dimanche 13 janvier 2013

Homélie pour le baptême du Seigneur

Baptême du Christ 2013




« Le concile Vatican II a ouvert les portes de l’Eglise pour inviter à y entrer. Mais beaucoup ont profité pour en sortir. »



Cette constatation lue quelque part trouve quelque justification dans les statistiques, du moins chez nous. Peu de baptêmes, et par conséquent de moins en moins d’autres sacrements, comme la confirmation ou le mariage. Et puis il suffit de fréquenter la messe, comme vous ce matin -merci d’être là !- pour vérifier que le nombre des chrétiens dits « pratiquants » a beaucoup diminué ces dernières années. Il faut vraiment de grandes circonstances –et encore- pour que nos églises soient bien garnies et parfois remplies.



C’est que la foi et son corollaire le baptême ne sont plus des héritages que l’on se transmet, presque automatiquement, de génération en génération, à la manière d’un trésor imposé, plus ou moins bien reçu. Bien sûr, les parents et le milieu peuvent encore influencer positivement dans le sens du christianisme. Heureusement ! On peut donner envie d’être chrétien par la parole et surtout par l’exemple de sa vie. Mais on ne peut pas croire à la place d’un autre.



La grâce de la foi est toujours offerte, proposée, mais ce sera de plus en plus à des libertés qui exigent d’être respectées avant de passer à la réponse de conviction et d’engagement On ne naît pas chrétien, on le devient, dans un acte personnel qui implique une adhésion consciente à l’évangile et la pratique d’une existence à la fois magnifique, certes, mais aussi très exigeante.



Car le chrétien, dans notre société, ne peut pas simplement se laisse porter par le flux des habitudes dominantes ou bercer sur les flots des modes courantes. Il doit choisir, décider pour le Christ. En un mot, même si ce sera toujours imparfaitement : devenir un disciple, c’est-à-dire suivre le Christ. Et pas d’autres dieux évidemment. Des dieux qui ne manquent pas, de nos jours aussi.



Est-ce à dire qu’il faut renoncer au baptême des bébés et des petits enfants, sous prétexte que, de toute évidence, ils n’ont rien demandé et ne peuvent encore donner aucune adhésion de foi personnelle à quiconque ?

Non, mais à condition que celles et ceux qui demandent le baptême pour eux s’engagent à les accompagner sur la route de la découverte de la foi chrétienne, dans le respect de leur conscience au fur et à mesure qu’elle s’éveillera certes, et surtout en les entourant de prière, de bons exemples et d’encouragements paternels ou fraternels.



Saint Paul le répétait : il est encore plus urgent et plus important d’évangéliser que de baptiser. Et surtout il serait illogique et même dramatique que des baptisés finalement ne soient jamais évangélisés, alors qu’ils ont reçu les germes de la foi dans le sacrement de leur première consécration à Dieu.



On peut dire du baptême ce qu’on proclame de chaque eucharistie à la messe : il est grand, le mystère de la foi. La liturgie de cette fête nous le rappelle abondamment, mais il faut savoir que l’on parle, dans ces textes, du baptême des adultes.









A ces hommes et ces femmes qui avaient embrassé la foi

chrétienne au milieu d’un monde aussi païen que le nôtre, l’apôtre Paul prend soin de leur redire régulièrement ce que l’initiation au baptême leur avait révélé. Il s’agit, en quelque sorte, de piqûres de rappel.



Vous devez votre baptême à celui qui est mort et ressuscité pour le salut de tous les hommes, et non pas à vos mérites. C’est une pure grâce.

Dans ce bain, vous êtes re-nés, autrement dit, symboliquement, passés de la mort à la vie, ce qui change votre existence, car vous avez été renouvelés par l’Esprit Saint qui a été répandu sur vous en abondance, en vous promettant d’hériter un jour de la vie éternelle.

Ce jour-là, selon l’évangile du baptême de Jésus lui-même, s’est réalisé pour vous la prophétie tombée du ciel sur Jésus : « Toi, tu es mon fils -ma fille- bien-aimé/e, en toi j’ai mis tout mon amour. »



C’est tout cela qu’il faut annoncer, avant leur baptême, à ceux qui ont découvert dans l’évangile le trésor de la vie avec le Christ et l’immense espérance qu’elle ouvre devant eux.

C’est aussi cela que les parents, les parrains et marraines s’engagent à faire connaître aux enfants qu’ils conduisent au baptême sans leur permission, en prenant ainsi pour eux -et un jour avec eux- le beau risque de la foi.



Le baptême, sacrement de la foi ! C’est beaucoup plus qu’une tradition religieuse. C’est beaucoup mieux qu’un rite de passage plus ou moins conventionnel.

C’est commencer l’aventure d’une communion avec Jésus le Seigneur, dans la solidarité avec ces autres chrétiens qui forment l’Eglise, avec la perspective d’une destinée qui conduit au-delà de la mort, jusque dans le Royaume de Dieu.



Comme le disait Jean-Baptiste, on est toujours baptisé « dans l’Esprit-Saint et dans le feu. »



A nous de ne pas éteindre ce qui a été allumé par l’amour du Père.

A nous de collaborer dans la foi pour que les baptisés, enfants ou adultes, découvrent toujours davantage la beauté de leur dignité, la grandeur du mystère trinitaire dont ils sont porteurs et les dimensions extraordinaires de la vie nouvelle qui a commencé en eux ce jour-là.



Claude Ducarroz



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