Et après ?
Et voilà ! C’est déjà fini. Pâque est
passée. On a profité des vacances, malgré le temps maussade. Certains sont
venus à l’église. Il y avait foule en quelques endroits privilégiés. C’était en
« petit comité liturgique » dans la plupart des sanctuaires plus
modestes. Ainsi va la vie !
Et après ? Et
maintenant, après Pâques ?
« Fils de Dieu, vous êtes fils de la
résurrection », dit Jésus (Cf. Luc 20,36). Surtout après avoir fêté
Pâques. Et comment donc ?
J’entrevois trois
terrains d’exercice prioritaires.
* Ne serait-ce pas le plus beau service que les
chrétiens puissent rendre à toute l’humanité, y compris à celles et ceux qui se
définissent incroyants ? A savoir continuer de croire et d’affirmer que le
destin de toute personne humaine dépasse les étroites limites de sa naissance
et de sa mort.
Nous sommes les veilleurs de l’éternité, les
gardiens de la transcendance humaine. Nous estimons tellement la valeur de la
personne, quelle qu’elle soit, que nous persistons, fût-ce contre vents et
marées, d’annoncer sa mystérieuse dignité par sa vocation à la vie éternelle
au-delà de la mort. Plus que jamais, quand semblent s’éteindre les lumières de
la foi, il nous faut entretenir ardemment la petite bougie allumée à la flamme du
cierge pascal. Elle nous rappelle cette merveille : l’être humain –tout
humain- est à ce point accroché à Dieu qu’il n’échappera jamais au rayonnement
de son amour puisque la vie a été plus forte que la mort dans l’évènement de la
résurrection de Jésus de Nazareth. Dont acte.
* Tout cela peut
paraître bien spirituel, et même surnaturel. Alors soignons aussi notre
deuxième terrain d’exercice pascal. Je pense à l’Eglise. Des chrétiens, errants
dans les tempêtes de l’individualisme religieux ou irréligieux, ne tiennent pas
le coup très longtemps. Notre foi –pur don de Dieu- nous est aussi offerte par
une communauté. C’est en communauté que nous pouvons continuer de croire au
Dieu de Jésus Christ, et même de donner envie d’y croire. La vague pascale doit
irriguer nos communautés chrétiennes comme une rivière peut féconder même les
rivages les plus asséchés. Chrétiens re-nés à Pâques, nous ne pouvons que
soutenir plus ardemment les projets de renouveaux de l’Eglise tels que le pape
François et tant d’autres leaders religieux nous les proposent, en particulier
du côté des périphéries humaines et par des réconciliations œcuméniques. Il
serait étonnant, et même navrant, que l’Eglise ne soit pas davantage
« réformée », autrement dit « fille de la résurrection ».
* Mais nous ne sommes
pas chrétiens –par grâce - seulement pour nous.
Le dessein de Dieu en Jésus vise toute l’humanité. Rien ne nous empêche
–bien au contraire- de semer dès ici-bas des graines pascales dans les strates complexes
de notre humanité. Dans nos relations quotidiennes, chacun avec les charismes
dont il dispose, nous pouvons transformer, voire transfigurer l’ambiance de
notre société. Sans l’illusion de construire un impossible paradis sur la
terre, il est important que les chrétiens, unis à tous leurs frères de bonne
volonté, créent des ilots de justice, de paix et de fraternité partout où ils
vivent et agissent. Que voilà de belles pâques anonymes, mais réelles, qui
peuvent peut-être augmenter dans le cœur des personnes le bienheureux désir du
royaume de Dieu promis.
Tout a été accompli sur la croix et dans la Pâque de Jésus.
Mais avec lui, d’une certaine manière, tout reste à faire.
Le Ressuscité embauche toujours. Allons-y !
Claude Ducarroz 3487
signes
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