jeudi 15 décembre 2016

Pour nos autorités cantonales

Reconstitution des autorités cantonales
16 décembre 2016     HOMELIE              Jn 13, 3-5 et 12-17

Rassurez-vous ! Après cette page de l’évangile de Jean, il me semble que je n’ai plus rien à dire. Tout a été démontré concrètement par le Christ Jésus lui-même dans l’émouvant récit du lavement des pieds.
Personnellement, j’aurais plutôt envie de vous montrer quelque chose. Et c’est le portail sud de notre cathédrale, celui qui est maintenant offert à la contemplation de tous, notamment grâce à la générosité et à l’activité de nos autorités cantonales. Il peut constituer en effet comme un autre commentaire de la juste attitude prônée par Jésus dans l’évangile, en particulier pour les autorités de ce monde. Si vous n’avez pas encore apprécié ce chef d’œuvre, je vous conseille vivement de ne pas tarder à venir méditer devant sa beauté.

Le Christ est au sommet de l’ogive supérieure. Il domine certes, mais il ne menace pas. Il parle pour dire une parole de lumière. Il bénit pour accorder un esprit de vie. On le retrouve au centre du portail, là encore, non pas dans l’arrogance d’un pouvoir, mais dans la douce proximité d’un enfant sur les genoux de sa mère. Certes, il n’est plus un bébé puisqu’il est debout et fait un premier pas vers l’avenir, vers sa liberté, vers sa mission.

Et vous –si vous me pardonnez cette audace-, je vous vois dans la figure des trois mages/rois qui s’approchent de ce trône un peu solennel, mais très avenant. Tous les trois obéissent à la même attraction intérieure, celle qui les conduit tous, à la lumière d’une étoile mystérieuse, vers le petit roi qui les regarde en étendant ses bras.
Ils sont très différents –peut-être même par les orientations politiques-, certainement par l’âge. * Le premier est dans la soixantaine, bien velu et barbu, déjà comblé par une longue expérience.
* Le deuxième, qui désigne l’enfant, est dans la quarantaine, avec une barbe bien taillée et sans doute un programme ripoliné.
* Quant au troisième, c’est un jeune homme imberbe, mais certainement plein d’ambition.
En résumé : tout ce qu’il faut pour constituer un bon Grand Conseil et un Conseil d’Etat équilibré. A condition d’y ajouter des femmes évidemment !
Tous les trois apportent au Seigneur le cadeau de ce qu’ils ont, mais surtout l’offrande de ce qu’ils sont. Et ce n’est pas rien puisqu’ils portent tous une couronne, signe ostentatoire de leur autorité reconnue et respectée. Sauf le premier. Non pas qu’il ait renoncé à son pouvoir puisqu’il a placé sa couronne au coin de son genou gauche, en pleine génuflexion.
Il a conscience de se trouver, lui un roi, devant plus roi que lui, même s’il s’agit encore d’un enfant. Il le manifeste clairement: son autorité vient d’ailleurs. Il s’incline pour être à sa juste grandeur. Il est premier serviteur pour exprimer sa vraie valeur. A fortiori, dans un système démocratique, la force du pouvoir jaillit de l’humilité de celui ou celle qui l’exerce, et l’on sait que l’attention aux plus petits et aux plus faibles est la marque des grands magistrats.

C’est la leçon du premier roi du portail sud. Il rejoint à l’avance l’esprit de l’évangile de tout à l’heure. Servir les autres, voilà la vérité de tout pouvoir qui veut s’exercer à l’imitation de celui qui a lavé les pieds de ses amis avant de donner sa vie pour eux : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »
Mais surtout, pour terminer, je ne voudrais pas que vous oubliiez la phrase suivante, car c’est une si belle promesse, et c’est bien ce que nous vous souhaitons du fond de notre prière, pour vous, nos autorités, hommes et femmes élus ou réélus : la joie de servir ainsi.
« Sachant cela, dit Jésus, heureux serez-vous si vous le faites ». Bien du bonheur !
                                                                                                          Claude Ducarroz, prévôt



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