestes d’amour, nos paroles d’encouragement, nos dons et pardons, nos efforts pour la justice et la paix, nos petits et grands services en direction des plus souffrants et des plus nécessiteux.

Y compris tout ce que nous faisons, personnellement et ensemble, pour que l’Eglise puisse continuer vaillamment d’annoncer et d’expérimenter, ne serait-ce qu’imparfaitement, la joie de croire, le courage d’espérer, le bonheur d’aimer.
Et les fruits, ce seront la gloire et le bonheur éternels partagés sans modération dans la chaleureuse lumière du Dieu vivant.

Voilà le magnifique programme de vie des baptisés d’eau et d’Esprit, des connectés trinitaires.
Il nous reste à le vivre, avec la grâce de Dieu, pour que nous puissions, là où nous sommes et comme nous sommes, faire connaître à d’autres ce mystérieux bonheur.
Et leur donner envie de le vivre aussi, en humanité fraternelle, en Eglise fervente et unie.
Et le moment venu, en communion parfaite avec la source  de la vie et de l’amour.

Oui, la meilleure connexion : Dieu tout en tout et en tous.


Claude Ducarroz

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