dimanche 16 décembre 2012

Homélie 3ème dimanche de l'Avent

Homélie du 3ème dimanche de l’Avent




Alors, qu’est-ce que vous préférez ? Le 21 ou le 25 ? Non, ce n’est pas le numéro gagnant du loto. Comme vous le savez tous : le 21 décembre, c’est la fin du monde. Et le 25, c’est Noël. Donc plus que 5 jours, et vous saurez tout. Mais je vous préviens : si c’est la fin du monde le 21, vous ne pourrez pas fêter Noël cette année.

Pour sa part, la liturgie de dimanche a choisi : c’est le numéro 25, c’est la joie et non pas l’angoisse, c’est la fête et non pas la ruine. C’est Noël !



Le ton est déjà donné par la première lecture tirée du prophète Sophonie : « Pousse des cris de joie, fille de Sion… Tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem ! » L’apôtre Paul lui répond en écho : « Frères, laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie ! » Même l’austère Jean Baptiste en rajoute dans l’évangile puisqu’il est dit « qu’il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle. »



De la joie qui dégouline de partout, des ovations et de la danse, la fête sur tous les tons : on se dirait à Genève pour l’escalade, ou dans nos rues commerçantes durant le mois de décembre.



Mais est-ce bien de cela qu’il s’agit ? Rassurez-vous ! je ne veux pas jouer au rabat-joie. Nos cités sont pleines de lumière et de poésie à l’occasion de ce qu’on appelle pudiquement « les fêtes ». Je me réjouis que des lumières scintillantes habillent nos rues enneigées. Je sais aussi que les cœurs s’attendrissent à la faveur de l’actuelle saison. Pour un temps du moins, nous devenons meilleurs, et c’est tant mieux.



Et pourtant ce qu’évoque la liturgie de ce dimanche, c’est encore autre chose, tellement plus profond, plus durable, plus essentiel. Quelle est la bonne adresse de cette joie ? « Le Seigneur est en toi. Tu n’as plus à craindre le malheur. Car il te renouvelle par son amour », avertit Sophonie. Et saint Paul ajoute une précision : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur… Car le Seigneur est proche. »

Sans être ennemi des plaisirs qui nous font du bien, sans cracher sur nos joies humaines -grandes ou petites-, l’évangile nous promet encore une autre joie, celle qui a éclaté justement à Noël, pour les anges et les hommes, pour les bergers et les mages : la joie dont Jésus nous dira que rien ni personne ne peut nous l’enlever.



Dieu est joie, justement parce qu’il est Amour majuscule dans la fête éternelle de la Trinité. Quand on n’est qu’amour, on est forcément allégresse infinie, bonheur parfait.

Mais ce sublime trésor intérieur, Dieu ne saurait le garder pour lui seul. Sinon, il serait un divin égoïste, le contraire de Dieu-Amour. Noël, c’est la révélation suprême du vrai visage du vrai Dieu : il est don, générosité, partage, cadeau universel. Tellement tout cela qu’il devient l’un de nous pour nous le montrer et le démontrer. « Dieu a tellement aimé le monde –autrement dit nous, chacun de nous et tous- qu’il a envoyé son fils unique ». Alors se réalise vraiment la promesse du prophète : « Ne crains pas, Sion ! Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui le héros qui apporte le salut. »



Nous expérimentons cela quand nous retrouvons en nous cette source de divine joie, la fontaine de la fête intérieure. Cette allégresse est là, comme un présent sans cesse offert, quand nous écoutons en nous le murmure de la parole de Dieu, quand nous descendons en nous par la prière, quand nous ouvrons en nous un peu d’espace au silence, quand nous communions savoureusement au corps du Seigneur dans l’eucharistie.

Il y a en chacun de nous un puits de vie et de joie inaltérables, et si souvent nous l’oublions par superficialité. Assoiffés, nous passons à côté de l’eau vive sans nous arrêter. Affamés, nous cherchons le pain loin du vrai boulanger.



Mais heureusement, rien n’est perdu. Nous sommes un peu comme ces foules qui venaient auprès de Jean-Baptiste en lui demandant : « Que devons-nous faire ? » Ne sommes –nous pas, nous aussi, ce peuple en attente, dans un désert spirituel, même si nous sommes submergés par les fastes de la société de consommation et drogués par les frasques des minables plaisirs tristes.

Jean-Baptiste nous ramène au centre, à l’essentiel, là où la joie des uns fait le bonheur des autres, là où les signes de la présence de Dieu ne trompent pas.



Tout commence par l’accueil de celui qui vient nous « baptiser dans l’Esprit Saint et dans le feu », celui qui non seulement apporte avec lui une Bonne Nouvelle, mais celui qui est cette Bonne Nouvelle en personne : Jésus de Nazareth, le fils de Dieu et le fils de Marie.

Et puis une telle fréquentation du Christ change la vie, la nôtre et celle de toute l’humanité. C’est du gagné pour tous. Encore faut-il aller jusque là dans le témoignage pour et avec Jésus, quitte à remettre en question beaucoup de choses en nous et dans le monde.

Vous l’avez entendu : partager ses vêtements avec ceux qui n’en ont pas, donner à manger à ceux qui ont faim. Oui, pratiquer la justice économique et financière, refuser la violence -militaire ou autre- pour préférer la douceur de la paix. Et finalement mener une vie saine et sobre au lieu de nous laisser aller à tous les excès que nous proposent et parfois nous imposent les publicités de pacotille.



Alors, oui, nous serons, non seulement des bénéficiaires heureux, mais aussi des témoins joyeux de la Bonne Nouvelle, celle de Jésus, le Jésus de Noël et de Pâques.

Amen.



Claude Ducarroz

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