lundi 7 avril 2014

Homélie du 4ème dimanche de Carême

Homélie du 4ème dimanche de Carême 2014

Ténèbres... lumière... ténèbres.
Et après, quoi ?
Notre vie est rythmée par ces expériences de base. Et ça nous mène où ?
Telle est la question, finalement.

Nous commençons dans les ténèbres, au creux de notre maman, dans le secret
bien gardé de son amour, près de son coeur silencieux.
Et, un jour -c'est le cas de le dire-, nous venons au jour, nous entrons
dans la lumière: notre naissance, suivie de peu par nos yeux qui s'ouvrent
sur le monde, émerveillés, à la découverte.

Durant toute notre vie, c'est ensuite une alternance, et, parfois un
combat, entre la lumière et les ténèbres.
Physiquement : l'obscurité , la nuit, le sommeil ;
                          puis l'éveil , le jour, la lumière.
Mais il y a  aussi en nous- et même au fond de chacun de nous- cette lutte
secrète- morale, affective, spirituelle-, entre les joies des heures
lumineuses et les larmes des temps nocturnes. Qui n'a pas passé, suivant
les événements, des ténèbres à la lumière et, parfois aussi de la lumière
aux ténèbres... au dedans, à l'intérieur ?

Avec l'âge- j'en fais moi-même l'expérience-, on a l'impression que les
ténèbres gagnent peu à peu sur la lumière.
Il faut des lunettes, on voit moins bien, et de moins en moins bien,
parfois jusqu'à la cécité, la solitude. Sans compter, évidemment, ce qu'on
appelle pudiquement, le sommeil de la mort, quand tout semble éteint, de
ce qui restait de vie. On nous ferme les yeux.

L’évangile de ce jour s'inscrit dans ce contexte, dans cette bataille en
nous, autour de nous, entre la lumière et les ténèbres.
Jésus guérit un aveugle-né, et tout est bouleversé dans sa perception de la
vie et même dans ses relations humaines. Il y avait d'abord en lui une
double nuit: il était aveugle depuis toujours et on l'estimait coupable.

Jésus lève d'abord la deuxième cécité: il n'est pas coupable. Une liberté
recouvrée, une dignité rendue. Tu es toi !
Et puis ensuite il y a la guérison physique: quand il revient de la
piscine, l'aveugle voyait. Car Dieu qui nous a mis au jour souhaite pour
nous des yeux ouverts sur les beautés de la création, sur les bonheurs des
relations d'amour.

Et là, dans cet évangile, c'est comme un deuxième combat. Tous
concourent à le renvoyer dans sa nuit: les pharisiens lui mettent les
bâtons dans les roues, ses propres parents n'osent pas témoigner pour sa
nouvelle clarté. Il est seul !
Le pauvre ! Il doit insister, convaincre, presque  lutter pour accréditer
le miracle lumineux dont il fut l'objet, le retour à la vue.

Et puis, peu à peu, il sent monter en lui comme une autre guérison, plus
intérieure, plus profonde encore. Plus spirituelle !
Il ne le sait pas encore: celui qui lui a ouvert les yeux, c'est celui qui
peut dire en toute vérité:
                                   " Je suis la lumière du monde."
Encore faut-il parcourir ce chemin d'illumination face à lui, ce qu'on appelle la foi.
Il franchit des étapes, il voit de plus en plus clair:
un prophète d'abord,  puis le Messie d'Israël, enfin le Fils de l'homme.
Et surtout ce beau geste, au plein midi de sa nouvelle foi:
                       " Je crois, Seigneur et il se prosterne devant lui"  L'adoration !

La foi, c'est ce qui fait de la Parole de Dieu une lampe pour nos pas, une
lumière sur notre route.
" Crois-tu au Fils de l'homme?
-  Et qui est-il, Seigneur ?
-  Tu le vois, c'est lui qui te parle."

Mais, me direz-vous, la foi ne résout pas tout. Croire, c'est encore
marcher dans une certaine obscurité! Ce n'est pas  évident. La lampe de la
foi peut aussi vaciller,  surtout dans les épreuves qui nous touchent et,
parfois nous laissent dans la nuit...une longue nuit. On ne sait plus où on en est.

C'est là qu'il nous faut accueillir une dernière promesse, cette fois pour
une illumination éternelle, au delà de la mort: la lumière de Pâques. Nous
le chanterons dans la nuit pascale pour la vivre vraiment après notre mort,
quand nous aurons fermé les yeux sur ce monde qui passe :
             " Réveille-toi, ô toi qui dors! Relève-toi d'entre les morts. Et le Christ t'illuminera » !

Dans la gloire de Dieu, à la suite de Jésus ressuscité, nous serons pour toujours debout dans la lumière de la vie et de l'amour.   Amen.


                                   Claude Ducarroz

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