Trinité 2017
Etre ou avoir :
telle est la question !
Nous, pauvres humains, nous avons de l’amour.
Pas assez sans doute, mais il nous arrive d’aimer, et même d’aimer aimer. A des
degrés variables, avec parfois des éclipses, nous aimons, au moins ceux et celles
qui nous aiment. Et même davantage, quand nous parvenons à aimer plus
gratuitement, y compris des êtres moins aimables. Que deviendrait notre
humanité s’il n’y avait plus d’affection ni d’amitié sincère entre les
personnes, si l’on ne misait plus sur l’amour, jusqu’au don, jusqu’au pardon ?
Dieu est Amour. Il n’en a pas. Il l’est, rien
qu’amour, tout amour. C’est son identité profonde, c’est sa raison d’être,
c’est son mystère. En lui, rien qu’Amour majuscule, éternel, infini, parfait. Et
comment serait-il cela –Amour en totale plénitude- s’il n’y avait pas en lui,
dans le foyer incandescent de son être, quelqu’un qui aime, quelqu’un qui est
aimé et le fruit de leur amour échangé ? Il n’y a pas d’amour sans
relation, car l’amour crée et anime les connexions entre les personnes. Si
l’amour n’est pas communionnel, il est seulement amour de soi, en solitude
égoïste, en vase clos, en suprême narcissisme. Tout le contraire d’un
Dieu-Amour.
Et voici que nous arrive Jésus-Christ. Il nous
révèle, en nous aimant jusqu’à l’extrême, que Dieu est bel et bien Amour. Il
nous parle de son Père comme de la source éternelle de l’amour qui le fait
vivre, y compris humainement, au milieu de nous.
Il nous promet l’Esprit-Saint, fruit de l’amour
du Père et du Fils dans la communion trinitaire.
Jésus nous a ouvert de cœur de la divinité pour
nous la faire connaître en vérité. Elle est familiale et non pas célibataire ;
elle est solidaire et non pas solitaire ; elle est communion de trois
personnes dans la même nature, et non pas divin égotisme. Encore une
fois : Dieu EST Amour !
Qu’est-ce que ça change, me-direz-vous ?
S’il y a en Dieu une explosion éternelle
d’amour relationnel, tout ce qui va déborder de lui et hors de lui sera le
fruit de cet amour, d’abord créateur, puis, en cas d’urgence, sauveur.
* Il suffit d’être un brin poète pour
reconnaître dans la création d’innombrables motifs de louanges à Dieu pour tant
de merveilles fécondes et belles.
* Et puis il y a l’être humain créé à l’image
et à la ressemblance du Dieu Trine dans le beau défi d’une communion entre l’homme,
la femme et l’enfant.
* Il
suffit enfin d’être un peu religieux ou contemplatif pour deviner, voire
discerner la mystérieuse présence trinitaire au cœur de notre être le plus
intime.
Ne sommes-nous pas tous marqués par l’ADN
trinitaire, nous qui sommes tous le troisième de deux autres, nous qui sommes
tous appelés, d’une manière ou d’une autre, à augmenter la vie en ce monde par
des relations d’amour généreux ?
Pas d’humain qui ne provienne d’un amour reçu
pour le partager avec d’autres. Personne qui puisse totalement échapper à la
structure trinitaire de l’amour qui nous constitue fils du Père, frère de
Jésus-Christ et temple de leur Esprit. C’est notre vocation, c’est notre
mission, c’est notre destinée éternelle.
Encore faut-il relever un certain défi, à
partir de cette communion ombilicale avec Dieu-Trinité. Créer, bâtir,
développer du trinitaire dans nos vies au fur et à mesure de notre pèlerinage
humain.
* Ca commence dans notre expérience de la vie
spirituelle, faite de silence, d’écoute et de prière.
* Ca continue par la famille, premier
réceptacle de communion trinitaire, dans l’amour qui donne la vie.
* Ca passe ensuite dans toutes nos relations
sociales -politiques, économiques, culturelles, écologique-, où il s’agit de diffuser
du trinitaire en essayant de promouvoir l’unité dans le respect des diversités,
comme en Dieu.
* Ca traverse la vie de l’Eglise, autre
communauté marquée par la Trinité. Là, nous sommes appelés à traduire en large fraternité
œcuménique notre commune naissance en Dieu par le baptême au nom du Père et du
Fils et du Saint-Esprit.
Nous ne devons jamais l’oublier :
engendrés nous-mêmes dans l’amour trinitaire, il s’agit pour nous de semer du
trinitaire partout où nous vivons et agissons. Autrement dit : tendre de
toutes nos forces vers une humanité vraiment fraternelle parce qu’elle se sait
et se sent issue de la tendresse de Dieu, la même pour tous, qui nous a créés
et qui nous attend.
Alors la Trinité ne sera pas un problème
d’algèbre théologique -comment trois fois un peuvent faire toujours un ?- mais le lieu mystique d’où nous provenons et
vers lequel nous allons, non sans déjà en vivre les saveurs au gré des heurs,
bonheurs ou malheurs de notre bref passage sur cette terre.
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