jeudi 1 novembre 2018

Toussaint 2018

Toussaint 2018 Le trans-humanisme. Peut-être avez-vous déjà entendu parler de cela puisque les médias s’y intéressent de plus en plus. C’est l’idée –car pour le moment c’est surtout une imagination- que l’homme peut être augmenté, en plusieurs de ses dimensions, par les progrès de la science et des techniques, et notamment grâce aux extraordinaires performances de l’électronique. Si l’on peut dessiner en trois D nos rêves les plus fous, pourquoi ne pourrait-on pas un jour les traduire dans la réalité ? N’a-t-on pas déjà la possibilité de remplacer plusieurs pièces usagées de notre corps par des membres artificiels ? Pourquoi ne ferions-nous pas de même dans notre cerveau ? Certains, peut-être pas si utopiques que cela, rêvent d’allonger notablement notre vie sur terre, et pourquoi ne deviendrions-nous pas immortels ? Ces fantasmes –qu’il ne faut pas trop tôt taxer de folles élucubrations- prouvent au moins une chose : même quand l’homme a éliminé Dieu, même quand il l’a remisé dans les oubliettes de l’histoire, il ne cesse de se comprendre ou de se désirer comme programmé pour une vie éternelle. Et comme, selon lui, il ne faut plus compter sur Dieu pour y arriver, il estime qu’il pourra y parvenir lui-même, tôt ou tard, par ses propres moyens. Dans ce contexte, nous voilà réunis pour la messe de la Toussaint, avec, concernant nos chers défunts, nos seuls souvenirs pour certains, le sentiment d’une certaine communion pour d’autres, et l’espoir d’un possible revoir pour les plus religieux d’entre nous, parce que, nous aussi, nous croyons à l’immortalité des personnes, même décédées. Pas au terme de nos efforts sur-humains, mais par l’accueil reconnaissant d’une grâce offerte par un certain Jésus de Nazareth qui nous a dit : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra éternellement. » Le trans-humanisme ou le sur-humanisme, nous ne le cherchons pas dans une performance humaine. Nous le recevons comme un cadeau de la performance divine en Jésus que Dieu a ressuscité d’entre les morts comme premier né d’une multitude de frères et sœurs…que nous sommes. Dans la résurrection de Jésus, constaté par des témoins sidérés mais fiables, Dieu a mis en route la transformation, et même la transfiguration, de notre humanité mortelle en promesse garantie de vie éternelle. Pas besoin de l’inventer nous-mêmes, il suffit de l’accueillir comme un don, certes qui nous dépasse infiniment, mais surtout qui nous comblera parfaitement, au-delà de toutes nos imaginations et de tous nos désirs. Face à l’utopie de la trans-humanité, nous pouvons choisir : ou essayer de conquérir l’éternité par nous-mêmes, ou la recevoir comme une grâce, de celui qui, ayant passé par la mort comme nous, est revenu nous confirmer cette promesse avec des arguments solides: « Là où je suis, vous serez aussi avec moi pour toujours. » Est-ce à dire que nous n’ayons plus rien à faire, sinon à nous laisser aller dans le n’importe quoi ici-bas, en attendant la suite dans l’au-delà ? D’abord il n’est pas indifférent que, par la foi, nous prenions ce chemin-là pour avancer humainement dans l’existence, de sorte que nous arrivions dans la cible au moment de quitter notre vie en ce monde. Croyons-nous à notre vocation éternelle ? Et puis, justement dans l’évangile de cette fête, Jésus, qui nous promet une fois de plus ce qu’il appelle « le royaume des cieux », nous indique une feuille de route pour la sécurité de notre pèlerinage en cette vie, en espoir de l’autre. Les promis à la résurrection ne peuvent pas vivre n’importe comment. S’ils veulent être au rendez-vous du bonheur éternel, il leur est proposé cet itinéraire qu’on nomme justement « les béatitudes », à savoir des déclarations ou des promesses de bonheur. Etre assez pauvre pour tendre la main vers Dieu et recevoir sa parole et sa présence avec reconnaissance. Etre assez juste, pur, miséricordieux, pacifique avec nos frères et sœurs humains pour leur indiquer ainsi le chemin qui mène au Dieu de l’amour et de la vie éternels. Porter et supporter nos épreuves, y compris celle de la mort –la nôtre et celle de ceux que nous aimons- avec les larmes de l’espérance et non pas celles du désespoir. Traverser cette vie en misant sur l’amour pour nous retrouver, à l’autre bout, prêts à nous fondre dans l’Amour majuscule qu’est Dieu, en qui nous retrouverons tous ceux et toutes celles que nous avons aimés et qui nous ont aimés. Et même quelques autres. Finalement, ne jamais oublier cette petite phrase qui change tout dans la vie et à l’heure de la mort : « Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ». Claude Ducarroz

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire