samedi 8 décembre 2012

Deuxième dimanche de l'Avent

Homélie du deuxième dimanche de l’Avent




Alors, qu’est-ce que vous préférez ? Le 21 ou le 25 ? Non, ce n’est pas le numéro gagnant au loto. Comme vous le savez tous : le 21 décembre, c’est la fin du monde. Et le 25, c’est Noël.

Vous avez donc le choix. Mais je vous préviens : si c’est la fin du monde le 21, vous ne pourrez pas fêter Noël cette année.



Dans l’évangile de ce dimanche, Jean-Baptiste a fait son choix, vous l’avez entendu : « Tout homme verra le salut de Dieu ». Et ça, c’est plutôt Noël ! Je pars donc du principe que, vous aussi, avec toute l’Eglise, vous avez opéré le bon choix. C’est le temps de l’Avent, nous allons vers Noël. N’allez pas vous précipiter chez un notaire pour peaufiner votre testament. Il y a mieux à faire : recevoir un baptême de conversion au bord du Jourdain pour le pardon de nos péchés.



Il reste que cette fête de Noël demeure un peu bizarre. Il y a plusieurs façons de la célébrer et donc de la préparer.

Noël est une fête de mémoire qui nous rappelle un évènement passé et d’une certaine manière dépassé. Car Jésus a bien grandi depuis lors. Le petit Jésus dans sa crèche, avec les bergers dans les champs et les anges dans nos campagnes, c’est fini. Ce fut une fois.

Aujourd’hui le Messie est ailleurs ou plutôt autrement.



L’Avent peut être une période de douce nostalgie qui ranime surtout les souvenirs romantiques de l’enfance perdue. Ce n’est pas mauvais, ça fait chaud au cœur, surtout si on peut le vivre dans un esprit de partage et d’amour.



D’ailleurs la société des commerces s’y entend pour nous scotcher à cette image d’un évènement savoureux et même un peu sirupeux, avec de moins en moins d’eau bénite sur les réveillons et de plus en plus de consommation païenne.



Or l’Avent du vrai Noël, c’est autre chose. Car Noël, pour les chrétiens, si c’est une pieuse mémoire, c’est surtout la communion actuelle avec un Vivant et une immense espérance source de joie, et non pas de peur.



L’Avent, c’est s’habiller le cœur des espérances d’Israël, refaire avec le peuple de Dieu le difficile parcours vers le Messie à venir ; c’est entrer dans le pèlerinage d’une Eglise toujours en marche, c’est devenir des nomades de l’Evangile. Et réentendre le cri du prophète : « Debout, Jérusalem, et tiens-toi sur la hauteur ! Vois tes enfants rassemblés du levant au couchant par la parole du Dieu saint. » Et notre prière se fait désir, attente, veille. La spiritualité des marcheurs du salut.



L’Avent, c’est savoir que ce salut est venu jusqu’à nous dans la personne de Jésus de Nazareth, le fils de Dieu né d’une femme, le verbe fait chair. C’est tellement autre chose que des souvenirs, fussent-ils religieux. C’est la certitude que ce monde, tel qu’il est, est aimé par Dieu, qu’à toute l’humanité est offert le salut.



Parce que l’enfant de Noël est monté sur la croix par amour, parce que le crucifié est ressuscité le matin de Pâques, parce notre frère aîné Jésus prie pour nous en nous attendant dans la maison de son Père et notre Père, parce que son Esprit nous accompagne sur les routes tortueuses, et parfois vertigineuses, de notre histoire et de nos histoires.



Pour une part, c’est vrai, ce qui a commencé à Noël, est encore devant nous. Il y a une mémoire, il y a surtout une espérance. Notre humanité est enceinte de Dieu, car la révélation plénière est encore à venir. Nous attendons le Royaume de Dieu, le retour du Christ glorieux, la pleine rédemption de nos personnes, y compris avec notre dimension corporelle. Pas une fin, mais une éclosion, un accomplissement, une moisson.



L’Avent nous donne à la fois la certitude que tout est désormais accompli par le Christ et en lui. Il nous invite en même temps à nous tourner résolument vers l’avenir de Dieu en nous et dans le monde, sur les ailes de la promesse de salut inauguré à Noël, démontré sur la croix et scellé au matin de Pâques.



Vous avez entendu : « Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours, et enveloppe-toi dans le manteau de sa justice. Mets sur ta tête le diadème de la gloire de l’éternel. » Car, nous dit l’apôtre Paul, « Dieu qui a si bien commencé chez vous son travail le continuera jusqu’à son achèvement au jour où reviendra le Christ Jésus ».



Alors, vous hésitez encore ? Choisissez le 25 et non pas le 21. Et dans quelques instants, regardez sur l’autel et bientôt dans votre main : notre passé, notre présent et notre avenir seront là, dans l’humble crèche de votre main, dans le berceau de votre cœur : le Christ du pain de vie qui promet la vie éternelle. Pour la gloire de Dieu et le salut du monde.



What else ?

Claude Ducarroz





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